Après Mohamed Iguerbouchène, Boualem Aïssaoui «s'attaque» à un grande figure du théâtre algérien. Le Théâtre algérien Mahieddine Bachtarzi a abrité, dimanche après-midi le premier tour de manivelle du feuilleton portant sur la vie et l'oeuvre de Rachid Ksentini. Produit par la Télévision algérienne, ce feuilleton de 12 épisodes a été adapté par le réalisateur qui signe ainsi les dialogues. Boualem Aïssaoui qui compte à son actif outre plusieurs oeuvres audiovisuelles dont la série sur la vie de ce musicien de renommée universelle Mohamed Iguerbouchène, a voulu par ce feuilleton, nous confiera-t-il «rendre hommage à l'un des pères fondateurs du théâtre algérien, Rachid Ksentini qui est connu pour ses pièces satiriques, qui exerçaient un rôle critique sur la société algérienne de l'époque coloniale. Il avait ce don inné de l'art théâtral. Il a laissé derrière lui autant d'oeuvres théâtrales que musicales. Notre propos est de rendre hommage à cette figure illustre du théâtre populaire algérien». Campé par l'acteur Djamel Bounab, Rachid Ksentini a eu une vie marquée d'une succession d'épreuves. Perte de ses enfants en bas âge, naufragé en mer à son premier embarquement comme matelot, errance en Chine, en Amérique du Nord, en Inde, en Europe, trois mariages malheureux, première oeuvre huée par le public, déprimes, angoisses, harcèlement par la police coloniale, rien ne fut épargné à Rachid Ksentini. Il voulait un théâtre qui éduque, qui élève, on lui réclamait de grosses farces pour faire salle comble. Il travaillait pour un théâtre débarrassé de toutes les vulgarités, les propriétaires de salles s'obstinaient à y mêler des chants et des danses pour remplir leurs caisses. La mort dans l'âme, l'artiste se résigne. Trop en avance sur son temps, il choisit de prendre de la distance vis-à-vis de ses contemporains, mais devint un redoutable critique de leurs travers. Enfin en lucide observateur, il écrivait et jouait ses comédies, mais l'homme était horrifié par la laideur, la bêtise, la duplicité, par l'égoïsme des riches et le fatalisme des démunis. Il ne se faisait plus d'illusion sur la seule vertu de l'art. Tout dans la société devait être transformé...Un travail de longue haleine. Epuisé, malade, Rachid Ksentini s'éteint dans la solitude, le 4 août 1944. C'est ce que nous pouvons lire dans le synopsis le concernant. «Pour la première fois, je joue le rôle principal. Pour moi, ce n'est pas quelque chose de facile et pas difficile non plus, parce que le personnage de Rachid Ksentini n'est pas un rôle aisé pour moi. C'est un peu un personnage historique en ce qui concerne le théâtre. Alors je vais faire tout mon possible pour interpréter ce personnage. Je souhaite que le feuilleton soit réussi. Ce qui m'a touché en ce grand homme de théâtre et compositeur, c'est quand il faisait des pièces, il ne récoltait pas le succès qu'il attendait. Il a tout donné pour monter ses pièces. Il a eu une vie pleine de chamboulements». «C'était un comédien qui faisait rire. Sa vie n'a pas été joyeuse, plutôt jalonnée de problèmes, triste», avoue Djamel Eddine Bounab. Une trentaine de comédiens participent à ce feuilleton. On peut citer notamment Louisa Habani, Diana Guennous, Djamel Guermi, Lami Kaouane, Abdelkader Tadjer, Amar Marouf, Youcef Meziani, Fatiha Ourad, Hamza Feghouli, la chanteuse Bariza et bien d'autres encore. L'Agence de production indépendante, CIM audiovisuel, s'est investie dès sa création qui remonte à une quinzaine d'années, dans le créneau du film documentaire spécialisé, les programmes de communication audiovisuelle et la production cinématographique. Poursuivant dans ce domaine,CIM audiovisuel, toujours en relation avec le patrimoine culturel national a co-produit dans le cadre de l'Année de l'Algérie en France, le film Thé d'Ania de Saïd Ould Khelifa. Dans le feuilleton Rachid Ksentini, elle a engagé la mise en oeuvre en tant que producteur exécutif et réalisateur. Beaucoup de musique accompagnera assurément ce feuilleton qui sera marqué par la participation de l'orchestre féminin de Doudja, l'orchestre chaâbi dirigé par Ali Boudjellal et de la troupe artistique Karkabou dirigée par Bahaz.