Le ministre des Finances, Abderrahmane Raouïa Les contours d'une nouvelle politique économique se dessinent en Algérie. La finance occupera une place centrale du modèle qui se met timidement en place. Ce changement de cap sera encadré par les experts de la City de Londres. L'Algérie s'achemine vers la création d'une place financière qui sera «le levier principal» de son «nouveau modèle de croissance économique», selon le ministre des Finances, Abderahmane Raouïa. Cette révolution passera par «la réforme du système financier et bancaire» et aura pour fondement «l'innovation, la compétitivité et l'entreprise». Elle impliquera nécessairement aussi la privatisation d'entreprises non stratégiques et probablement l'ouverture à l'investissement étranger de domaines, notamment miniers, qui étaient contrôlés avec jalousie par l'Etat. Une série de tabous risquent donc d'être prochainement brisés par la nouvelle économie politique dont les prémices commencent à apparaître timidement à l'horizon. Ce vent de changement soufflera sans doute sur le dinar qui sera appelé à se convertir, d'une façon ou d'une autre, à la nouvelle religion. Car il est impensable que la monnaie nationale demeure figée dans le temps et soumise aux anciens dogmes alors que le pays cherche à vendre autre chose à l'extérieur que les hydrocarbures. Si la finance devient le moteur de l'économie, il faut s'attendre à une mutation en profondeur du paysage des affaires en Algérie. Cette culture qui encourage le gain de l'argent sur l'argent constituera une transformation majeure des pratiques et des mentalités chez les producteurs, les commerçants et les consommateurs. Ainsi, contrairement à leurs habitudes, les banques rivaliseront d'ingéniosité pour consentir le crédit aux entreprises, aux ménages et aux particuliers puisque c'est de cette source qu'elles tireront leurs bénéfices. Les billets de banques froissés, usés jusqu'à la corde et entassés dans des sacs en plastique cèderont la place aux chèques, ainsi qu'aux modes de paiement électroniques. La prospérité passera en grande partie par la vente ou l'achat d'actions et d'obligations à la Bourse, des titres qui garniront des portefeuilles gérés par des intermédiaires chargés d'introduire les ordres et gérer les patrimoines financiers. En un mot, l'esprit du bazar et du dépôt sera remplacé par celui du marché financier. On est cependant loin de maîtriser les éléments grammaticaux du langage tellement obscur en usage chez les traders et les gérants de fortune. Une période d'apprentissage et d'adaptation sera nécessaire avant de pouvoir naviguer dans la galaxie de la finance. C'est pourquoi, les pouvoirs publics ont sollicité l'aide des Britanniques pour bien démarrer l'aventure. La City de Londres est l'une des premières places financières au monde et son influence radicale dépasse les frontières du Royaume-Uni pour s'exercer sur toute la planète. L'Algérie entend également bénéficier de l'expertise de la Grande-Bretagne pour moderniser son système fiscal. Ce coup de pouce l'aidera, selon Abderrahmane Raouïa, à faciliter ses procédures, à mettre en place un système d'information et des méthodes modernes de contrôle en vue d'augmenter l'efficacité de la lutte de son administration contre l'évasion et la fraude fiscales.Vous l'avez compris. Rien ne sera comme avant en matière économique et seuls ceux qui l'auront compris pourront demain s'enrichir.