«Les mineurs doivent être préparés pendant leur "séjour" dans les centres de détention». Procurer la meilleure prise en charge aux mineurs dans les milieux carcéraux, est l'un des objectifs de la session de formation qui a débuté, hier et ce jusqu'au 13 de ce mois, au profit d'une cinquantaine de personnes dont des juges de mineurs, des psychologues, des assistants sociaux et des directeurs d'établissements pénitentiaires. Cette formation est surtout axée sur la sensibilisation du personnel de l'administration des centres de détention quant au rôle qu'il doit jouer dans la réinsertion sociale de ces mineurs. Cette session de formation, troisième du genre, s'inscrit, par ailleurs, dans le cadre de l'application de la convention conclue en avril 2004 entre la direction générale de l'administration pénitentiaire et de réinsertion et l'Unicef. Le sous-directeur de la formation et du recrutement dans l'administration du ministère de la Justice, rencontré sur les lieux de la formation, nous a expliqué qu'à travers ce genre de rencontres avec des experts étrangers, le personnel de l'administration et les juges de mineurs prendront davantage conscience de la manière dont il faut se comporter devant des délinquants mineurs. «Les mineurs doivent être préparés pendant leur "séjour" dans les centres de détention à l'insertion et à la réintégration au sein de leurs familles» explique le responsable et d'ajouter: «Les juges ne doivent plus recourir systématiquement à la détention provisoire des délinquants mineurs. Il y a d'autres mesures moins contraignantes qui sont plus adaptées à cette population telles que le contrôle judiciaire ou encore la liberté». L'apport des psychologues et des assistants sociaux quant à la réintégration des mineurs dans la société est important à plus d'un titre. En effet, sombrer dans la délinquance à des âges précoces est un phénomène à ne pas ignorer. Pour balayer les stigmates que portent ces jeunes délinquants et les aider à réintégrer la société exige une mobilisation réelle et efficace des cliniciens et des spécialistes en réinsertion sociale, d'où l'importance, explique le responsable, de telles formations qui ont déjà touché une centaine de personnes. Quant à la représentante de l'Unicef, elle s'est dit ravie de l'intérêt que porte le ministère pour ce genre de formations et son engagement à améliorer la situation des mineurs dans les centres de détention. Pour cette représentante, les intervenants dans ces centres sont tenus de respecter la Convention des droits de l'enfant. Quant à l'aspect psychologique, il doit être omniprésent dans ces centres. La réinsertion de cette frange dans la société doit s'effectuer également par le biais des parents, qui sont tenus d'aider leurs enfants à retrouver une vie plus ou moins normale. Enfin, notre interlocutrice nous informe qu'une expérience sera menée par les scouts pour aider les mineurs à se réinsérer dans la société. Pour en savoir davantage sur la situation des mineurs dans les centres de détention, nous avons contacté maître Belhadri, avocat à la cour d'Oran, ce dernier nous a expliqué que les peines requises contre ces mineurs diffèrent d'un juge à l'autre. Toutefois, il y a parfois des abus de la part des juges, lesquels optent directement pour la détention provisoire. Ce qu'il faut savoir selon lui, c'est que la législation régissant ce secteur est claire et complète. Elle vise la prévention. Ce qui est contraire aux textes américains qui sont plus répressifs. Le problème de notre système réside dans la défaillance des infrastructures d'accueil qui non seulement sont en nombre insuffisant, mais ne répondent pas aux normes exigées. Enfin, notre interlocuteur se demande pourquoi le jugement des mineurs est confié à de jeunes juges débutants. «A mon avis, un juge des mineurs doit d'abord être parent pour pouvoir comprendre et interpréter le comportement de ces délinquants» nous dira maître Belhadri. Pour rappel, le Cnes relève que le nombre de délinquants mineurs ayant commis des délits a atteint 48.000 enfants entre 1998 et 2002, dont plus du quart soit 26,5% en 2002. Le rapport révèle que la tranche d'âge 16-18 ans représente 57% de l'ensemble des jeunes délinquants, suivie des 13-16 ans. Les enfants délinquants de moins de 13 ans sont au nombre de 1050, soit 8 % de l'ensemble. Selon un récent rapport dressé par la direction générale de la Sûreté nationale, 11.000 mineurs ont été arrêtés en 2004 contre 10.800 en 2003.