Il y a beaucoup d'émotion dans les mots et dans les phrases quand M'Hamsadji parle de Mammeri. Le stand des éditions de l'Office des publications universitaires (OPU) a accueilli samedi l'écrivain Kaddour M'Hamsadji. Cet auteur est venu dédicacer un opuscule qu'il a édité chez les éditions de l'OPU à l'occasion du centenaire de la naissance de l'un de ses amis avec qui il avait partagé de longs et intenses moments, en «souvenir d'un temps littéraire heureux». Il s'agit du romancier et chercheur dans le domaine de la langue amazighe: Mouloud Mammeri. Kaddour M'Hamsadji a voulu apporter ainsi sa contribution à l'hommage grandiose que rend le Haut Commissariat à l'amazighité depuis le début de l'année à l'auteur de «La Colline oubliée». C'est d'ailleurs pourquoi, Kaddour M'Hamsadji a sollicité Assad Si El Hachimi, le secrétaire général du HCA pour apporter une contribution à son ouvrage «Le juste qui sommeille». Dans la contribution de Assad Si El Hachimi au livre de Kaddour M'Hamsadji, intitulée «Des vérités simples pour une leçon de vie», le responsable du HCA rend aussi à sa manière hommage à Mouloud Mammeri. Le lecteur plonge ensuite dans le livre de Kaddour M'Hamsadji où ce dernier, avec le talent qu'on lui connaît, évoque l'immense intellectuel algérien moderne, qu'a été Mouloud Mammeri. D'emblée, souligne Kaddour M'Hamsadji, «ce livre, si modeste soit-il, espère porter en ses pages une seule intention toute fraternelle et surtout imbue de citoyenneté algérienne, fortement la mienne, pour exprimer, en ce centenaire de la naissance de Mouloud Mammeri, mon aîné et ami en littérature comme dans la vie, mon affection pour l'homme et mon admiration pour son oeuvre, ce qui a toujours été ma pensée profonde». Comme on peut le constater, il y a beaucoup d'émotion dans les mots et dans les phrases quand M'Hamsadji parle de Mammeri. Mais quand on voit les photos où les deux hommes sont ensemble, on devine vite à quel point ils étaient proches. D'ailleurs, quand Kaddour M'Hamsadji raconte ses souvenirs avec Mouloud Mammeri, il peut en parler pendant des heures. Et il se souvient des moindres détails comme lorsque les deux hommes en compagnie du poète Aoun M'hamed se rendent à Biskra pour remettre un Prix littéraire à Mohamed El Aïd Al Khalifa. «Nous ne l'avons pas trouvé à Biskra et nous avons passé la nuit ensemble pour poursuivre notre chemin vers Batna où on nous a dit qu'on pouvait trouver Al Khalifa», raconte Kaddour M'Hamsadji, toujours ému à l'évocation de Mouloud Mammeri. Tous ces moments partagés et tant d'autres sont restés gravés dans la mémoire de Kaddour M'Hamsadji. Ce dernier dédie, en outre, un poème à son ami écrivain où il s'adresse au fils d'Ath Yanni, lui disant: «O toi Dda Lmulud Mammeri / Rêve brisé par Temps profane / O toi l'homme juste à la canne / Bouakhaz d'espoir Algérie. Ici, nous dit l'auteur, il emploie sciemment le mot Bouakkaz (l'homme à la canne) car c'était le pseudonyme de Mouloud Mammeri pendant la Révolution. Le poème que dédie M'Hamsadji à Mammeri s'étale sur 13 longues pages, mais dans cette partie, il n' y a pas que ces beaux vers qui font voyager le lecteur dans les belles lettres. On retrouve aussi en bas de pages de longues notes qui fourmillent de détails, de précisions et d'informations sur Mouloud Mammeri, son oeuvre et les moments partagés avec Kaddour M'Hamsadji. Des notes qui ne peuvent qu'intéresser le lecteur d'ailleurs. Par exemple, Kaddour M'Hamsadji nous apprendra que le titre du roman «Le sommeil du juste» de Mouloud Mammeri renvoie au roman «Les misérables» de Victor Hugo: lors du passage fameux où Jean Valjean vole l'argenterie de l'évêque Bienvenu Myriel, il profite du sommeil calme et profond de ce dernier pour commettre son larcin; et dans le roman, Valjean surnomme Myriel: le juste». Un autre chapitre est intitulé: «Un peu de ce que je sais de mon aîné et ami.» Kaddour M'Hamsadji évoque dans une autre partie un autre aspect de Mammeri: une plume contre le colonialisme. Le lecteur peut aussi découvrir plusieurs photos de lui en compagnie de Mouloud Mammeri et d'autres écrivains et personnalités culturelles comme celle de la quatrième couverture où l'on peut voir Mouloud Mammeri, assis modestement par terre autour d'une meïda en compagnie de Kaddour M'Hamsadji, Mohamed el Aïd Al Khalifa et le poète M'hamed Aoun ou encore une photo représentant nos deux écrivains dans le bureau de l'Union des écrivains algériens en présence, entre autres, du romancier Mourad Bourboune et du poète Jean Sénac... Le premier était l'assesseur de l'association alors que ce dernier en était le secrétaire général. Le livre de Kaddour M'Hamsadji a le mérite de sauver de l'oubli aussi bien ces photos très précieuses, mais également de mettre à la portée de tout le monde le témoignage souvent poignant et vivant de Kaddour M'Hamsadji sur un écrivain qu'il a toujours estimé pour la multitude de qualités qu'il avait: surtout sa simplicité et son humanisme sans limites, dira M'Hamsadji.