L'attentat de New York, revendiqué par l'EI, remet en cause la sécurité dans la grande métropole américaine. En médaillon Sayfullo Saipov, l'auteur de l'attentat Le groupe jihadiste «Etat islamique» a revendiqué l'attentat commis mardi à New York par un Ouzbek de 29 ans, pour lequel Donald Trump a réclamé la peine de mort. «Un des soldats de l'Etat islamique a attaqué des croisés dans une rue de New York», a assuré l'hebdomadaire de propagande en ligne de l'EI, al-Naba, cité jeudi soir par Site, un centre américain spécialisé dans la surveillance en ligne de la mouvance jihadiste. «Par la grâce d'Allah, l'opération a instillé la peur dans l'Amérique des croisés en les poussant à accroître les mesures de sécurité et à intensifier les dispositifs contre les immigrants en Amérique», dit al-Naba. Sayfullo Saipov, arrivé aux Etats-Unis en 2010, a agi «au nom de l'EI», avait indiqué la police new-yorkaise. Son portrait de plus en plus précis montre qu'il s'est radicalisé progressivement après plusieurs années d'errance américaine. Après avoir tweeté dans la nuit, le président américain a martelé jeudi matin qu'il voulait voir exécuté cet homme arrivé aux Etats-Unis en 2010 grâce au programme d'octroi de visas par loterie, même s'il a semblé renoncer à l'idée évoquée mercredi de l'envoyer à Guantanamo. «Aimerais envoyer le terroriste de New York à Guantanamo mais statistiquement ce processus prend beaucoup plus longtemps que de passer par le système fédéral...», a écrit le président dans un tweet avant d'ajouter: «Il y a aussi quelque chose d'approprié dans le fait de le garder là où il a commis son horrible crime. Devrait agir vite. peine de mort!» Après avoir lancé mardi sa camionnette sur des passants et des cyclistes, faisant huit morts et 12 blessés, Sayfullo Saipov, qui a revendiqué son allégeance à l'Etat islamique, a été inculpé mercredi par le procureur fédéral de Manhattan de deux chefs d'accusation fédéraux: violence et destruction de véhicules, et soutien à une organisation terroriste étrangère. Ces chefs d'inculpation l'exposent à la prison à perpétuité, a indiqué le procureur, en évoquant aussi la possibilité de la peine de mort. Dans un Etat comme New York où la peine capitale n'est pas en vigueur, cela supposerait que le gouvernement fédéral utilise une loi d'exception, une démarche rare qui prendrait des années, selon les experts. Le maire démocrate de New York, Bill de Blasio, a lui souligné jeudi qu'il ne «croyait pas à la peine de mort» et souhaitait simplement que Saipov «pourrisse en prison jusqu'à la fin de ses jours». Invoquant des détails qui ont émergé sur le suspect, qui s'est dit «fier de son acte» dans ses premiers interrogatoires avec les enquêteurs et voulait déployer un drapeau de l'EI dans sa chambre d'hôpital, Trump présente ce ressortissant d'un pays musulman d'Asie centrale comme l'illustration des failles du système d'immigration américain qu'il ne cesse de dénoncer. En profitant du système de loterie, qui permet chaque année à quelque 50.000 étrangers d'obtenir un titre de séjour permanent pour les Etats-Unis, Saipov aurait notamment contourné les vérifications que subissent généralement les migrants, souligne le président qui a appelé à les renforcer plus encore. Mais le gouvernement ouzbek a assuré mercredi que l'auteur de l'attentat le plus grave commis à New York depuis septembre 2001 n'avait rien eu à se reprocher en Ouzbékistan et avait vécu à Tachkent dans une famille musulmane traditionnelle, dénuée d'extrémisme. Et tous les éléments indiquent que Saipov s'est radicalisé progressivement aux Etats-Unis, après de premières années difficiles faites de déception professionnelle et de nombreux déménagements. Après son arrivée à New York en mars 2010, Saipov a d'abord cherché un emploi hôtelier, en vain, parlant trop mal l'anglais, selon le New York Times. Il devient chauffeur-routier, traversant régulièrement les Etats-Unis, emménageant d'abord trois ans dans l'Ohio, puis en Floride, et enfin à Paterson, dans le New Jersey, où il était devenu chauffeur pour Uber. C'est là, dans un quartier à majorité musulmane, qu'il vivait avec sa femme - une Ouzbèke épousée en 2013 - et leurs trois jeunes enfants, lors de l'attentat mardi. C'est pendant son séjour dans l'Ohio qu'il aurait commencé à changer, devenant «agressif, polémiste», selon un collègue chauffeur cité par le New York Times. Une agressivité confirmée à Paterson, où la responsable du supermarché local a raconté qu'il était «instable», connu pour s'en prendre régulièrement aux caissières.