Les réserves de change de l'Algérie passeront en deçà de la barre des 100 milliards de dollars d'ici la fin de 2017. Elles reculeront à 97 milliards USD fin décembre, selon les prévisions du ministre des Finances, Abderrahmane Raouya. En trois mois seulement, les réserves de changes risquent de perdre 6 milliards de dollars, soit 2 milliards de dollars par mois qui seront dépensés pour combler le déficit de la balance des paiements. Le ministre des Finances qui intervenait hier devant la Commission des finances et du budget de l'Assemblée populaire nationale pour présenter le projet de loi portant amendement de l'ordonnance relative à la monnaie et au crédit a précisé que les réserves de change étaient à 105,8 milliards de dollars à fin juillet 2017. Le premier ministre Ahmed Ouyahia avait souligné jeudi dernier, devant les députés de l'APN, que le matelas de réserves de change étaient établies à 103 milliards de dollars à fin août 2017 et qu'elles devraient reculer à 102 milliards de dollars à fin septembre 2017. Le pays reste très dépendant de sa manne pétrolière, devrait donc, franchir un nouveau palier, d'ici 2018, malgré une récente amélioration du déficit commercial qui a enregistré une baisse de 40% durant les huit premiers mois de l'année en cours. L'Algérie demeure étranglée par l'érosion des prix du baril de pétrole. Le recul du niveau des réserves résulte-t-il uniquement de la chute des prix du baril du pétrole et du volume des importations ? Des experts sont d'accord à dire que le volume des importations a saigné le compte en devises. Les importations restent trop élevées, 30,84 milliards de dollars durant les huit mois de 2017, alors que le volume des exportations ne couvre pas le déficit de la balance commerciale. Le baril de pétrole connaît depuis quelques jours une légère hausse de 58.19 dollars le brent, mais il reste en deçà des espérances. Pour l'équilibre de la balance commerciale, il doit atteindre au minimum 80 dollars le baril. Surfacturation et fluctuation La baisse des prix du pétrole n'est pas l'unique raison de l'effondrement de l'épargne en devises. La surfacturation dans les transactions d'importations et services a fortement fragilisé les réserves. Plusieurs mécanismes ont été prévus par les pouvoirs publics pour permettre de mettre un terme à cette «fraude légalisée». La Banque d'Algérie s'est finalement résignée à ne plus octroyer de devises aux importateurs. «Ils sont tenus d'utiliser leurs trésoreries pour payer leurs achats», nous a confié Abdelaziz M'henni, président de la CIPA. Les spécialistes évoquent également la fluctuation des monnaies internationales sur les cours mondiaux. Le problème du système monétaire algérien est que le dollar est utilisé comme l'unique monnaie pour les exportations pétrolières et l'euro pour les principaux achats. De ce fait, l'instabilité du billet vert vis-à-vis de l'euro influe directement sur les réserves de change et les capacités d'importations. Actuellement, sur les marchés monétaires, l'euro est proposé à 1,19 dollars. Ce flottement fait perdre beaucoup d'argent à l'Algérie, vu que ces importations sont payées en euros et les placements en devises se font en majorité en bons du trésor aux Etats-Unis en dollars. Sur ce point, les autorités de la Banque d'Algérie devraient donner plus de précisions et communiquer les chiffres sur les pertes dues aux fluctuations des monnaies.