Le discours sur l'Iran prononcé vendredi par le président américain Donald Trump viole l'accord sur le nucléaire iranien, a estimé le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, dans un entretien diffusé dans la nuit de samedi à dimanche. «Les propos de Trump sont en contradiction avec les articles 26, 28 et 29 de l'accord sur le nucléaire» iranien de 2015, a déclaré M. Zarif à la télévision publique iranienne. «J'ai déjà écrit neuf lettres à Federica Mogherini (haute-représentante de l'Union européenne pour la politique extérieure, qui coordonne le suivi de l'accord) pour souligner les manquements et les violations (américaines) et je vais écrire une nouvelle lettre à propos des déclarations de Trump», a ajouté le ministre des Affaires étrangères. Les articles cités par M. Zarif insistent sur la «bonne foi» des signataires et sur le fait que le gouvernement et le Congrès des Etats-Unis «s'abstiendront d'imposer de nouvelles sanctions relatives au nucléaire» iranien. «Ce qui est important pour nous, c'est que les Etats-Unis sont tenus de renouveler la suspension des sanctions», sinon «la République islamique prendra des mesures réciproques», a encore prévenu M. Zarif. Dans un virulent réquisitoire contre l'Iran, M. Trump a refusé vendredi de «certifier» que Téhéran respecte ses obligations découlant de l'accord de 2015. Il a menacé d' «annuler» cet accord et a ordonné au Congrès américain de «combler les graves et nombreuses lacunes du texte» négocié sous son prédécesseur, Barack Obama. Dès vendredi, le président iranien Hassan Rohani avait condamné les «insultes» et «accusations sans fondements» proférées selon lui par M. Trump. Répondant aux menaces américaines de nouvelles sanctions contre le programme de missiles iraniens, M. Zarif a redit que l'Iran ne permettrait «à personne» de s'immiscer dans sa politique de défense. «Nos acquis dans le domaine balistique ne sont en aucune manière négociables. Nous vivons dans une région où les Américains ont vendu des milliards de dollars d'armes et qu'ils ont transformée en poudrière (...), par conséquent nous avons le droit d'avoir des moyens défensifs», a-t-il dit. L'accord sur le nucléaire iranien a été signé en juillet 2015 entre l'Iran et le Groupe des Six (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie). Il a permis une suspension des sanctions occidentales et onusiennes relatives au programme nucléaire de Téhéran. En échange, l'Iran a accepté de brider ce programme pour garantir qu'il ne cherche pas à se doter de la bombe atomique. Aux termes de l'accord, l'Iran applique, sans l'avoir encore ratifié, le protocole additionnel du traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP), ce qui engage Téhéran à ouvrir toutes ses installations nucléaires déclarées à des contrôles inopinés de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea). Réagissant aux menaces de M. Trump, le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, Ali Akbar Salehi, également vice-président de la République islamique, a déclaré à la télévision publique: «Si un jour l'accord nucléaire devient caduc, l'application du protocole additionnel cessera car sans l'accord nucléaire son application n'a pas de sens.». Comme il l'avait fait en août après l'adoption d'une loi américaine prévoyant de nouvelles sanctions, M. Salehi a averti que son pays pouvait reprendre très rapidement la production d'uranium hautement enrichi, susceptible de permettre la production d'une bombe atomique. «Si un jour, les responsables du pays estiment que l'accord nucléaire n'apporte pas de profits au pays et décident de reprendre l'enrichissement à 20%», il suffira de «quatre jours» pour relancer ces activités, a-t-il dit.