Hier vers 14h15 à Alger le Brent a atteint les 58,36 dollars à Londres avant qu'il ne fléchisse légèrement. Les tensions géopolitiques interfèrent sur le marché pétrolier. Cela donne de la nitroglycérine. C'est le cas actuellement en Irak qui est en ébullition. Les opérations militaires lancées par le gouvernement irakien dans la province de Kirkouk ont en effet donné un sérieux coup de fouet au cours de l'or noir. Les trois champs pétrolifères qui se trouvent dans cette ville du nord de l'Irak fournissent 250 000 barils par jour sur les 600 000 b/j de pétrole qu'exporte la région du Kurdistan irakien contre l'avis de Baghdad. Le risque de voir cette production perturbée dans cette région que se disputent Baghdad et le Kurdistan, qui a affiché ses velléités sécessionnistes à traves un référendum organisé le 25 septembre est grand. Les Kurdes sont intransigeants. «Il n'y aura de négociations unilatérales avec Baghdad ni de la part de l'UPK [Union patriotique du Kurdistan] ni de la part du PDK [Parti démocratique du Kurdistan]. En cas de négociations avec Baghdad, il y aura une délégation commune représentant tous les partis du Kurdistan. Le PDK et l'UPK rejettent les appels à annuler les résultats du référendum», a indiqué Hemine Hawrami, conseiller du président Kurde, Massoud Barzani. Le pouvoir central menace. L'unité de l'Irak est «une ligne rouge», prévient le vice-président Nouri al-Maliki. La situation est explosive. Kirkouk est sur une poudrière. Les conditions sont réunies pour que le pétrole atteigne des sommets. «Si les exportations de 600 000 barils par jour des champs pétrolifères de Kirkouk sont interrompues, je suppose que le Brent va à nouveau tester son plus haut de l'année, à 59,49 dollars», a prévenu Hussein Sayed, analyste chez Fxtm. «Les tensions géopolitiques sont de retour dans les esprits des marchés comme cela n'avait plus été le cas depuis 2014. Le vote de l'indépendance du Kurdistan le 25 septembre avait déjà poussé le Brent au- dessus de son plus haut de l'année», a rappelé Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB. Le baril s'enflamme. Hier, aux environs de 11h00 heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre s'échangeait à 57,91 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 74 cents par rapport à la clôture de vendredi. Vers 14h15 il a atteint les 58,36 dollars avant qu'il ne fléchisse légèrement. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour le contrat de novembre se négociait à 52,14 dollars enregistrant de son côté un gain de 69 cents. Entre la situation détonante au Kurdistan et le discours belliqueux du président américain Donald Trump qui a menacé de remettre en cause l'accord sur le nucléaire iranien, autant dire que le baril est assis sur une poudrière. Une véritable rampe de lancement en tous les cas pour le cours de l'or noir. «Les investisseurs pétroliers observent également la situation entre l'Iran et les Etats-Unis. Si le Congrès américain décide de relancer les sanctions économiques contre Téhéran, alors que Donald Trump n'a pas certifié l'accord sur le nucléaire, les prix pourraient dépasser les 60 dollars», a souligné l'expert de Fxtm H.Sayed. Les cartes sont rebattues. Une nouvelle donne se profile pour les prix du pétrole qui voguaient depuis pratiquement la mi-juin 2014 au gré de l'offre surabondante du marché. Un autre élément et non des moindres dont il faudra aussi tenir compte: l'Arabie saoudite a annoncé qu'elle réduirait sa production de 560 000 barils par jour à partir du mois de novembre. Cela représenterait la plus forte baisse depuis l'accord historique, de la réduction de l'offre de 1,8 million de barils par jour, conclu le 10 décembre 2016 entre l'Opep et ses 11 alliés dont la Russie. Cela devrait suffire, en principe, pour que l'or noir retrouve des couleurs.