L'Opep et ses 11 alliés, dont la Russie, qui ont décidé de réduire leur offre de près de 1,8 million de barils par jour doivent avant tout montrer qu'il n'y a pas de défaillance au sein de cette coalition. Les tensions géopolitiques et les périodes hivernales rigoureuses demeurent certes parmi les soutiens sûrs des cours de l'or noir. En attendant le froid glacial qui en principe ne saurait tarder sauf si l'été décide de jouer les prolongations, l'arme la plus redoutable pour redonner du tonus au marché reste incontestablement la diminution de la production mondiale qui vraisemblablement demeure encore à un niveau qui ne fera pas vibrer le curseur. La dégringolade des prix du pétrole dont le processus s'est enclenché vers la mi-juin 2014 s'est enraciné au point de laminer les économies des pays producteurs (Opep et non-Opep). La réaction a mis plus de deux ans pour voir le jour. Après un sommet de l' Opep qui s'est tenu à Alger le 28 septembre 2016 à Alger en marge du 15ème Forum international de l'Energie qui s'est conclu par un accord historique, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et 11 de ses alliés hors cartel, dont la Russie ont décidé le 10 décembre 2016 de réduire leur production de près de 1,8 million de barils par jour. Une mesure qui est entrée en vigueur le 1er janvier et qui roule jusqu'en mars 2018. Elle a permis aux cours de se redresser même s'ils sont loin d'avoir atteint le niveau espéré pour permettre aux pays dont les économies ont été endommagées par la chute des prix de pouvoir équilibrer leurs budgets. Les prix du pétrole se maintiennent au-dessus des 55 dollars même s'ils demandent à souffler après avoir atteint des sommets la semaine dernière. Hier vers 11h00, heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre s'échangeait à 55,90 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 22 cents par rapport à la clôture de lundi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour le contrat de novembre se négociait à 50,44 dollars pour céder 14 cents. Alors, un baril à 60 dollars d'ici fin 2017? Pourquoi pas? Une projection qui est loin de relever d'une vue de l'esprit, en tout cas, tant les cours de l'or noir ne donnent plus l'impression d'être plombés par une offre qui demeure pourtant surabondante, exception faite du marché new yorkais qui reste encore sous cette influence, mais de façon beaucoup moins marquée qu'il y a quelques mois. Les cours du brut pourraient à court terme continuer à monter, notamment grâce à la baisse des réserves, à l'engagement ferme de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), et de son chef de file l'Arabie saoudite en particulier, de limiter sa production, a estimé Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB Markets. C'est justement sur ce dernier point que cela semble clocher. Pour que la progression des prix soit plus régulière l'Opep et ses 11 alliés, dont la Russie, qui ont décidé de réduire leur offre de près de 1,8 million de barils par jour doivent avant tout montrer qu'il n'y a pas de défaillance. Le Nigeria et la Libye avaient déjà été montrés du doigt. «Si la Libye et le Nigeria ne deviennent pas des participants fiables de l'accord, le pic des prix de lundi dernier ne va pas être atteint dans les mois à venir», ont jugé les analystes de PVM. Ces deux pays avaient déjà été rappelés à l'ordre. Les pays qui ne respectent pas leurs quotas ont été priés de rectifier le tir, lundi (21 août 2017 Ndlr) à Vienne lors d'un point mensuel de suivi de l'accord, avait indiqué le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni. «Les commissions (de l'Opep) ont travaillé, les pays qui ne respectaient pas leurs quotas ont été rappelés à l'ordre, je pense que les choses vont aller beaucoup mieux pour la prochaine réunion de l'Opep à Vienne vers le 21 ou 22 septembre prochain» a-t-il déclaré le 22 août dernier à l'issue d'une réunion d'inspection à la raffinerie d'Alger. Faut -il taper sur les doigts? La prochaine réunion de l'Opep qui doit se tenir en novembre donnera l'occasion de renouveler le rappel à l'ordre de ces «égarés». D'autant plus que la barre des 60 dollars n'est qu'à cinq petites longueurs. Près de trois mois pour la franchir. Ce n'est pas du tout impossible. Il ne reste plus à l'Opep que de faire régner la discipline en son sein.