Des experts et des dirigeants africains ont appelé, hier à Abidjan, à appliquer sur le terrain les décisions qui seront prises lors du sommet Union africaine-Union européenne, prévu aujourd'hui et demain, faisant observer que la quasi-totalité des décisions prises auparavant était restée «lettre morte». Ces mêmes experts ont relevé dans des déclarations, citée par l'APS que le sommet d'Abidjan intervient dans un «contexte particulier», faisant part de leur souhait que le thème retenu, à savoir «Investir dans la jeunesse pour un développement durable», soit «concrètement appliqué».En ce sens, le Commissaire de l'Union africaine à la paix et à la sécurité, l'Algérien Smaïl Chergui, a relevé que ce 5e sommet intervient dans un «contexte particulier» pour la coopération multilatérale entre l'UA et l'UE qui connaît, a-t-il relevé, «des difficultés dues à plusieurs facteurs». Qualifiant cette rencontre de «rendez-vous important», M. Chergui a indiqué que les participants au sommet accorderont «une importance capitale aux questions de la jeunesse, l'emploi, la paix et la sécurité», soulignant que l'Afrique aspire à «donner une autre dimension à la coopération UA-UE». Il s'agit de déterminer les activités à entreprendre ensemble afin de changer la situation au lieu de ne prendre que des décisions sans suite, a-t-il expliqué, affirmant que l'Afrique est dans «le besoin de concrétiser ce qui a été décidé auparavant». Pour le Commissaire de l'Union africaine, «il n'est pas possible de parler de jeunesse tout en ayant à l'esprit ce qui s'est passé en Libye, notamment les images choquantes diffusées par plusieurs chaînes de télévision». «Ces images exercent une forte pression sur les participants au sommet d'Abidjan, lesquels doivent réagir afin de donner espoir aux jeunes africains à travers des décisions qui seront surtout appliquées sur le terrain», a-t-il dit. De son côté, le vice-Premier ministre de la République démocratique du Congo en charge des Affaires étrangères, Léonard She Okitundu, a estimé que lors de ce sommet, la question sécuritaire qui concerne tous les pays «sera inévitablement abordé», tout en mettant l'accent sur la jeunesse. «Les flux migratoires des jeunes fuyant le continent africain, à la recherche de l'Eldorado, se sont transformés en mésaventures, avec la perte de plusieurs vies humaines en mer», a déploré M. Okitundu. Il a estimé que l'arrêt des flux migratoires «reste tributaire de la question du développement du continent», expliquant qu'il s'agit de fournir du travail et de l'emploi au jeunes pour leur «redonner espoir et les amener à rester dans leurs pays respectifs au lieu de tenter l'aventure». «La question du développement nous renvoie à la problématique des moyens qu'il faut mettre en place à la disposition des pays africains pour contribuer à leur développement économique et amener ainsi les jeunes à se sédentariser et leur éviter des mésaventures au péril de leur vie», a recommandé encore le vice-Premier ministre congolais. Faisant le lien avec ce qui s'est passé en Libye en matière de la traite humaine, M. Okitundu a fait observer le gouvernement libyen «ne doit pas être mis en cause, mais il faut plutôt s'attaquer aux réseaux opérationnels qui provoquent ces actes ignobles et inacceptables». Pour ce qui est de ses attentes du sommet d'Abidjan, le vice-Premier ministre de la RDC a fait part de son souhait de trouver un compromis entre l'UA et l'UE avec l'ambition de voir la coopération entre ces deux continents soit «adaptée au contexte actuel qui exige de faire montre davantage d'audace et d'innovation». Pour sa part, l'ambassadeur de Tanzanie auprès de l'Union africaine à Addis-Abeba, Naimi-Sweetie Hamza-Aziz, a estimé que le thème choisi pour ce sommet est «très important», mettant l'accent sur «l'impératif de prendre en charge la jeunesse africaine en lui offrant des moyens d'enseignement et d'accès aux nouvelles technologies». «Il est nécessaire de fructifier les rôles et les capacités de la jeunesse dans le développement et l'investissement, car elle constitue une richesse pour l'Afrique en matière de développement et de croissance», a précisé Mme Hamza-Aziz. Le sommet d'Abidjan qui devrait enregistrer la participation de plus de 5 300 délégués, verra aussi la présence de 83 chefs d'Etat et de gouvernement représentant 55 pays d'Afrique et 28 pays d'Europe, ainsi que des délégations des pays invités, de la Commission de l'UA, de la Commission de l'UE, des Organisations internationales, régionales et sous-régionales.