«Par le biais de modifications flagrantes des PV du vote, le MSP s'estime spolié de sa victoire dans près d'une vingtaine de communes...». Le président du MSP, Abdelmadjid Menasra, a souligné hier lors de sa conférence de presse que «durant l'opération de vote, il y avait non pas des dépassements, mais carrément de la fraude électorale». «A la partialité de l'administration, des encadreurs menant campagne à l'intérieur des bureaux et centres de vote, distributions de cartes d'électeurs à proximité des centres de vote, s'ajoute le trafic de procès-verbaux(PV) du vote, qui est un dépassement grave», a-t-il fulminé. Par le biais de modifications flagrantes des PV du vote, sous l'oeil complice de certains magistrats, le MSP s'estime spolié de sa victoire à travers près d'une vingtaine de municipalités sur le territoire national, notamment à Oran, Batna, Annaba, Tlemcen et dépouillé de quatre sièges APW obtenus à Constantine». Menasra a cité l'exemple des deux communes de Réghaïa et de Bordj El-Kiffan à Alger, où le MSP a été privé de la victoire. «A Réghaïa la différence de voix entre le MSP, qui a obtenu la majorité au niveau de cette commune et son poursuivant le FLN a été réduite de 468 à 38 voix», a-t-on expliqué. Pris d'assaut par les contestataires des résultats des élections locales, le siège de la commune de Bordj El Kiffan demeure bloqué et sous une vive tension, a-t-il fait savoir. Malgré la fraude, le MSP n'est pas près de changer sa stratégie «participationniste» aux fins, dit-il, «de continuer à proposer une alternative et rester à côté du peuple». Il a fustigé la promptitude «de certains médias à en découdre avec les islamistes». «Sans justifier leur lecture par des chiffres concrets, certains médias ont hâtivement déduit, après l'annonce des résultats, un recul des islamistes aux élections locales, sans toutefois apporter la précision», a-t-il martelé. «Illustrant l'incohérence de ces analyses, le MSP a enregistré une évolution positive sur tous les plan lors de ce scrutin», a-t-il fait savoir. Dans sa comparaison, Menasra appuie ses propos: «L'ex-HMS est passé de 29 communes en 2012 à 51 communes en 2017, soit une progression de 40%. Le MSP avec l'AAV, se retrouvait dans 16 APW en 2012 alors qu'en 2017 le MSP seul se retrouve dans 23 APW. Le nombre d'élus locaux est passé de 1 270 à 1385 entre 2012 et 2017. De même que le nombre de voix obtenues a connu une progression de 62%, il est passé de 545.600 à 650.000 voix alors qu'il n'était que de 3930 lors des dernières législatives». Il a dénoncé «l'implication arbitraire et dangereuse de l'armée dans la scène électorale en faveur des partis au pouvoir». «Cela participe de l'exploitation abusive des moyens et des institutions de l'Etat en faveur de certains partis», déplore-t-il. «C'est le cas à Tindouf et à Illizi et dans d'autres wilayas», a-t-il indiqué. «Ce qui a été rapporté par les médias constitue la première preuve sur la généralisation de la fraude», a-t-il souligné. En second lieu, indique-t-il: «Le fait que le président de la Commission nationale d'organisation des élections, qui n'est autre que le Premier ministre, s'est plaint de la fraude, constitue une preuve supplémentaire sur l'ampleur de ce fléau dangereux et inquiétant». «Devant ce spectacle de trucage affligeant, le pouvoir exige des partis de l'opposition d'apporter leurs preuves», s'est-il lamenté. A travers son allocution, il a relevé «la persistance à perpétuer le même paysage politique suranné à chaque élection». Pour Menasra «le double scrutin local ne fait pas exception, car la carte politique reste inchangée». «Le changement ou la recomposition du paysage politique est pratiquement impossible en Algérie. Cela d'une part, de l'autre, dégager des solutions à la crise politique, économique et sociale du régime et aux crises dont souffrent les municipalités en recourant à l'urne est presque chimérique», a-t-il déploré. Il a également rappelé que «le gouvernement reconnaît lui-même que la majorité des communes, soit environ 1000 sur les 1541 existantes sont déficitaires». De même, la gestion est jugée «rétrograde» au niveau de ces communes, souffrant également «de crise de légitimité et de tensions tribales», a-t-il indiqué. «Ce n'est pas la première fois que le MSP est victime du système de fraude électorale, qui semble fonctionner mieux que tous les autres éléments ou fondements du système», a-t-il ajouté. La formation du défunt Mahfoudh Nahnah considère «le processus électoral comme l'unique voie menant vers le changement démocratique».