La sécurité énergétique du pays au-delà de 2030 tributaire du niveau de l'utilisation des énergies renouvelables. «La loi actuelle sur les hydrocarbures doit être renforcée si l'on veut accélérer le processus de transition énergétique rendu nécessaire car le modèle énergétique actuel du pays, basé sur la consommation des ressources limitées, ne pourra fonctionner indéfiniment» a estimé Mohamed Bouzriba,directeur général de l'Agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l'utilisation de l'énergie (Aprue). Ce dernier, qui se prononçait en marge d'un séminaire sur l'efficacité énergétique dans le secteur de l'industrie qui s'est tenu, hier, au siège du ministère de tutelle reste convaincu «que le pays doit engager une transition énergétique vers la sobriété et l'utilisation des énergies renouvelables au plus vite si l'on veut garantir la sécurité énergétique du pays au- delà de 2030». C'est d'ailleurs ce qu'avait souligné Mustapha Guitouni ministre de l'Energie dans son discours d'ouverture du séminaire. Le ministre a en effet indiqué que «compte tenu du fait que nos ressources fossiles sont limitées, la stratégie du gouvernement en la matière va s'appuyer sur les énergies renouvelables. Et dans ce cadre, l'Exécutif compte soutenir, développer et diversifier ses ressources énergétiques. Car le pays n'a pas d'autres modèles énergétiques de transition que de basculer vers des énergies alternatives ou les énergies renouvelables, notamment le solaire, seront une composante importante du mix-énergétique et de développer des systèmes productifs plus efficaces et moins énergivores».Dans cette perspective, selon le ministre, le gouvernement a élaboré un programme national pour le développement des énergies renouvelables. «Il vise la production de 22.000 mégawatts à l'horizon 2030 pour les besoins du marché national. Ce qui va porter la production d'électricité à partir des énergies renouvelables à 27% à l'horizon 2035-2040. Pour l'heure, 400 mégawats sont produits à partir de l'énergie solaire et sont distribués à travers 14 wilayas» a instruit le ministre. De son côté le Dg de l'Aprue a, dans son exposé, mis en exergue l'intérêt du pays à préparer convenablement sa transition énergétique et l'efficacité énergétique. Et sur ce dernier point il a estimé que des secteurs comme celui du bâtiment, du transport et de l'industrie doivent dès à présent s'inscrire dans cette démarche. «Dans le secteur du bâtiment les promoteurs immobiliers sont appelés à multiplier l'usage de matériaux qui puissent diminuer la consommation électrique. C'est d'ailleurs faisable car le pays dispose de minerais qui entrent dans la composition de matériaux qui permettent de moins consommer» a indiqué le responsable de l'Aprue. Toujours à propos de l'efficacité énergétique dans le bâtiment il a rappelé que son agence compte lancer un projet pilote de 5000 logements «qui pourra servir de modèle au promoteur immobilier intéressé» a-t-il avancé. Concernant les secteurs du transport et de l'industrie, Mohamed Bouzriba a, la aussi, suggéré à ce qu'une bonne partie de leur consommation d'hydrocarbures soit remplacée par les énergies renouvelables. «Un transfert partiel de leur source énergétique qui ne nécessite pas un trop grand financement. Mais pour ce faire il va falloir amener de la visibilité aux investisseurs potentiels. C'est d'ailleurs l'objectif de ce séminaire» a indiqué le DG. L'Aprue vise en effet à travers ce séminaire à sensibiliser les industriels algériens sur la nécessité de s'approprier les outils et les instruments à même de leur permettre de gérer de manière efficiente l'utilisation de l'énergie, de leur expliquer les enjeux de l'efficacité énergétique. De même, de les inciter à adhérer au programme d'efficacité énergétique mis en oeuvre par l'Aprue. Il convient de rappeler enfin que la demande nationale d'énergie croit régulièrement pour répondre aux besoins d'une population qui augmente et dont le niveau de vie progresse. En 2005, la population algérienne était de 33 millions d'habitants et la consommation d'énergie de 17 millions de tonnes équivalent pétrole(Tep), soit 0,51 tep par habitant et par an. En 2015, pour une population de 40 millions d'habitants, elle s'est élevée à 58 millions tep, soit 1,45 tep par habitant et par an. En 2030, elle devrait avoisiner 2 tep par habitant et par an (avec un scénario laisser faire), pour une population de 50 millions d'habitants et une consommation d'environ 100 millions de tep.