Sécurité. L'Europe avait mis sa défense entre les mains de l'Otan. Au dernier sommet de cette organisation, en mai dernier à Bruxelles, le président américain, Donald Trump, n'a pas été tendre avec les membres de l'UE. Il leur a reproché de trop compter sur les Etats-Unis pour les protéger sans mettre la main à la poche. Ce qui a fait toucher du doigt la vulnérabilité du Vieux Continent en matière de défense militaire. Dans le même temps, la Grande-Bretagne, qui est, avec la France, l'une des deux grandes puissances militaires du continent, a décidé de quitter l'Union européenne. Ce qui fragilise d'autant le reste des pays européens et les rend entièrement dépendants, pour leur défense, de l'Alliance atlantique. Plus concrètement, sur les terrains des opérations extérieures, qui engagent la sécurité de toute l'Europe comme le terrorisme, la France n'avait d'autre choix que de s'engager militairement seule. Au Mali, au Sahel, en Syrie, etc. Tout au plus pouvait-elle espérer une aide logistique de certains pays comme l'Allemagne ou la Belgique. Face à cette situation intenable, 23 pays membres de l'UE, ont signé, lundi dernier à Bruxelles, un accord inédit de coopération militaire qui ouvre la voie à la constitution d'une structure de défense européenne commune. Il n'est pas encore question pour l'Europe de s'affranchir de l'Otan, mais c'est un pas vers cet objectif. Le Brexit anglais va donner l'occasion à l'Allemagne de se débarrasser du fardeau historique de la Seconde Guerre mondiale et de penser à se développer militairement aux côtés de la France. «Il était important pour nous, particulièrement après l'élection du président américain [Donald Trump], que nous puissions nous organiser indépendamment, en tant qu'Européens. Ceci est complémentaire à l'Otan, mais nous voyons que personne ne va résoudre à notre place les problèmes de sécurité que l'Europe a dans son voisinage. Nous devons le faire nous-mêmes», a aussitôt fait remarquer la ministre allemande de la Défense Ursula von der Leyen. De son côté, la ministre européenne des Affaires étrangères, Federica Mogherini, ne s'est pas privée de qualifier l'accord signé lundi dernier, d'événement «historique». Alors que l'encre n'avait pas encore séché, les pays signataires sont entrés dans le vif du sujet sans perdre de temps. Plus de 50 projets pour la fabrication de chars, d'avions, de drones, de satellites, etc. ont été déposés. L'industrie militaire européenne est déjà mise en branle. Une industrie dotée d'une enveloppe de près de 6 milliards d'euros dans un premier temps. Dans ce nouveau projet existentiel pour l'Europe, la France (en l'absence de l'Angleterre) fera office de locomotive. Ce qui lui conférera un poids et un rôle plus importants sur la scène internationale. Sans la «tutelle» américaine!