La République sahraouie a été officiellement invitée à ce rendez-vous alors que le royaume avait déclaré au lendemain de son adhésion à l'Union africaine qu'il ne la reconnaîtra jamais. Le souverain marocain fait des pieds et des mains pour exclure les Sahraouis du prochain sommet UA UE qui se tiendra à Abidjan les 29 et 30 novembre prochains. Sinon quelle interprétation donner à l'invitation du président de la commission de l'Union africaine par le gouvernement marocain qui a été de surcroît reçu, vendredi, par le monarque alaouite. La participation du conseiller royal Fouad Ali El Himma et du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale Nasser Bourita indique que côté marocain cette rencontre revêtait un caractère hautement important. Comme s'il s'agissait d' «intégrité territoriale» Une phraséologie empruntée par le pouvoir marocain dès qu'il s'agit du Sahara occidental. Il se contentera d'une déclaration laconique cette fois-ci. Les «prochaines échéances continentales» ont été à l'ordre du jour de cet entretien, indique un communiqué du Cabinet royal. Pas besoin de lire dans une boule de cristal pour affirmer que la participation de la République sahraouie au sommet euro-africain qui doit se tenir la fin du mois dans la capitale ivoirienne a été au centre des discussions. L'invitation officielle de la Rasd à ce rendez-vous a certainement été très mal vécue par Rabat. «La Rasd a reçu une correspondance le 27 octobre de la part de la Commission de l'UA (bureau du président), à la lumière d'une note de la Côte d'Ivoire invitant tous les Etats membres de l'UA, sans exclusive, à participer au 5e Sommet participatif qu'abritera Abidjan les 29 et 30 novembre 2017», indiquait un communiqué du ministère sahraoui de l'Information publié le 28 octobre. Un succès diplomatique indéniable pour le Front Polisario. La Palais royal est resté de marbre. La presse marocaine tentait par contre d'en atténuer la portée en estimant que la question est loin d'être tranchée. Poussant le bouchon au point de qualifier le communiqué adressé par le président de la Commission de l'UA, le Tchadien Moussa Faki aux dirigeants sahraouis d' «alambiqué». Ce qui confirme que le Maroc n'a pas renoncé à l'exclusion de la République sahraouie du sommet de l'UA-UA. C'est d'ailleurs le dessein assigné à son adhésion à l'Union africaine. «Le Maroc ne reconnaît pas -et ne reconnaîtra jamais- cette entité fantoche...», avait déclaré Nacer Bourita, dans un entretien publié le 5 février 2017 par le site d'info en ligne Le Desk, au lendemain de son accession à l'UA. «Le retour du Maroc au sein de sa famille institutionnelle continentale ne changera rien dans nos positions immuables concernant la marocanité du Sahara», avait ajouté le chef de la diplomatie marocaine. Il n'en sera pas à son premier coup d'essai. La tenue du 4ème Sommet arabo-africain du 22 au 24 novembre 2016 à Malabo, capitale de la Guinée équatoriale, lui a offert l'opportunité de mener une offensive pour obtenir le retrait de la délégation sahraouie de cet événement. Dictée par le Palais royal elle avait pour but de diviser l'Afrique et faire voler en éclats, la jeune République sahraouie, l'éjecter de sa famille originelle dont elle est membre à part entière depuis 1982. Une opération diabolique qui a tourné en eau de boudin. «Le Maroc a demandé le retrait de la Rasd avant de demander le report du sommet. Il ne l'a pas obtenu!», avait expliqué, à l'époque, l'ex-ministre algérien des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe. «Dans ce forum qui regroupe une soixantaine de pays, sept se sont retirés. Mais 54 pays africains et les deux-tiers de la Ligue arabe étaient présents», avait précisé Abdelkader Messahel, pour ramener ce non-événement à sa juste proportion. Un pétard mouillé. Le Makhzen qui ne retient pas les leçons reviendra certainement à la charge.Les médias pro marocains ont déjà commencé leur mission de désinformation et évoquent l' «exclusion» de la Rasd du Sommet UA-UE d'Abidjan. «Nous ne reconnaissons pas cet Etat et en avons informé le président de la Commission africaine. Nous finançons cette rencontre et y convions qui nous voulons.» aurait confié un officiel ivoirien cité par Jeune Afrique. La rencontre entre Mohammed VI et le président de la commission de l'Union africaine Moussa Faki atteste que le roi n'a pas fini de grenouiller.