Le roi du Maroc Le souverain marocain avait affirmé après son adhésion à l'Union africaine qu'il ne reconnaîtra jamais la République sahraouie. Une épine dans le jardin royal. Le monarque pensait pouvoir mettre hors-jeu les Sahraouis et faire cavalier seul pour imposer son projet d'autonomie pour le Sahara occidental, le mettre en coupe réglée. Un dessein auquel il va devoir renoncer. Un fantasme contrarié par le nouveau représentant de l'ONU pour le Sahara occidental. Horst Köhler a reçu jeudi à New York une délégation du Front Polisario. Une autre manière de dire que l'option de l'organisation d'un référendum d'autodétermination qui puisse garantir au peuple sahraoui de décider librement de son destin est toujours sur la table des négociations. Elle demeure même incontournable pour mettre fin à un conflit qui dure depuis plus de quarante ans. Pour mettre un terme à l'annexion des territoires sahraouis, colonisés par le Maroc depuis 1975. L'entretien entre les deux parties esquisse les contours de ce processus. «Ce premier contact officiel a porté également sur les perspectives de ce processus dans le cadre de la mission conférée à Horst Köhler par le Conseil de sécurité et le secrétaire général de l'ONU en vue de parvenir à une solution juste et durable garantissant le droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance.» rapporte une dépêche de l'Aps datée d'hier. Le courant passe vraisemblablement. Le secrétaire général de l'ONU avait affiché sa volonté de relancer les négociations dans l'impasse depuis 2012. Les Front Polisario s'est dit prêt. Le représentant légitime du peuple sahraoui avait exprimé «sa disponibilité à apporter toute sa contribution et son aide pour le succès de la mission de l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental et l'aider à mener à bien la mission qui lui est confiée, consistant à mettre un terme à la colonisation du Sahara occidental sur la base du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination qui est imprescriptible et inaliénable», dans un communiqué adressé à la presse. C'est chose faite depuis qu'il l'a rencontré, le 14 septembre. Voilà qui doit donner quelques cauchemars du côté du Palais royal. Le Maroc avait affirmé, en effet, après son adhésion à l'Union africaine qu'il ne reconnaîtra jamais la République sahraouie. Ce qui n'est pas de bon augure pour la suite des événements. Horst Köhler n'aura pas la partie facile. Le successeur de Christopher Ross est averti. La question de l'organisation d'un référendum d'autodétermination comme issue à la fin du conflit du Sahara occidental est à jeter aux orties. Le Maroc, avait annoncé dans le sillage de son adhésion à l'UA qu'il ne «reconnaîtra jamais» la République arabe sahraouie démocratique (Rasd). «Non seulement le Maroc ne reconnaît pas -et ne reconnaîtra jamais- cette entité fantoche, mais il redoublera d'efforts pour que la petite minorité de pays, notamment africains, qui la reconnaissent encore, fasse évoluer sa position dans le sens de la légalité internationale et des réalités géopolitiques», avait clamé à qui veut l'entendre le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Nacer Bourita, dans un entretien publié le 5 février dernier par le site d'info en ligne Le Desk. Plus de six mois plus tard son roi se projette dans l'avenir pour annoncer que l'affaire est désormais pliée. «Pour 2017, c'est l'année de la clarté par excellence et du retour aux principes et aux termes référentiels retenus pour le règlement de ce conflit artificiel suscité autour de la marocanité du Sahara», avait annoncé à ses sujets Mohammed VI dans un discours prononcé le 20 août à l'occasion du 64ème anniversaire de la «révolution du roi» qui est intervenu dans la foulée de la nomination d'un nouvel envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental. Le successeur de Christopher Ross est averti. Il aura en plus à «manoeuvrer» avec une composante de la Minurso qui avait été décapitée et qui demeure en attente de son entière réhabilitation. Le souverain marocain avait décidé d'expulser la majorité de ses membres après que l'ex-SG de l'ONU, Ban Ki-moon eut qualifié la présence marocaine d'«occupation» lors de la visite qu'il avait effectuée au mois de mars 2016 dans les camps de réfugiés sahraouis. Horst Köler n'aura certes pas les coudées franches, mais Mohammed VI n'a pas non plus fini d'en baver.