Les représentants de cinq pays d´Europe du Sud - le Portugal, l´Espagne, la France, l´Italie et Malte- et les autorités de cinq pays d´Afrique du Nord - l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Mauritanie et la Libye - tiennent, à Paris, leur quatrième conférence ministérielle informelle. Les participants à cette conférence, qui a commencé hier et dont la clôture est prévue pour aujourd'hui, auront à aborder la lancinante question relative à la gestion des flux migratoires. En ce sens, le ministre algérien délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M.Abdelkader Messahel, a, dans une déclaration à l'APS, affirmé que cette rencontre portera principalement sur trois principaux thèmes, à savoir la gestion des flux et des compétences (migrations de travail et mobilité), l´accueil et l´intégration des migrants légalement établis dans les pays du Nord, et la coopération et le développement. Cette réunion intervient au moment où les pays de l'Europe de l'Ouest, la France en particulier, retiennent leur souffle face à l'une des crises migratoires les plus accablantes. Les derniers événements qu'a vécus la capitale française poussent en effet, non seulement les Français, mais aussi l'ensemble des gouvernements des pays de la rive de l'Europe du Sud, à penser à l'élaboration d'une politique plus pertinente et plus souple vis-à-vis des flux migratoires, notamment africains. D'autant plus que ces pays font aujourd'hui face à l'une des crises sociales les plus aiguës de leur histoire. En outre, lors de cette réunion, les représentants des 5+5 reviendront certainement sur les derniers événements qu'ont connus les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, au Maroc, où les militaires marocains ont tiré sur des immigrés clandestins subsahariens. M.Messahel a souligné qu´il faut une approche globale, intégrée et équilibrée de la migration, basée sur l´amitié, la solidarité, la coopération et le développement. Pour ce qui est de la migration clandestine, le ministre a souligné qu´il ne s´agit pas de l´aborder uniquement à partir de l´aspect sécuritaire, mais de réfléchir aux causes de ce phénomène qui est profondément lié au sous-développement du continent africain, «d´où l´urgence d´accompagner les efforts de développement en Afrique, notamment le Nepad à travers des actions concrètes». Il convient de souligner dans cette optique que le processus de Barcelone signé, en 1995, entre l'Union européenne et quelques pays africains, n'est, selon toute vraisemblance, qu'un processus «sécuritaire».Il réduit les pays du Maghreb à une simple barrière servant à arrêter le flux migratoire africain à destination du Vieux Contient. Abdelkader Messahel a estimé également que l´aide au développement doit être «repensée» et mieux adaptée aux objectifs du millénaire. Il a, d´autre part, indiqué que la réunion des deux troikas UE/UA, prévue à Abuja, début décembre avec pour ordre du jour, migration, développement et relance de la relation UE/UA, y compris un sommet, sera l´occasion pour l´Union africaine d´approfondir le dialogue sur des questions sensibles et notamment la migration. Par ailleurs, le ministre algérien chargé des Affaires maghrébines et africaines a précisé que l´Algérie, qui a assuré la présidence de la 3e réunion durant la période 2004-2005, présentera un bilan axé sur la concrétisation de plusieurs actions. L´Algérie a également été chargée de présenter le second point de la rencontre portant sur l´accueil et l´intégration des migrants légalement établis dans les pays d´accueil.