Alors que l'enseignant doit être un modèle pour la société, dans ce cas précis, il devient l'ennemi de la société, l'ennemi du progrès, celui avéré de la nation, voire son saboteur! Si les gisements de pétrole ont été la principale rente du pays pendant des décennies, l'éducation reste «le gisement de richesses» inépuisables du pays, pour reprendre un peu l'expression d'André Michel, coordonnateur national du Programme collectif pour le développement de l'éducation et du dialogue social en Haïti, à l'occasion du 3e atelier sur la Protection sociale des professionnels de l'éducation qui s'est tenu le 13 décembre 2013, à Pacot. De ce fait, la première fonction de l'éducation est de créer un milieu favorable à la croissance. Le facteur essentiel de la croissance n'est pas le capital, mais l'homme lui-même. Par conséquent, aucun changement n'entraînerait un accroissement plus rapide de la richesse nationale, qu'une amélioration du système éducatif. L'école a pour vocation de former les adultes de demain, aptes à relever les défis et à porter haut le flambeau d'une Algérie digne et prospère. Pour ce faire, l'école doit leur donner les outils qui leur permettront de développer leur culture générale, leur capacité d'analyse, leur esprit critique, leur volonté d'apprendre, d'échanger et de s'investir dans des projets individuels et collectifs. En 1962, les Algériens ont cru quitter la nuit pour la lumière. Mais aujourd'hui il semblerait que l'école algérienne ait atteint l'apogée de la dangerosité. Le type de «pédagogie» adopté en Algérie a fini par trahir les principes qu'elle prétend défendre en dévalorisant le savoir, en tuant l'esprit critique et l'émulation intellectuelle. Cette même pédagogie s'emploie aussi, bien sûr, à ce qu'on oublie que l'école d'aujourd'hui est celle des déformateurs, et que ce sont justement ces derniers qui ont conduit au désastre actuel. Il fut un temps, pas si lointain, où les enseignants étaient des modèles de la société. Être un modèle comporte des devoirs importants, notamment celui de véhiculer tant par le geste, la parole, que par l'attitude, les valeurs de notre société. Il semblerait que cette époque soit hélas révolue. Certains de ces «notables» d'hier sont aujourd'hui des personnes qui travaillent uniquement pour le salaire. La réputation de notre système éducatif est mise à mal par de nombreux facteurs dont essentiellement ce que j'appellerai le terrorisme intellectuel. Le professeur est, avec l'étudiant, au centre de la vie universitaire: il doit assumer une très large part des fonctions qui sont dévolues à l'université. Il s'ensuit que laisser s'installer un climat de dégoût des études s'avère peu propice à la progression de l'étudiant et de là à sa participation au développement de la nation. Longtemps on a cru que la détention d'un savoir de type académique est suffisante pour attester de la capacité à enseigner. De nos jours, le thème de la professionnalisation du métier d'enseignant est devenu dominant d'où l'intégration de la déontologie et de l'éthique aux compétences exigibles de l'enseignant. Si l'on se réfère au chapitre des droits et obligations de l'enseignant chercheur, de la charte d'éthique et de déontologie, «l'enseignant chercheur a un rôle moteur à jouer dans la formation des cadres de la nation et dans la participation au développement socio-économique du pays par la recherche» or, dans le domaine du comportement de certains enseignants, cela reste à démontrer. Car tout se passe comme si ceux-ci détenaient les clés de la vérité. Le discours contre le politiquement correct -que l'on appellera ici le «politiquement abject» - s'intéresse surtout au droit de dire des horreurs aux étudiants. Il fait obstacle à tout vrai débat sur les questions essentielles qui engagent l'avenir. Dans notre système scolaire, l'enseignant est désigné comme le supérieur de l'élève / étudiant. La connaissance, la sagesse, l'autorité, c'est lui. Ce rapport d'autorité semble difficile à remettre en question. Le problème, c'est lorsque ce rapport hiérarchique est utilisé par le corps enseignant comme un levier pour asseoir encore un peu plus sa supériorité. Souvent certains professeurs franchissent allègrement la ligne. Brandir la menace fait hélas partie de notre quotidien. Mais ne faire vivre les étudiants que dans la peur et la répression, c'est oublier de leur faire comprendre pourquoi ils sont là: pour devenir des adultes responsables, capables de raisonner par eux-mêmes. Alors que l'enseignant doit être un modèle pour la société, dans ce cas précis, il devient l'ennemi de la société, l'ennemi du progrès, celui avéré de la nation, voire son saboteur! Prenons un exemple concret. Les écoles supérieures, dites pole d'excellence, ont accueilli cette année des nouveaux bacheliers. Ces derniers après une année éprouvante pour décrocher le sésame sont venus avec de grandes espérances, mais la vie dans ces institutions supérieures ne se passe pas comme prévu. La raison est que certains enseignants n'arrêtent pas de leur dire qu'ils n'ont aucun avenir dans leur nouvelle institution et qu'ils perdent leur temps. Pour asseoir leurs dires, ces enseignants véreux et irresponsables ont même créé une page Facebook visant à détruire le mental de ces jeunes étudiants. Bon nombre d'entre eux ont gelé l'année scolaire, d'autres ont demandé leur réorientation. Les plus malheureux sont ceux qui bon gré mal gré se sont vu contraints de rester sur place. Quand la déception et les désillusions se sont installées, comment redonner goût aux études à ces jeunes? Comment les motiver? Comment leur redonner confiance? N'est-ce pas là du terrorisme intellectuel, une arme de destruction massive de notre système éducatif? Cette arme,, qu'est le terrorisme intellectuel, a pour finalité la perte d'identité et de repères de notre jeunesse. Il est aujourd'hui vital de combattre ce fléau et de promouvoir l'intégrité au sein de la famille universitaire, une étape essentielle pour bâtir un avenir meilleur pour nos enfants et mieux servir notre patrie.