Les réserves de changes étaient à 105,8 milliards de dollars à fin juillet 2017 La fabuleuse manne pétrolière qui avait atteint 193,269 milliards de dollars fin juin 2014 pourrait tomber à 97 milliards de dollars d'ici le début de l'année 2018. L'Algérie grille ses cartouches certes. L' «arsenal financier» qu'elle s'est constituée grâce à des niveaux record des prix du pétrole s'amenuise, mais le pays ne demeure pas sans munitions. Les réserves de changes pourraient tomber à moins de 100 milliards de dollars à la fin 2017. La fabuleuse manne pétrolière qui avait atteint 193,269 milliards de dollars fin juin 2014 pourrait se situer autour des 97 milliards de dollars d'ici le début de l'année 2018. «Les réserves de changes de l'Algérie pourraient reculer à 97 milliards de dollars à fin décembre 2017, a indiqué hier à Alger le ministre des Finances, Abderrahmane Raouia qui présentait devant la Commission des finances et du budget de l'Assemblée populaire nationale (APN) le projet de loi portant amendement de l'ordonnance relative à la monnaie et au crédit. «Les réserves de changes étaient à 105,8 milliards de dollars à fin juillet 2017», a précisé le grand argentier du pays. Les réserves de changes du pays qui s'étaient établies à 103 milliards de dollars à fin août 2017 devraient reculer à 102 milliards de dollars à fin septembre 2017 avait indiqué jeudi dernier le Premier ministre, Ahmed Ouyahia devant les élus du palais Zighoud-Youcef. Le matelas de devises de l'Algérie était à 114,1 milliards de dollars à fin décembre 2016 contre 144,1 milliards de dollars à fin 2015. Le bas de laine constitué grâce à la manne pétrolière fond comme neige au soleil. La Trésorerie du pays s'érode à un rythme qui n'est pas annonciateur de lendemains qui chantent. Cela constituera davantage de grain à moudre pour les fossoyeurs de la République. Mais l'Algérie a peut-être plus d'un tour dans son sac. Elle survivra très certainement à cette mauvaise passe qui lui a fait prendre conscience que l'addiction à l'or noir peut lui être fatale. Les chiffres sont certes noirs. Nul ne peut le contredire. Résilience Incontestablement, l'Algérie va perdre plus de 15 milliards de dollars entre 2016 et 2017. C'est cependant largement moins qu'entre 2015 et 2016 où elles avaient baissé de plus de 30 milliards de dollars. Comment interpréter ces chiffres? Tout dépend de ce que l'on veut leur faire dire ou de ce que l'on veut entendre. Si l'on émet la volonté d'être pointilleux, ne pas dramatiser et faire preuve d'objectivité l'on s'apercevra que l'économie nationale oppose une résistance jusque-là ignorée à la dégringolade des prix du pétrole. Personne ne donnait en effet cher du bas de laine de près de 200 milliards de dollars que l'on annonçait épuisé, après une dégringolade des prix du pétrole d'une férocité exceptionnelle qui dure depuis la mi-juin 2014. L'Algérie contre vents et marées a réussi à le sauvegarder. Quand bien même a-t-elle eu raison de son Fonds de régulation des recettes. Elle résiste finalement plutôt bien même si elle a laissé des plumes. En termes plus simples et plus clairs, cela signifie qu'elle est en train de limiter les dégâts. Mieux que prévu, dans une conjoncture qui ne lui fait pas de cadeaux. Des contrariétés qui l'ont conduite à prendre des décisions qui ont soulevé un tollé. Le recours à la planche à billets pour renflouer ses caisses n'a pas fait l'unanimité tout en en mettant en exergue un débat de théoriciens que le Premier ministre a battu en brèche. «N'était l'adoption de ce moyen, qui n'est qu'un pis -aller, l'Etat n'aurait pas de quoi verser les salaires des fonctionnaires», a affirmé Ahmed Ouyahia qui a ajouté que la machine économique se serait retrouvée aussi brutalement bloquée tout en promettant «un retour à la normale, dans une année, voire une année et demie...» Une commission de contrôle Le recours au financement non conventionnel ne se fera pas à la légère. Le gouvernement, par la voix de son chef qui n'a pas manqué d'arguments pour justifier cette option pour remettre à flot les caisses de l'Etat, ne compte pas en faire qu'à sa tête. La démarche semble réglée comme du papier à musique. Elle sera rigoureuse. «Le contrôle et le suivi de mise en oeuvre du financement non conventionnel seront assurés par une commission qui sera placée auprès du ministère des Finances», a indiqué hier à Alger le ministre des Finances, Abderrahmane Raouia. «L'utilisation du financement non conventionnel devrait être rigoureusement encadrée et soumise à un suivi continu», a-t-il soutenu devant les membres de la Commission des finances et du budget de l'APN auxquels il a soumis le projet de loi qui doit amender l'ordonnance relative à la monnaie et au crédit. Pour rappel, le projet de loi portant amendement de l'ordonnance relative à la monnaie et au crédit modifie et complète l'ordonnance de 2003 en introduisant un article 45 bis qui stipule que «la Banque Algérie procède, dès l'entrée en vigueur de la présente disposition, à titre exceptionnel et durant une période de cinq années, à l'achat directement auprès du Trésor, de titres émis par celui-ci, à l'effet de participer, notamment à la couverture des besoins de financement du Trésor, au financement de la dette publique interne et au financement du Fonds national d'investissement (FNI).». L'article 45 bis note que «ce dispositif est mis en oeuvre pour accompagner la réalisation d'un programme de réformes structurelles économiques et budgétaires devant aboutir, au plus tard, à l'issue de la période susvisée, notamment, au rétablissement des équilibres de la trésorerie de l'Etat et de l'équilibre de la balance des paiements. Un mécanisme de suivi de la mise en oeuvre de cette disposition, par le Trésor et la Banque Algérie, est défini par voie réglementaire». L'objectif est d'autoriser la Banque d'Algérie, à titre exceptionnel et durant une période de cinq années, à procéder à l'achat direct de titres émis par le Trésor nous fait-on savoir. Il s'agira de couvrir les besoins de financement du Trésor, de financer le remboursement de la dette publique interne, et ce, en particulier, les titres de l'Emprunt national pour la croissance levé en 2016, les titres du Trésor émis en contrepartie du rachat de la dette bancaire de Sonelgaz et les titres du Trésor émis au profit de la Sonatrach en compensation du différentiel sur les prix des carburants importés et de l'eau dessalée. Il s'agit aussi, dans le cas échéant, de permettre au Trésor de doter en ressources le Fonds national d'investissement (FNI), au titre des prises de participation de l'Etat dans des investissements ou de financements à long terme de programmes publics d'investissements. Le recours au financement conventionnel a pour objet de permettre la mobilisation par le Trésor de financements exceptionnels à caractère transitoire. Cinq années au plus. Celà sera probablement moins long. Le pétrole rapportera 31 milliards de dollars en 2017 Le ministre des Finances, Abderrahmane Raouia, a annoncé hier que les exportations des hydrocarbures atteindront 31 milliards de dollars à la fin 2017, ce qui représente près de la moitié des exportations des hydrocarbures du pays enregistrées en 2014 et plus de trois milliards de dollars par rapport aux exportations de 2016. Raouia a indiqué, lors de la présentation du projet de loi complétant et modifiant lordonnance relative à la monnaie et au crédit et devant la commission des finances et du budget à lAssemblée populaire nationale (APN), que les ressources en devises, dépendant fortement des recettes des exportations des hydrocarbures, régressent progressivement depuis le deuxième semestre 2014 en raison du recul constant des cours du pétrole, qui ont chuté de 58 dollars le baril entre la fin mai 2014 et fin juillet 2017.