Les résultats obtenus pourraient être la conséquence des grèves longues et répétitives. Le Bac n'a pas fait beaucoup d'heureux cette année à Béjaïa. C'est le moins qu'on puisse dire au regard des résultats plus que décevants obtenus lors de cette session 2004-2005. On est loin du taux de réussite obtenu l'an passé, qui était de 44,62%. 25,89% des candidats ayant subi les épreuves du Bac, cette année, ont obtenu ce passeport de l'avenir c'est dire l'importance de l'écart: 18,43%. Incontestablement c'est la filière littéraire qui reste la plus touchée par ce recul (le taux de réussite n'est que de 9,61%) même si globalement cela concerne toutes les filières. Si les résultats sont quelque peu attendus pour les littéraires, il n'en est pas de même pour les sciences et autres filières dont les candidats ont découvert avec stupéfaction les résultats affichés depuis avant-hier au niveau des établissements scolaires. Ainsi donc, à l'angoisse de l'attente s'est ajoutée cette déception causée par un taux des plus faibles, ce qui doit inciter bien des responsables à revoir leurs copies. La déconfiture des résultats relève selon certains observateurs, des grèves longues et répétitives qui ont jalonné le cursus scolaire des élèves. En effet, les lycées, tout comme d'ailleurs les autres établissements, n'ont de cesse fait face aux mouvements de protestation et de revendications. Lorsque ce ne sont pas les politiques qui font des élèves le fer de lance pour des manifestations et des grèves politiques ce sont les syndicalistes qui viennent imposer leur dictat aux enfants, loin d'être, en aucune façon, responsables des situations conflictuelles. La présente débâcle est la conséquence des cinq dernières années de crise multidimensionnelle. Les élèves qui ont subi les épreuves du baccalauréat, cette année, auront été les plus touchés par les grèves dans les lycées. En 2e année secondaire, ils ont subi les longues grèves du Cnapest sans bénéficier des récupérations comme ce fut le cas pour leurs camarades de terminale, l'an passé, les enseignants et l'administration avaient mis le paquet en classes de 3e AS. Les premiers ont permis aux élèves de rattraper le temps perdu au moyen de cours supplémentaires donnés pendant les vacances et la tutelle a organisé un contrôle régulier des enseignants. C'est en partie la raison invoquée avec insistance pour expliquer cette débâcle, conséquence d'une surcharge de travail. Mais les mêmes observateurs se refusent de mettre cet échec sur le dos du Cnapest, parlant aussi des perturbations induites par d'autres syndicats agissant au niveau des paliers inférieurs. Le Setewb, affilié à l'Ugta est aussi montré du doigt. Ayant régné en maître sur le secteur, des années durant, il est à l'origine d'au moins 30 journées de perdues annuellement en raison des grèves à répétition pour des problèmes socioprofessionnels dont celui lié à la perception des salaires. Les analystes n'omettent pas de pointer le doigt vers l'administration qui n'a rien su faire pour éviter le durcissement des conflits. Les autres éléments qui expliquent cette situation de cataclysme résident dans l'encadrement. La contractualisation avec tout ce qu'elle a impliqué comme retard dans les recrutements et le règlement des salaires a influé sur le rendement des enseignants dont les capacités pédagogiques surtout restent des plus médiocres. Ces sortants de l'université algérienne ont certes des connaissances qu'ils maîtrisent mais ne possèdent cependant pas les techniques pédagogiques nécessaires pour leur transmission. A titre d'exemple, le lycée d'Akfadou. Voilà un établissement qui fonctionne avec plus de 70% de contractuels. A cela il faut ajouter la valse des responsables. Chaque année, il y a un nouveau directeur qui arrive pour repartir dès qu'il obtient sa titularisation, ce qui fait dire aux parents que l'établissement est devenu un centre de titularisation. C'est d'ailleurs en grande partie cette instabilité qui explique le taux de 12% d'admission obtenu cette année par cet établissement. Sur les 200 candidats au Bac, seuls 24 élèves l'ont décroché. Beaucoup d'autres établissements vivent dans la même situation sans parler d'autres insuffisances toutes aussi influentes sur le déroulement du cursus scolaire. Il y a enfin la responsabilité des parents qui, bien qu'organisés dans une fédération qui regroupent les APE des établissements, brillent par une absence déconcertante même au plus fort de l'instabilité du secteur. Dans les conflits, on les retrouve toujours à s'allier à l'administration au lieu d'aller vers une réconciliation des deux parties. Même ce geste inconséquent vient toujours en retard.