L a commémoration des événements du 5 octobre 1988 s'est singularisée cette année par une manifestation de rue, marquant la désapprobation de la société civile des restrictions qui frappent le mouvement associatif en particulier et les libertés démocratiques en général. L'interdiction de l'université d'automne, que la Laddh comptait organiser à Souk El Tenine a été le facteur mobilisateur de l'élite locale. Même si la mobilisation n'a pas été à la hauteur des attentes, eu égard à la démobilisation qui n'en finit pas de prendre de l'ampleur, la protestation pacifique a tout de même eu lieu devant le siège de la wilaya pendant près d'une heure. Avant que l'on ne se déplace à quelques encablures de là pour observer la tenue d'une université populaire en plein air qui ne fut en réalité qu'une université d'élite, qui a permis à tout un chacun de s'exprimer sur la situation. Ouverte par Me Zehouane, cette dernière a enregistré des prises de parole des uns et des autres qui se sont globalement articulées sur les restrictions des libertés, notamment la loi qui astreint les associations à une autorisation préalable de l'administration pour toutes les actions. Les représentants de la Ligue pour la défense des droits de l'homme, ceux du Café littéraire de Béjaïa, d'Aokas, du RCD, du RPK, du comité pour la défense des chômeurs, du PT, PST, MDS qui n'est pas intervenu, le collectif des travailleurs et plusieurs signataires de la déclaration du collectif de la société civile se sont succédé pour apporter leurs points de vue et dénoncer les atteintes aux libertés démocratiques. Hocine Zehouane, président de la Laddh, a d'emblée rejeté les motivations de l'administration justifiant son refus d'autoriser l'université d'automne de la Laddh. «Il faut amender la loi de 2012 qui a tué le mouvement associatif. J'ai avec moi tous les documents, les interventions, les articles, les invitations au sommet qui attestent que l'argument du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales est un argument spécieux et ridicule», a-t-il déclaré, soutenant que la décision de refus n'émane pas de l'administration locale. «L'interdiction n'est pas locale, mais c'est une expression nationale», indique en substance Zehouane, tout en saluant la ville de Béjaïa «devenue le phare de la résistance militante et citoyenne». «Quand les droits de l'homme sont nés en Algérie, nous avons été les créateurs et les initiateurs, nous avons rêvé de faire une ligue populaire qui appartient au peuple qui en fera sa propriété, malheureusement nous n'avons pas réussi à cause de la brutalité de la répression, de tous les handicaps et une bureaucratie qui se dresse sur notre chemin, mais nous sommes toujours là debout et nous ne désespérons pas», conclut-il. Suite à l'interdiction de l'université d'automne, nous avons initié cette journée de protestation d'abord pour célébrer la journée du 5 octobre 1988 et puis pour dire toute notre indignation et notre colère contre l'interdiction arbitraire et illégale de notre université. Il faut signaler qu' avant cela, nous avons épuisé toutes les voies légales en introduisant une requête auprès du tribunal administratif contre la wilaya pour l'interdiction illégale, nous avons avisé toutes les autorités y compris le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales pour l'annulation de l'interdiction, mais malheureusement les autorités se sont murées dans leur silence. Aujourd'hui on a maintenu notre université que nous avons transformée en université populaire avec l'adhésion de la société civile et politique Des organisations civiles se sont solidarisées et étaient présentes pour dire aussi leur indignation face aux atteintes aux libertés de réunion et apporter leur soutien à la Laddh. Aujourd'hui, nous organisons symboliquement notre université populaire et nous affirmons notre refus de la remise en cause de la liberté d'organisation et d'association Nous refusons que les acquis démocratiques soient remis en cause. La Laddh est à l'avant-garde de la lutte pour les droits de l'homme, les droits collectifs et démocratiques», soutient pour sa part Saïd Salhi.