Le président Xi Jinping Pour la première fois depuis Mao, le nom d'un dirigeant a été inscrit dans la charte du Parti communiste chinois, de son vivant. Il devient ainsi l'égal du fondateur du régime, au pouvoir de 1949 à 1976. La Chine a vécu cette semaine un événement historique, à la faveur du XIXe Congrès du parti communiste auquel ont participé pas moins de 2300 délégués venus des quatre coins du pays-continent pour représenter les 89 millions de membres. Bien avant l'ouverture officielle de la grand-messe, les préparatifs ont mobilisé la Chine entière, sur un même pas cadencé. Retransmise en direct à la télévision, la cérémonie a consacré le président Xi-Jinping dont le discours a confirmé la ligne tracée par le parti depuis que le «petit» Deng Xiaping avait décrété «peu importe que le chat soit noir ou blanc, pourvu qu'il attrape la souris». Ce virage à 180° tracé, la Chine est devenue la deuxième puissance économique mondiale, grâce à une ouverture sur l'économie de marché sans précédent qui l'a conduite à devenir le principal créancier des Etats-Unis! Ainsi, ce n'est pas le grand timonier qui a présidé à cette valse mais son successeur qui a ouvert le XIXème congrès consacrant sa doctrine. Le nouveau maître du pays, Xi Jinping, a affiché un véritable dogme. «Chacun d'entre nous, a-t-il dit, doit en faire davantage pour défendre l'autorité du parti et le système socialiste chinois.» A la tête du Parti communiste chinois depuis 2012, le leader de 64 ans héritera, sans le moindre doute, aujourd' hui même d'un nouveau mandat de cinq ans comme secrétaire général. Mais plus encore, il a obtenu des 2300 délégués un vote unanime pour l' inclusion dans la charte du parti de «la Pensée Xi Jinping du socialisme à la chinoise, pour la nouvelle ère». C'est là une consécration historique qui permet au nouveau maître incontesté de la Chine de rejoindre l'autre seul nom bénéficiant d'un tel hommage, celui de Mao Tsé-Toung! La Chine s'est donc dotée d'un nouveau grand timonier dont la pensée va servir de phare au programme d'action du plus grand parti du monde. Autant dire que Xi Jinping est d'ores et déjà muni d'un extraordinaire pouvoir qui doit lui permettre de moduler les instances dirigeantes à la fois du parti et du pays à sa convenance, de sorte que son règne va durer probablement plus d'une décennie. Après Mao Zedong (1893 - 1976), aucun autre dirigeant chinois n'est parvenu à une telle consécration, l'idéologie du fondateur de la Chine populaire étant alors célébrée de son vivant. Ce sera désormais le cas pour Xi Jinping. A la fin des années 70, Deng Xiao Ping, artisan des réformes qui ont fait de la Chine la deuxième puissance économique mondiale, n'est entré dans la charte qu' après sa mort, en 1997. Les deux prédécesseurs de Xi Jinping, Jiang Zemin et Hu Jintao, ont obtenu la reconnaissance de leur contribution une fois poussés à la retraite. Et encore, de façon purement symbolique puisque leur nom ne figure pas en toutes lettres dans la charte. Mais direz-vous, de quelle «pensée Xi Jinping» est-il question? C'est ce à quoi s'est livré le président en exercice durant un discours-programme de plus de trois heures, appelant à poursuivre les efforts pour une «grande renaissance de la nation», prospère et respectée partout dans le monde. En quelques décennies, l'image séculaire d'un immense pays livré «au déclin, aux tourments et à l'humiliation» a totalement changé. Aujourd'hui, la Chine est une grande puissance qui compte et qui compte bien, s'offrant le luxe de rattraper à toute vitesse son retard dans bien des domaines y compris celui de la conquête de l'espace! Xi Jinping a de l'ambition, il promet que son pays aura «une armée de premier rang mondial», avant 2050, qu'il va améliorer la protection sociale et la médecine, promouvoir l'Etat de droit et même contribuer à l'harmonie entre l'homme et son environnement. Du pain sur la planche pour le parti communiste qui, c'est à souligner, gardera intactes toutes ses prérogatives civiles et militaires. La mécanique Deng Xiaping est toujours là, le chat peut travailler mais la doctrine ne doit pas bouger d'un iota. Et d'ailleurs, la situation est là pour prouver que la méthode est non seulement bonne mais intelligente face au diktat des «démocraties» occidentales. Lors du renouvellement du Bureau politique et de son comité permanent, nul doute que la main de Xi Jinping sera lourde et qu'il confirmera à ses côtés sa garde rapprochée dont le Premier ministre Li Keqiang. Atteintes par la limite d'âge (68 ans), cinq membres influents du BP vont néanmoins cédé leur place et leur remplacement sera révélateur de l'influence déterminante de Xi Jinping qui a besoin d'une mainmise totale sur cette instance majeure du pouvoir. Une chose est sûre, l'homme succèdera dès aujourd'hui à lui-même car on voit mal comment il pourrait en être autrement, avec la consécration de son «règne» dans la charte même du parti.