n Les services de la daïra de Souk El Tenine (à l'est de Béjaïa) viennent d'interdire à la Ligue algérienne de la défense des droits de l'homme (LADDH) de tenir sa première université d'automne prévue du 5 au 8 octobre prochain dans cette ville. La demande de la LADDH a reçu un «refus sans aucun motif» de la part des pouvoirs publics, rappelant une démarche similaire dont a été l'auteure, en juillet dernier, la daïra d'Aokas, sa voisine, à l'encontre du Café littéraire de la ville. Un refus qui avait aussi été réservé pour le Café littéraire de Béjaïa pour la conférence de Saïd Sadi en août dernier. L'université de la LADDH devrait «réunir ses militants et les membres de la société civile des quatre coins du pays autour des défis des droits humains dans notre pays», une rencontre associée à une date symbolique, puisque devant se tenir à l'occasion du 29e anniversaire d'Octobre 1988. Mais cette fin de non-recevoir «annonce le retour des vieux démons et des nostalgiques de cette triste ère» écrit la LADDH dans un communiqué qui dénonce une «dérive». Elle «s'indigne contre cette mesure arbitraire, en flagrante contradiction avec les garanties contenues dans la Constitution et les instruments internationaux des droits humains ratifiés par l'Algérie». L'absence de motif du refus est pris par d'aucuns comme un signe de mépris de l'administration à l'égard de ses administrés au même temps qu'il est un déni du droit de réunion consacré par la Loi fondamentale du pays. Elle ajoute à l'indignation partagée par plusieurs militants des droits humains dont des représentants de la société civile qui ne perdent pas de vue que les autres autorisations de réunion refusées sur le territoire de la wilaya n'ont pas été officiellement motivées. Aokas, Béjaïa et maintenant Souk El Tenine, Béjaïa concentre les atteintes aux libertés. Un acharnement ? La LADDH le pense et le dit : «Cette interdiction, qui s'ajoute à la liste des atteintes récentes à la liberté d'organisation et de réunion qui ont touché auparavant d'autres organisations de la wilaya de Béjaïa, démontre tout l'acharnement du pouvoir contre cette région, bastion des luttes démocratiques et terreau des synergies des dynamiques sociales nationales et des acteurs de la société civile de toutes les régions du pays». La LADDH estime même être ciblée en tant que «témoin gênant» dont on veut se débarrasser, comme bien d'autres. La Ligue interpelle le gouvernement Ouyahia pour le «respect du droit de réunion» et avertit les pouvoirs publics contre les conséquences de cette «dérive». En attendant ce à quoi aboutira une réunion avec militants, élus, politiques et représentants de la société civile, auxquels elle fait appel, la LADDH affiche son intention de tenir, malgré tout, son université. Le Café littéraire de Béjaïa (CLB) l'exhorte en tout cas à le faire, malgré «son interdiction arbitraire». «Nous ne devons pas abdiquer devant les attaques répétées du pouvoir qui veut confisquer nos libertés, nos droits et notre dignité» écrit, dans une déclaration publique, le CLB qui a fait de même pour la conférence interdite de Sadi. Le Café littéraire d'Aokas a aussi bravé l'interdiction par la force d'une belle mobilisation citoyenne.