Durant l'Apartheid, la littérature des afrikanns faisait dans l'eau de rose et décrivait un monde entièrement fait de Blancs, donc exempté de Noirs. La littérature sud-africaine post-apartheid a été le thème inaugural, jeudi après-midi, du programme du stand Esprit Panaf placé au niveau du pavillon G, pour la seconde année consécutive cette année. L'Afrique du Sud pour rappel, est le pays invité d'honneur cette année au Sila. Benaouda Lebdai, spécialiste des littératures africaines est revenu sur l'histoire d'avant et après l'apartheid pour comprendre la trame et les sujets traités dans cette littérature. Un pays qualifié d'emblée par l'orateur de «prenant», voire énigmatique» qui est passé du racisme envers les Noirs à une forme de xénophobie en partie en raison du gouffre économique qui sépare les communautés, poussant même une certaine classe de la bourgeoise noire à naître, laquelle va se comporter de la même façon que les Blancs de jadis, à savoir avec mépris envers les autres Noirs pauvres. Côté littérature, l'Apartheid va se creuser après l'avènement des Anglais. Beaucoup d'auteurs noirs furent instruits par les missionnaires anglicans. La plupart se sont mis à écrire, soit en anglais, soit en afrikaans. Cette dernière s'est mise en place à destination des Blancs. En 1907, les Afrikaners se dotent d'une société littéraire (Afrikaanse Taalvereniging) puis en 1909 d'une Académie des sciences et des arts et en 1914 d'un Prix littéraire pour les oeuvres de langue afrikaans... Durant l'Apartheid, la littérature des afrikanns faisait dans l'eau de rose et décrivait un monde entièrement fait de Blancs, donc exempté de Noirs. Ces derniers n'étaient visibles que dans les postes d'ouvriers et de servantes. Cependant, des écrivains sud-africains noirs se sont mis à écrire à leur tour, instruits qu'ils étaient par les missionnaires. On citera Peter Abrahams et Alex La Guma qui se sont mis à écrire sur la vraie vie des Noirs dans les «townsheap». En 1991, le prix Nobel Nadine Gordimer, une femme blanche, écrit une autofiction inspirée de son enfance et sa prise de conscience du racisme qui régnait dans son pays. Militante au sein de l'ANC, elle était outre une romancière, une conteuse qui a passé toute sa vie à militer pour la libération de Nelson Mandela. Il y eut aussi André Brick, que la littérature mondiale a perdu en 2015. Benaouda Lebdai acquiesçant aux propos de Lalia Behidj, indiquera que maintenant «on est devant la reconstitution d'un nouvel idéal de l'Afrique du Sud». La question économique est centrale. Si les problèmes de racisme ne sont plus ou se font rares, d'autres questions sont posées et sont tout aussi pernicieuses telles le chômage, la mal-vie, la jeunesse. Elles sont au centre de la nouvelle littérature sud-africaine.