Tout en prenant en charge la crise kurde, l'Irak poursuit le harcèlement contre les derniers résidus du groupe terroriste Etat islamque dans les confins du désert irakien Décidées à s'attaquer au portefeuille des Kurdes d'Irak et de Syrie, les autorités irakiennes ont adressé hier un ultimatum aux peshmergas pour qu'ils abandonnent un poste-frontière qui représente pour eux une source de financement considérable. A plusieurs centaines de kilomètres de là, dans l'ouest désertique de l'Irak, les forces irakiennes livraient de violents combats aux jihadistes du groupe Etat islamique (EI), au deuxième jour d'une offensive destinée à les bouter hors de leur dernier bastion du pays. L'armée irakienne se bat sur deux fronts, contre l'EI et contre la région autonome du Kurdistan qui a aggravé la crise avec le pouvoir central en organisation en septembre un référendum controversé sur l'indépendance. Malgré les tentatives d'apaisement du Kurdistan, le pouvoir fédéral a choisi de reprendre tous les secteurs disputés avec les combattants kurdes ou peshmergas dans le Nord. Il contrôle désormais toute la province pétrolière de Kirkouk, ainsi que des pans de la province de Ninive, frontalière de la Turquie. Selon Baghdad, les blindés ont repris ces dernières 24 heures le contrôle de certains villages proches du poste-frontière de Fichkhabour, en progressant sur des pistes poussiéreuses et au prix de violents combats. En revanche, les Kurdes disent avoir stoppé leur progression. Néanmoins hier matin, les combats avaient cessé, l'armée ayant accordé un bref délai aux peshmergas pour quitter le poste-frontière de Fichkhabour, située dans la province de Dohouk, dans le Kurdistan (nord) près de la frontière turque. Baghdad cherche à sécuriser l'accès de son oléoduc vers le port turc de Ceyhan en prenant le poste-frontière et la région de Fichkhabour, situés aux confins des territoires turc, syrien et irakien et qui sont stratégiques pour les Kurdes. Le poste-frontière se trouve à l'extrémité de la province de Dohouk, sous l'autorité du Kurdistan et non du gouvernement fédéral. Mais Baghdad affirme que la Constitution lui accorde le contrôle de la frontière. Cette bande de terre d'une dizaine de km, qui suit le Tigre, donne du côté syrien, sur des zones tenues par les Unités de protection du peuple kurde (YPG), alliées à Washington dans le combat contre l'EI, où se trouvent «les champs pétrolifères de Rmeilane et de Karatchouk», selon un responsable irakien. Les YPG sont accusées d'être liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) turc, classé «terroriste» par la Turquie voisine. Cette zone est donc vitale pour les finances kurdes. Leurs combattants cherchent à la défendre car c'est par là que passent les camions-citernes transportant le pétrole de deux champs contrôlés par le «PKK et les YPG», a ajouté le responsable. Le pétrole est ensuite vendu en contrebande en Turquie «car aucun point de passage ne permet de transférer directement le pétrole de Syrie vers la Turquie», selon lui. Pour les Kurdes irakiens, c'est également essentiel. Fin 2013, ils avaient court-circuité l'oléoduc irakien qui acheminait le brut depuis Kirkouk vers Ceyhan via Fichkhabour en connectant à la place leur oléoduc parallèle. Ils y faisaient passer les 250 000 barils par jour de pétrole des champs de Kirkouk, qui représentent près de la moitié des revenus pétroliers du Kurdistan. En outre, ils acheminaient, assure le responsable irakien, le pétrole syrien par camions-citernes vers un terminal de contrebande d'armes, de cigarettes et d'alcool «proche du village (irakien) de Mahmoudiya dont les habitants ont été déplacés et interdits de retour par les peshmergas». Sur le front des combats contre l'EI dans la province d'Al-Anbar près de la frontière syrienne, un général irakien a affirmé que ses troupes, appuyées par des combattants tribaux, avaient «affronté vendredi des jihadistes au sud de la région d'Al-Qaïm, en tirant des missiles et en mobilisant l'artillerie». Au deuxième jour de l'offensive contre le dernier bastion de l'EI en Irak, plusieurs sources militaires ont fait état d'une vingtaine de morts dans les rangs jihadistes, sans toutefois évoquer les pertes côté troupes régulières. La bataille vise à étrangler l'organisation jihadiste dans son dernier carré, dans la moyenne vallée de l'Euphrate qui court de la province de Deir Ezzor dans l'est de la Syrie jusqu'à Al-Qaïm.