L'autodétermination du peuple sahraoui seule issue au conflit «Aucun règlement de l'affaire du Sahara n'est possible en dehors de la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara...», a déclaré le souverain marocain. Le dernier bastion du colonialisme en Afrique ne tombera pas. C'est ce qu'annonce le roi du Maroc. Le discours du monarque alaouite prononcé le 6 octobre à l'occasion de la célébration du 42ème anniversaire de l'annexion du Sahara occidental vient d'enterrer toute solution politique juste et équitable concernant ce conflit vieux de plus de 40 ans. Il a décidé de régler la question de façon unilatérale, en quatre points. Ecoutons-le. Premièrement: «Aucun règlement de l'affaire du Sahara n'est possible en dehors de la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara, et en dehors de l'Initiative d'autonomie, dont la communauté internationale a reconnu le sérieux et la crédibilité.» Deuxièmement: «Les expériences passées devraient permettre de méditer sur une évidence: le problème n'est pas tant de trouver une solution à cette affaire, mais plutôt d'arriver à définir le processus à suivre pour y parvenir; il appartient, donc, aux parties à l'origine de ce conflit monté de toutes pièces, d'assumer pleinement leur responsabilité dans la recherche d'un règlement définitif.» Troisièmement: «Le plein respect des principes et fondamentaux retenus par le Conseil de sécurité pour le traitement de ce conflit régional artificiel; l'organe onusien étant, de fait, la seule instance internationale chargée de superviser le processus de règlement» et quatrièmement: «Le refus catégorique de tout dépassement, de toute tentative de porter atteinte aux droits légitimes du Maroc et à ses intérêts supérieurs, de toute proposition obsolète visant à écarter le plan de règlement des paramètres référentiels retenus, de l'insertion abusive d'autres sujets, lesquels sont traités par des institutions compétentes», a-t-il déclaré lundi dernier dans L'affaire est ainsi pliée. Le roi a posé ses conditions qui résonnent comme un défi lancé à la face de la légalité internationale. Du secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterrès et de son envoyé spécial, Horst Köhler, qui vient de signer sa première visite dans la région. Une fuite en avant pour ignorer toutes les résolutions votées par le Conseil de sécurité, qui garantissent au peuple sahraoui le droit à l'autodétermination. Une bravade à l'adresse de l'Union africaine à laquelle il vient d'adhérer après avoir ratifié son acte constitutif qui impose à ses membres le respect des frontières héritées de la colonisation. Mohammed VI ne le transgresse pas uniquement. Il le piètine. Il le foule aux pieds. Son adhésion à l'UA a un seul objectif: bouter la République sahraouie de l'organisation panafricaine. En fait, la Rasd (République arabe sahraouie démocratique) c'est quoi pour notre ami le roi? «Une entité fantoche... que le Maroc ne reconnaît pas -et ne reconnaîtra jamais-...», avait déclaré Nacer Bourita, le chef de la diplomatie marocaine dans un entretien publié le 5 février 2017 par le site d'info en ligne Le Desk, au lendemain de son accession à l'UA. «Le retour du Maroc au sein de sa famille institutionnelle continentale ne changera rien dans nos positions immuables concernant la marocanité du Sahara», avait-il ajouté. La voix de son maître. Ceux qui en doutent n'ont qu'à se référer au discours adressé par le roi à ses sujets. Mais on n'a encore certainement pas tout entendu. Tout vu. La République sahraouie sera présente au prochain sommet UA-UE qui se tiendra à Abidjan les 29 et 30 novembre prochains. Un rendez auquel le Maroc n'a pas arrêté de grenouiller pour l'en exclure. Sinon, quelle interprétation donner à l'invitation du président de la Commission de l'Union africaine, le Tchadien Moussa Faki, par le gouvernement marocain qui a été de surcroît reçu, le 3 novembre, par le monarque alaouite. Le discours prononcé vendredi par le souverain marocain indique que Mohammed VI n'a pas renoncé à faire barrage aux Sahraouis. Lors du 4ème Sommet arabo-africain qui s'est tenu du 22 au 24 novembre 2016 à Malabo, capitale de la Guinée équatoriale, il avait fait chou blanc. Abidjan sera probablement son prochain théâtre d'opération. Il pourrait acter son bannissement de la famille africaine.