Pendant trois jours consécutifs, les élus du peuple vont compter au centime près le budget alloué au gouvernement au titre de l'exercice 2018 Pendant trois jours consécutifs, les élus du peuple vont compter au centime près le budget alloué au gouvernement au titre de l'exercice 2018. C'est le budget de toute l'année 2018 qui sera passé sous la loupe. Les députés vont fouiner dès aujourd'hui les dépenses et les recettes du gouvernement. Le projet de loi de finances 2018 fera l'objet d'un large débat aujourd'hui. Pendant trois jours consécutifs, les élus du peuple vont compter au centime près le budget alloué au gouvernement au titre de l'exercice 2018. Pour la plupart d'entre eux, c'est la première fois qu'ils contribuent à un tel exercice. Certes, l'examen du projet de loi est une tradition annuelle, mais cette fois-ci le document en question porte un caractère spécifique. Contrairement aux précédents, le budget de loi de finances 2018 est garanti grâce au financement non conventionnel. Une mesure qui a fait couler beaucoup d'encre au sein de la classe politique et médiatique. Le recours à la planche à billets met donc le gouvernement devant une situation plus critique vis-à-vis du Parlement. Le ministre des Finances qui se rendra ce matin à l'APN pour présenter les grandes lignes de la politique budgétaire du gouvernement devra s'armer d'arguments. Représentant le gouvernement, Abderrahmane Raouïa doit convaincre les 462 députés sur les choix critiques prônés pour faire face à la crise économiques et l'épuisement des ressources du Fonds de régulation des recettes. Ce n'est, sans doute, pas un test facile à réussir. D'autant plus que de nombreux partis ont rejeté l'option du recours au financement non conventionnel jugée comme une menace pour l'économie nationale. Les députés appellent le gouvernement à ne pas abuser du recours à la planche à billets, au risque de gonfler le taux d'inflation et de porter un coup au pouvoir d'achat des citoyens. Ces derniers vont même appeler le gouvernement à rendre des comptes sur les montants tirés auprès de la Banque d'Algérie. En guise de justifier l'action de l'Exécutif, le ministre des Finances présentera un tableau bourré de chiffres sur le budget de l'année 2018. La LF 2018 en quelques chiffres Dans sa partie budgétaire, le projet de loi de finances affiche 6521 milliards DA de recettes et près de 8 628 milliards DA de dépenses. Le déficit global du Trésor s'élèvera ainsi à près de 9% du PIB, contre plus de 14% pour l'exercice 2016. Le projet de loi de finances 2018 prévoit une réduction du budget de fonctionnement, et ce, dans le but de revenir à l'équilibre budgétaire dans moins de cinq années. Le budget de fonctionnement pour l'exercice prochain s'élèvera à 4 584 milliards DA contre 4 591,8 milliards DA en 2017, soit une baisse de 7 milliards DA. Une baisse jugée insignifiante vu le volume des dépenses qui reste important. Ce qu'il y a lieu de relever est que pour la première fois le budget d'équipement est en hausse par rapport à celui du fonctionnement. Les dépenses d'équipements représentent plus de 60% du total des dépenses budgétaires avec 4043,3 milliards de dinars. Le déficit global du Trésor s'élèvera ainsi à près de 9% du PIB, contre plus de 14% pour l'exercice 2016. Les autorisations de programme retenues pour l'année prochaine s'élèvent à 2 270 milliards DA (contre 1 397 milliards DA en 2017), tandis que les crédits de paiements inscrits pour 2018 s'élèvent à 4 043 milliards DA (contre 2 291 milliards DA en 2017). Pas de recul sur la politique sociale Malgré la crise financière et le recul des réserves de changes, l'Etat n'a pas failli à son engagement en matière des transferts sociaux. Pour 2018, ils sont estimés à 1760 milliards de dinars soit une augmentation de 8,4% du PIB. Les dépenses de ces transferts sociaux sont destinées notamment aux soutiens aux familles, à l'habitat, à la santé, ainsi qu'aux subventions des prix des produits de première nécessité, à savoir les céréales, le lait, le sucre et les huiles alimentaires. Les transferts sociaux pèsent lourd sur le Trésor de l'Etat, mais il tient à les maintenir malgré l'épuisement du Fonds de régulation des recettes. Le gouvernement veut appliquer une politique de subvention destinée uniquement aux couches les plus démunies, mais le projet est toujours en cours de réflexion. Plus de taxes sur le carburant, le tabac Le projet de la loi de finances 2018 promet son lot de taxes qui risque de peser considérablement sur le portefeuille des ménages. Les carburants, dont les prix ont déjà augmenté en 2017, vont encore flamber dès janvier 2018. Selon les premières indications, le prix de l'essence sans plomb se situera à 41 DA le litre. L'essence super coûtera 39 DA, et le gasoil 27 DA. Des hausses de taxes vont également concerner les tabacs et les alcools, ainsi que les produits liés à l'Internet et à l'Informatique. Les produits électroménagers «énergivores» ne seront pas exclus des augmentations. A l'instar de ces derniers, les membres de la commission des finances ont introduit un nouvel article qui porte sur l'augmentation des taxes sur les permis de construction de tous types et les plaques professionnelles et publicitaires. L'impôt sur la fortune est désormais appliqué Les riches payeront une taxe sur leur fortune. Tout patrimoine dont la valeur est supérieure à 50 millions DA est soumis désormais à cet impôt, indique le texte portant le PLF 2018. Les biens concernés sont essentiellement les biens immobiliers, les véhicules particuliers d'une cylindrée supérieure à 2 000 cm3 (essence) et de 2 200 cm3 (gasoil), les yachts et bateaux de plaisance, les chevaux de course, les avions de tourisme, les objets d'art estimés à plus de 500 000 DA, les bijoux et pierreries, or et métaux précieux, précise le projet de loi. Cependant, sont exclues de cet impôt, les habitations principales. Le tarif de taxation varie entre 1% et 3,5% en fonction du montant du patrimoine. La répartition des recettes issues de cet impôt est fixée à raison de 60% au budget de l'Etat, de 20% aux budgets communaux et de 20% au Fonds national du logement. Cette nouvelle disposition a été vivement revendiquée par les parlementaires.