Deux mois après leur livraison, les tours ne disposent même pas d'ascenseurs opérationnels. Annoncé en grande pompe, la nouvelle de la livraison des derniers logements Aadl à la cité les Bananiers a tourné court. L'effet est plutôt celui d'un pétard mouillé. Une simple virée dans ces lieux nous renseigne sur l'état déplorable dans lequel se trouve cette «cité» qui n'a de cité que le nom. A en juger sur place : deux mois après leur livraison, les logements sont dépourvus des moindres commodités. Sans eau, ni électricité et gaz, ces logements demeurent, pour la plupart, inhabités faute justement de conditions d'une vie décente. Ajouter à cela l'insalubrité des lieux livrés aux rongeurs faute d'entretien. La tour n°22, la première à être déclarée «livrable», présente un visage lugubre. A l'entrée de l'immeuble, vous êtes reçu par une montagne d'ordures, de cartons vides et autres débris. On a pas jugé utile de faire venir les de ménage pour, a-t-on argué du côté du bureau Aadl se trouvant sur site, ne pas «gêner» les sous-traitants sur «chantier». Ainsi, le mot est lâché, nous sommes donc toujours au stade de chantier. Pourquoi avoir déclaré que des tours sont livrables alors que les travaux, ne serait-ce que ceux achevés de finition, ne sont pas encore? C'est ce que la direction de l'Aadl qualifiait alors de «record» dans les délais de livraison. Les locataires ne pouvant supporter cette situation se sont organisés pour faire du bénévolat et débarrasser le palier des ces ordures. Mais faut-il encore leur trouver un endroit pour les déposer. Ainsi ces ordures ont trouvé «abri» dans un des locaux de cet immeuble. Ce qui sidère davantage les locataires est le fait de payer des charges sans contrepartie. «Le jour où je me suis présenté pour réclamer, un responsable de cette boite m'a déclaré que ces redevances m'ont été signifiées dans le contrat, donc je suis obligé de les payer» clame un citoyen qui n'a pas hésité à qualifier «c'est du vol». A vrai dire on a versé dans la précipitation, sinon comment expliquer que deux mois après les avoir déclarées «livrables», les tours ne disposent même pas d'ascenseurs opérationnels. A la tour n°22 qui est dite livrable un ascenseur est au stade du réglage et l'autre au montage. Pour les autres tours, les ascenseurs ne sont même pas montés. Un locataire rencontré sur les lieux nous a déclaré «je n'ai même pas ramener ma mère pour pousser les youyous de la baraka du moment que j'habite le dernier étage, et l'ascenseur ne fonctionne toujours pas». Le comble c'est que malgré cet état déplorable, des familles se sont installées parce qu'elles n'avaient pas d'autre choix. C'est le cas de Yasmina qui ayant vécu plus de 30 ans avec sa belle-mère et ces cinq enfants dans un étroit F2 n'a pas eu d'autre alternative que de venir «habiter» pour ne pas dire «co-habiter» avec l'indécence. «Je ramenais l'eau du chantier, heureusement que j'habite à l'étage inférieur», nous déclare-t-elle. Ces habitants sont décidés à faire bouger les choses en se constituant en comité pour défendre leurs droits.