Les cours du Brent se maintenaient malgré tout, hier en cours d'échanges européens, au-dessus des 55 dollars. Les Américains ont-ils déclaré la «guerre» à l'Opep? Ça en a tout l'air. Ils inondent le marché. Leur production de pétrole de schiste a repris de plus belle depuis que les prix ont repris du poil de la bête. Pas, toutefois, au point de compromettre ce rebond. Le baril résiste. Rassurant pour l'Algérie qui a fait les frais de la dégringolade des prix du pétrole qui ont entamé leur descente en enfer à la mi-juin 2014. En 2016 ses réserves de changes ont baissé de pas moins de 30 milliards de dollars pour se situer désormais à 114 milliards de dollars. La situation financière du pays demeure encore certes confortable même si elle s'est fragilisée. Elle se consoliderait un peu plus cependant, si les cours de l'or noir s'arrimaient au moins à leur niveau actuel. Une fourchette entre 55 et 60 dollars pour 2017. C'est l'objectif de l'Opep et de ses alliés qui ont décidé, le 10 décembre 2016 à Vienne, de réduire leur production de près de 1,8 million de barils par jour après avoir scellé un accord qualifié d' «historique» lors d'un sommet de l'organisation des pays exportateurs de pétrole qui s'est tenu à Alger, le 28 septembre 2016, en marge du 15ème Forum international de l'énergie. Pour le moment ils se situent dans ces eaux-là. Les cours du Brent se maintiennent malgré tout, au-dessus des 55 dollars. Hier vers 11h30 à Alger, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars s'échangeait autour des 55,61 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, enregistrant un gain de 9 cents par rapport à la clôture de vendredi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour la même échéance se négociait à 53,40 dollars pour bondir de 23 cents. Ce n'est certes pas encore le Pérou, mais la situation est loin d'être aussi préoccupante qu'au début de l'année 2016 où les prix s'affichaient autour des 27 dollars. Pas question donc de faire la fine bouche. D'autant plus que les Etats-Unis qui contribuent à inonder le marché n'ont pas réussi à provoquer un effondrement des cours. Ils contrarient cependant leur remontée. «La hausse de la production américaine menace de saper les efforts de l'Opep. Cependant, les échanges mondiaux se font en sourdine cette semaine, car de nombreux pays asiatiques célèbrent le Nouvel An lunaire», a souligné Enrico Chiorando, analyste chez Love Energy. Le rebond remarquable des prix a aiguisé l'appétit des Américains qui se sont remis à pomper de plus belle. «La décision de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de limiter sa production a dopé les prix depuis le 30 novembre, ce qui a ranimé la production de pétrole de schiste», fait remarquer Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB. L'Opep est en tout cas décidée à ne pas se laisser faire et à défendre ses intérêts bec et ongles. L'Algérie, l'Arabie saoudite et le Koweit sont sur le pied de guerre. «Il n'est pas surprenant (à) pour l'Algérie et le Koweït, qui siègent dans le comité de suivi mis en place pour superviser la mise en oeuvre de l'accord, et pour l'Arabie saoudite, plus grand producteur de l'Opep, de «donner l'exemple» aux autres producteurs», avait indiqué, le 16 janvier, Oil Price qui s'est référé à une étude du fonds d'investissement américain JP Morgan Emerging Markets. Le ministre de l'Energie a confirmé lors de la 1ère réunion d'évaluation de la baisse décidée par les pays producteurs (Opep et hors Opep) qui s'est tenue les 21 et 22 janvier à Vienne que l'Algérie a réduit son offre de plus de 50.000 barils par jour, soit plus que son quota. Noureddine Boutarfa a déclaré, dans un entretien accordé à l'agence Bloomberg, que l'Algérie pourrait réduire son offre de 65.000 barils/jour au lieu de 50.000 pour soutenir les prix. Le Koweit qui s'est engagé à réduire la sienne de 133.000 barils par jour a annoncé qu'il pourrait aller jusqu'à 148.000. L'Arabie saoudite, qui a réduit sa production de 486.000 barils/jour pour la porter à moins de 10 millions mbj, envisage de renouveler cet engagement dans les six mois à venir, selon son ministre de l'Energie, Khalid Al Falih. La Russie a de son côté annoncé avoir réduit la sienne d'environ 100.000 barils par jour. Cette contre-offensive a certainement contribué à réduire l'hégémonie des Américains sur le marché de l'or noir.