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La patrie de l'habéas corpus dans la tourmente
FACE AU TERRORISME
Publié dans L'Expression le 13 - 07 - 2005

«Il n'y a point de nations au monde, pour rudes et incultes, sauvages et barbares [...] qu'elles soient, et même parfois proches des bêtes brutes, qui ne puissent être persuadées, amenées et réduites à un ordre policé, et devenir paisibles envers les autres hommes, à condition d'user à leur égard de moyens appropriés et de suivre la voie digne de l'espèce humaine, à savoir amour, mansuétude et douceur, sans jamais s'écarter de cette fin». Bartholomé de Las Casas, «Apologetica historia de las Indias», 1555 -1559
Réagissant depuis Gleneagles, en Ecosse, en plein sommet des pays les plus riches, après les quatre attaques intervenues à Londres, le président George Bush a estimé que «la guerre contre le terrorisme continue». Il a associé ses partenaires du G8 à sa vision de l'action à mener: «Nous trouverons les coupables. Nous les traduirons en justice. Et en même temps, nous répandrons une idéologie d'espoir et de compassion qui vaincra leur idéologie de haine.»
Nous reviendrons sur la vraie compassion. Naturellement, les boutefeux ne s'y sont pas trompés, c'était l'occasion rêvée d'attiser la haine. Ainsi, le mouvement ultraconservateur Move America Forward a lancé un mot d'ordre: «Les attentats de Londres sont un rappel : nous devons tous soutenir la guerre antiterroriste.» Comme le 11 septembre 2001 à New York et à Washington, ou le 11 mars 2004 à Madrid, les auteurs des attentats de Londres ont voulu délivrer un même message: la guerre est ouverte, le champ de bataille sans limites. Nul n'est à l'abri, préviennent les auteurs de la revendication des attentats de Londres. Parce qu'en Mésopotamie, le Royaume-Uni est l'allié indéfectible des Etats-Unis, il serait une cible jugée légitime sur son propre territoire, à laquelle il faudrait administrer une manière de «leçon».(1)
«Les radicaux perçoivent les valeurs occidentales comme une agression contre leur identité, contre l'islam. Mais tandis que l'humiliation des chefs est de l'ordre du symbolique, celle des recrues, touchées également par la crise économique, est réelle» note le sociologue spécialiste de l'islam politique Farhad Khosrokhavar.
C'est vrai dans les pays musulmans, mais aussi dans les pays occidentaux, où les communautés musulmanes sont tenues, ou s'estiment tenues, dans un certain mépris, tout en ayant à affronter, avec plus de difficultés encore, les problèmes endogènes aux sociétés occidentales dans lesquelles elles vivent. Il est vrai que de la Palestine à l'Irak, en passant par l'Afghanistan, le soutien fourni par l'Occident à des régimes arabes et musulmans dictatoriaux ou totalitaires, ne fait qu'exacerber les haines de cet Occident qui a un langage ambivalent et pour qui la mort d'un Occidental est de loin plus importante que celle d'un musulman. En conséquence, les sentiments hostiles, en particulier envers la superpuissance américaine.
Il est tout aussi vrai que l'échec des idéologies de gauche et/ou nationalistes a entraîné dans ces pays un mouvement massif de repli sur la religion. Tous les islamistes ne sont pas pour autant partisans de la violence. Il s'en faut. C'est à leurs marges que se sont constitués les groupes radicaux, un peu comme le furent en leur temps les Brigades rouges italiennes ou la Rote Armee Fraktion allemande et l'armée rouge japonaise, aux limites de l'ultragauche.(1).
Il est vraisemblable, selon Farhad Khosrokhavar, que les auteurs des attentats de Londres aient bénéficié d'une triple dimension: une affiliation plus métaphorique que réelle avec le réseau terroriste Al-Qaida, des liens avec certains groupes radicaux d'origine pakistanaise et d'autres avec des factions du même type d'origine maghrébine. D'autant que la capitale britannique a longtemps été le point de chute de nombreux activistes islamistes de différentes nationalités, pourchassés dans leurs propres pays. C'est d'ailleurs l'un des griefs retenus contre la Grande-Bretagne par certains pays, tels l'Arabie Saoudite et l'Egypte, qui ont maintes fois réclamé de Londres, mais en vain, compte tenu de l'habeas corpus britannique, l'extradition de leurs concitoyens jugés extrémistes. Il y a fort à parier qu'ils reviendront plus que jamais à la charge aujourd'hui.
«Malgré leur grande capacité de nuisance, conclut Mouna Naïm,, ces groupes extrémistes, insiste le sociologue, sont d'infimes minorités au sein des communautés musulmanes du Royaume-Uni, lesquelles redoutaient précisément une ou d'éventuelles actions terroristes qui jetteraient le discrédit sur elles et sur les musulmans d'Europe et provoqueraient une vague d'islamophobie».(1).
Les fausses réponses de l'Occident
Dans un éditorial pertinent le journal Courrier International s'inquiétait à juste titre du sort fait aux prisonniers de Guantanamo, il faisait le parallèle avec le droit des animaux aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Ecoutons-le: Combattre l'élevage industriel des gallinacés est une chose (indispensable). Enoncer des droits pour les animaux en est une autre, plus complexe. D'ailleurs, avant de s'occuper de nos amies les bêtes, nous devrions sans doute commencer par nettoyer devant notre porte, avec les droits des humains. Les Américains, qui sont très en pointe sur les droits animaliers, s'inquiètent-ils assez de ce qui se passe dans leur arrière-cour, à savoir dans l'enclave de Guantanamo? A plusieurs reprises, Courrier international a publié, depuis janvier, des articles sur cette zone de non-droit où sont parqués, un peu à l'image des poules, quelque 700 présumés terroristes, pakistanais, afghans, britanniques... Début juillet, les autorités américaines ont décidé de faire passer six de ces prisonniers en jugement, devant un tribunal composé de militaires. Enfin, des tribunaux où la peine de mort est possible. «Injuste, peu avisé et très peu américain: pourquoi les tribunaux des terroristes sont une erreur», tel est le titre explicite de The Economist cette semaine. Alors que Washington tente, par une série d'accords bilatéraux, d'empêcher qu'un jour un militaire américain ne soit traduit devant la Cour pénale internationale pour d'éventuels crimes, il est vraiment mal venu de placer des militaires à la tête de tribunaux d'exception.(2).
Il est vrai que «le Patriotic act» était passé par là. Pourtant, comme l'écrit Jean Claude Paye: «Ce que George W.Bush n'a pas réussi à imposer au niveau des Etats-Unis, la possibilité pour le gouvernement de prendre, dans le cadre de la lutte antiterroriste, des mesures remettant en cause le droit des citoyens de disposer d'eux-mêmes, Tony Blair est parvenu à l'imposer au sein du Royaume-Uni».(3).
Tony Blair, à qui tout réussissait avant les attaques (réélection, désignation de Londres pour les jeux Olympiques de 2012, croissance ), et dont le pays assume à partir du 1er juillet la présidence de l'Union pour six mois, déclarait récemment qu'un «modèle social» qui tolère 20 millions de chômeurs doit être révisé. La défense du modèle social français est une vieille histoire. Tony Blair, l'homme de la «Troisième Voie», contesté dans son propre parti, a fini par s'imposer comme une référence sur l'Europe et sur la compétition économique.
Pourtant du point de vue sécuritaire, «La nouvelle loi», The Prevention of Terrorism Bill, votée le 11 mars, modifie le Terrorism Act 2001, autorise la détention illimitée d'étrangers, sans preuves et sans jugement. Ce faisant, le premier ministre anglais est parvenu à étendre aux individus disposant de la nationalité britannique toute une série de procédures d'exception qui remettent en cause les libertés individuelles de tous les Britanniques.
Elle permet au ministre de l'Intérieur de prendre des mesures de contrôle pouvant conduire aux arrêts domiciliaires d'une personne, lorsqu'il «a des raisons fondées de soupçonner qu'un individu est ou a été impliqué dans une action liée au terrorisme». Le champ d'application est très large, quasi illimité et totalement incontrôlable. Qu'est-ce une activité liée au terrorisme? Est-ce, par exemple, avoir hébergé des personnes, qui plus tard seront soupçonnées de participer ou d'avoir eu l'intention de participer à des actions terroristes désignées comme terroristes ou faire partie d'un comité de soutien de prisonniers politiques?
Pourtant The Prevention of Terrorism Bill 2005 fait suite à un jugement émis, le 16 décembre 2004, par la cour d'appel de la Chambre des lords. La plus haute instance judiciaire britannique considérait comme illégale et contraire à la Convention européenne des droits de l'homme la détention illimitée, sans inculpation et sans procès, d'étrangers soupçonnés d'activités terroristes. Il considérait aussi comme discriminatoire la distinction entre étrangers et nationaux. The Prevention of Terrorism Act 2005 se présente donc comme non discriminatoire, puisqu'il concerne tout autant les citoyens britanniques que les étrangers. Cette loi met fin à un double système d'organisation juridique: Etat de droit pour les nationaux et violence pure pour les étrangers. La suppression de l'habeas corpus («Que tu aies ton corps») est généralisée à l'ensemble des habitants.
On entre dans un état d'exception généralisée.(3).
L'Islam cet inconnu
Sans vouloir épouser les thèses discutables et non innocentes de Samuel Huntington, il faut bien convenir que le choc de civilisations qu'il annonce, ne date pas d'aujourd'hui. Dès son avènement, l'Islam a toujours été confronté au christianisme ; les différents papes n'ont jamais cessé d'attiser la haine entre les musulmans et les chrétiens.
Ainsi, La coalition occidentale la «sainte ligue» sous l'égide du pape, devait naturellement aboutir à la défaite turque à la bataille de Lépante en 1571. Parallèlement, il est d'usage d'expliquer à partir de cette date le déclin progressif des Régences qui subissent alors chute sur chute jusqu'à la conquête française présentée par les historiens français comme la libération de la Méditerranée du fléau turc qui l'avait terrorisée pendant trois siècles.(4).
«A la longue, écrit sir Geoffroy Fisher, les termes de musulman et de pirate en viennent à être synonymes. Même la bataille de Lépante que l'on considère comme une des batailles les plus importantes et les plus décisives de l'histoire et le point culminant d'une longue série de croisades, a été présentée comme un effort conjoint déployé en vue d'écraser la piraterie musulmane».(5).
L'imagerie facile de l'Occident sur l'Orient a souvent montré l'Empire ottoman sous les traits les plus sombres du fanatisme religieux. Pourtant, comme l'écrit G.Corm, cet Empire peut compter parmi les grandes réussites de l'histoire et le plus souvent un modèle de tolérance et de pluralisme. A son ombre, vécurent en bonne intelligence et sans la moindre contrainte religieuse ou culturelle plusieurs ethnies et minorités que sa souveraineté englobait: Arméniens, Kurdes, Berbères, Serbes, Monténégrins, Croates, Roumains, Hongrois, Grecs, Arabes, Chrétiens du Proche-Orient, et Juifs. Ces mêmes Serbes qui ont «génocidé», il y a 10 ans, 10.000 Bosniaques (même les enfants) en quelques jours, dont le seul tort était d'être musulmans. Ironie du sort, le dixième anniversaire est passé d'une façon clandestine au détriment des morts autrement plus importants de Londres. Les assassins serbes courent toujours.
C'est la poussée de l'Occident en Orient à partir du XVIIIe siècle, mais surtout du XIXe siècle qui met l'Empire Ottoman sur la défensive et l'oblige à abandonner sa politique traditionnelle de tolérance ethnique et religieuse. La France et l'Angleterre cherchent à se créer des appuis parmi les sujets de l'Empire en excitant leurs particularités ethniques et surtout religieuses, les encourageant ainsi à se révolter. C'est ainsi que naît au siècle dernier la «question d'Orient». En fait, comme l'écrit l'historien anglais Toynbee, ce n'est pas une «question d'Orient» mais une «question d'Occident» insistant de ce fait sur les rivalités de ces puissances colonialistes voulant se disputer la dépouille de l'Empire ottoman «l'homme malade de l'Europe», selon l'expression du Tsar Nicolas II. On notera qu'à cette époque, personne ne mettait en cause l'européisme de la Turquie...Il a fallu attendre 2004 pour qu'on découvre qu'elle ne l'est pas, et que si elle en faisait partie, cela se saurait!!!(4).
Les nouveaux Barbares
Il y a une autre lecture complémentaire qui est celle du sort fait aux musulmans en Europe. Venus pour la plupart des anciennes colonies, ils ont par la force des choses un statut de «dhimmis» avec une tolérance minimale. A titre d'exemple, nous allons traiter de quelques avatars des indigènes de la République en France. Le même sort est d'ailleurs celui des «Turcs en Allemagne»
A propos des émigrés musulmans, de ces français de seconde zone, Bernard Dréano, président du Cedetim (Centre d'études et d'initiatives de solidarité internationale) écrit Les barbares sont sous nos murs, paraphrasant le titre de l'ouvrage de Constantin Cavafys(6). Il paraît, poursuit-il, même que certains sont déjà dans nos murs. Ils portent dans leurs yeux la haine et dans leurs coeurs la guerre, une guerre qu'ils appellent Djihad. Et nous avons peur, peur de ces furtives qui se cachent sous des voiles noirs et refusent de montrer jusqu'à leurs visages, peur de ces jeunes garçons hâbleurs dont les bêtises adolescentes semblent soudain armées du glaive de la foi. Les barbares sont de retour, nos barbares, nos ennemis familiers, ceux du croissant contre la croix, ceux du fellagha contre la France. Ceux de l'obscure régression à laquelle nous opposons notre lumière du progrès, comme toujours au nom de l'universel. Ils pourraient même, modernes vandales, ruiner l'édifice de liberté que nous avons tant de mal à construire et à préserver et que nous appelons République.(7).
«...Certains autres de mes amis, ou de mes camarades de longue date, participent sans vergogne à ces excommunications brutales, ou du moins les approuvent tacitement. Est-ce parce que j'ai signé l'appel aux assises dites des indigènes de la République qu'ils évitent mon regard, s'abstiennent de répondre à mes arguments, quand je leur dis que les barbares ne sont pas là où ils le pensent?... Les "barbares" que ces militants pensent, de cette manière, combattre, c'est-à-dire les islamistes radicaux, s'effondrent de rire devant pareil contresens ! Et ils se réjouissent du champ qui se libère progressivement devant eux puisque est ainsi démontré qu'un musulman qui veut participer en tant que tel au mouvement social de la société dont il fait partie, sur les bases même de ce mouvement, sera grossièrement rejeté à moins d'abjurer son identité!»
...Ils appliquent la même méthode que Jean Christophe Ruffin qui écrit dans un rapport officiel que les «jeunes issus de l'immigration» qui refusent les valeurs républicaines «rejoignent divers mouvements radicaux» marqués par «l'antisionisme moderne né au confluent de luttes anticoloniales, antimondialisation, antiracistes, tiers-mondistes et écologistes». Car effectivement, mes amis et moi, sommes nés politiquement de cette confluence. Et le journal le Monde surenchérit dans la même veine quand il rapproche en première page l'appel des «indigènes de la République» des expressions antisémites de Dieudonné et explique que ledit appel est soutenu par des extrémistes propalestiniens. Jean-François Kahn y ajoute une touche de délire, lui qui voit dans cet appel un «monstre», «l'émergence et l'affirmation (...) d'une gauche réac, antirépublicaine, cléricale, antilaïque, communautariste et ethniciste».(7)
Comment peut-on croire ainsi, devant ce déni de justice partout en Europe, au prêche sur la générosité de la République envers «ses enfants», l'égalité des chances, le respect des identités culturelles et cultuelles quand au quotidien, les injures racistes, les non-dits, le phénomène «plafond de verre» concernant l'emploi sont là pour rappeler au français de confession musulmane qu'il n'est pas intégré dans cette République qui ne veut de lui que s'il abdique ses repères identitaires et religieux au besoin en changeant de nom.
On dit souvent que les millénarismes sont porteurs de tous les dangers. Les peurs de l'an 1000 sont restées célèbres. Celles de l'an 2000 sont toutes aussi inquiétantes. Toutes les analyses faites en Occident se basent sur la certitude que seuls eux sont dépositaires de la Vérité et qu'en l'occurrence, s'agissant du terrorisme, au lieu de combattre les causes, on combat les effets sans chercher quelles seraient les explications possibles, les solutions possibles en dehors de la confrontation génératrice de sang, de larmes et de douleurs sans, naturellement, mettre fin à cet état. La vraie compassion dont parle G.W. Bush ne devrait pas, selon nous, être à géométrie variable et n'être valable qu'entre gens civilisés -entendons par là les Occidentaux-. Pourtant au-delà du fait que nous sommes tous issus d'une même Eve qui aurait vu le jour dans la Corne de l'Afrique, il y a quelque 7 millions d'années, il faudrait peut-être s'interroger sur cette mal vie spirituelle et sur cette inquiétude face à néant. A titre d'illustration, un sondage réalisé en France révèle que même parmi les scientifiques réputés -mécréants-, la moitié des chercheurs du Cnrs déclarent avoir la foi ou quelque chose qui s'en approche. «Et 70% d'entre eux s'accordent à penser que la science ne peut à ce jour exclure ou réhabiliter l'idée de Dieu. Ainsi, même si on a longtemps pensé que la science allait chasser la fonction religieuse, c'était une erreur», comme le souligne l'astrophysicien Hubert Reeves.(8).
Science et religion n'abordent pas les mêmes questions: la science décrit les phénomènes, les mécanismes, les principes auxquels nous sommes soumis. en un mot le comment de notre existence. Cependant, notre soif de signification et d'espérance n'est pas prise en compte par la science car on ne sait pas l'introduire dans les équations! (Pierre Karli, Académie des Sciences). La foi, de son côté, s'intéresse aux questions existentielles concernant le sens de notre vie ici-bas et dans l'au-delà, l'existence de Dieu, notre relation avec Lui, en un mot le pourquoi de notre existence. Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien? Pourquoi l'univers est-il apparu?
Aucune loi physique déduite de l'observation ne permet de répondre... Les physiciens peuvent remonter jusqu'à 10-43 seconde, mais pas au-delà. Avant ce temps extrêmement faible, c'est le mystère total. La science, avec toutes ses lois, n'expliquera jamais comment on passe de rien à quelque chose, ne fût-ce que le premier atome.(9)
L'errance religieuse et le désordre mondial
En revanche, elle a découvert que toutes les forces et les constantes physiques qui régissent l'univers sont très minutieusement ajustées. A titre d'exemple: augmentez de 1% la force nucléaire qui contrôle la cohésion du noyau atomique, et vous n'aurez plus d'hydrogène, donc plus d'eau, ni d'A.D.N., et par conséquent plus de vie ! Diminuez cette force de 1%, et vous rendrez impossible toute fusion nucléaire, donc plus d'étoiles, plus de soleil, et par conséquent plus de vie! Ainsi pour expliquer la fabuleuse précision du réglage, il faut postuler l'existence d'un principe créateur et organisateur. Telle est la conclusion de l'astrophysicien Trinh Xuan Thuan. Il compare même la probabilité que notre univers soit issu du hasard à celle d'un archer réussissant à planter sa flèche au milieu d'une cible carrée de 1 cm de côté et située à l'autre bout de l'univers.
Autant dire que cette probabilité est quasi nulle et que l'origine de la vie paraît actuellement tenir du miracle, tant il y a de conditions à réunir pour la mettre en oeuvre. (Francis Crick. prix Nobel de biologie). A ce stade, nous atteignons les limites de la science. L'étape suivante n'est pas de son ressort, mais de celui de la foi: Par la foi, nous comprenons que l'univers a été harmonieusement organisé par la parole de Dieu, et qu'ainsi le monde visible tire son origine de l'invisible.(10)
Si nous sommes issus du hasard, ou d'une soupe cosmique bien impersonnelle, nous n'aurons de compte à rendre à personne, et nous resterons les petits maîtres de notre vie, comme l'exprimait Sartres: Il n'y a rien au ciel, ni bien, ni mal. ni personne pour me donner d'ordres, car je suis un homme, Jupiter, et chaque homme doit inventer son chemin! Si par contre nous sommes créés par Dieu, quelles seront les implications dans nos vies? Mais quoi qu'il en soit: Tiens compte de ton créateur...(11), de Celui qui t'a donné la vie et te déclare: Tu as du prix à mes yeux... Je t'aime(12).
Le fait religieux que la science conquérante mais aussi la mondialisation veut évacuer, structure de plus en plus la vie politique des Etats. L'humanité est à un tournant de son existence. L'homme quel qu'il soit doit être revêtu d'une égale dignité. Les grands de ce monde ont l'immense devoir de faire preuve de sagesse pour donner une chance aux générations futures qui risquent de vivre un enfer du fait de l'égoïsme de certains d'entre eux. Comment peut-on s'ériger en donneur de leçons en droits de l'homme au besoin d'une façon aéroportée, quand on bafoue toutes les résolutions de l'ONU et qu'on laisse impunis des crimes commis par des Etats plus égaux que d'autres?
Déjà, il y a cinq siècles de cela, au tout début de l'aventure coloniale européenne, il s'est trouvé des hommes pour défendre les droits de l'homme bien avant que ce terme ne soit galvaudé. Ainsi, au nom de l'humanité et faisant suite au génocide perpétré par les Espagnols qui sont allés piller, au nom du roi et de l'Eglise, des peuples qui détenaient un haut degré de civilisation. Bartholomé de Las Casas, défendit l'égale dignité et l'unité du genre humain dans son Apologetica historia de las Indias, écrite entre 1555 et 1559. Il participa à la fameuse controverse de Valladolid; il s'agissait pour les gens d'Eglise de décider si les peuples vaincus (Indiens et autres colonisés) avaient une âme. C'est dire si nous revenons de loin...
On s'étonne ensuite des atrocités commises par Hitler quand on sait le travail de préparation des «consciences» des Renan et autre Ferry, chantres de la supériorité de la race blanche. Ce formatage apparemment irréversible de la supériorité devrait aboutir à une loi contre l'histoire, on l'aura compris, celle du 23 février 2005 en France
Nous sommes à la recherche d'un sauveur pour défendre la dignité de tous les opprimés de la terre, de ceux qui veulent vivre en paix, de ceux qui veulent vivre leur spiritualité non plus d'une façon coupable ou clandestine mais d'une façon apaisée. Alors la sourate suivante, qui est une profession de foi de l'Islam, achèvera de convaincre que l'Islam est plus qu'une religion, une civilisation qui éclairait l'humanité entière il y a quelques siècles de cela. «O gens du Livre, de quoi nous accusez-vous? Sinon de croire en Dieu, à ce qui est descendu vers nous et à ce qui était descendu auparavant ?La plupart d'entre vous sont pervers».(13).
1. M.Naïm. Grande-Bretagne : la piste islamiste, Le Monde du 09.07.05
2. L'habeas corpus des terroristes : Courrier international - n° 663 - 17 juil. 2003
3. J. C. Paye. Royaume Uni. Menace sur l'habeas corpus. Le Monde du 14 avril 2005
4. Sir G. Fisher : “The barbary legend”: Légende barbaresque. Trad. de Farida Hellal.Edition O.P.U. 1992..
5. C.E. Chitour. Non franc et massif à la Turquie. Journal «L'Expression ». décembre 2004.
6. C. Cavafys, En attendant les barbares, traduit du grec par D. Grandmont, éditions Gallimard. 1904.
7.Bernard Dréano Lettre d'un aborigène de la République (ou pourquoi je signe avec des indigènes) mardi 22 mars 2005. Site Oumma.com
8. Sondage C.S.A. publié par L'Actualité religieuse dans le monde, mai 1994.
9. J.Guitton et les frères Bogdanov : Dieu et la science, de Ed. Laffont. Paris 2000.
10. Marie. C. Fave Dieu et la science. Peut-on encore croire en Dieu dans un monde scientifique ? Site Internet
11. Bible : Livre de l'Ecclésiaste, ch. 12, v. 3
12. Bible : Livre d'Esaïe, ch. 43, v. 4
13. Coran : Sourate V : « El Maïda » : La table servie. Verset 59. Traduction de D. Masson. p. 137.Ed. Gallimard.1967.


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