«Kingsley Coman peut devenir le successeur de Ribéry». Jupp Heynckes, l'entraîneur du Bayern, prédit un avenir brillant au jeune attaquant français, qui affrontait, hier soir, avec Munich en Ligue des champions le Paris SG, son ancien club. Samedi en Bundesliga contre Hanovre, Coman a été l'homme du match: des dribbles déroutants, un but de grande classe et un pénalty provoqué, pour une victoire 3-1 à domicile! Mardi (ndlr), il pourrait débuter contre le PSG, avec une faim énorme: «Nous voulons envoyer un message à l'Europe: le Bayern est là, le Bayern postule pour gagner la Ligue des champions», a-t-il lancé lundi dernier. Pour son coach de 72 ans, le Français de 21 ans «possède d'énormes capacités, qu'il doit encore perfectionner. Il doit mûrir mais il a tout pour devenir un très grand joueur». «Il est à prévoir que dans un an ou deux, Franck Ribéry mettra un terme à sa carrière, et Kingsley peut être son successeur», prédit Heynckes. «Kaiser Franck», en concurrence directe avec Coman pour le poste d'ailier gauche, fêtera ses 35 ans en avril, et son contrat au Bayern s'achève en fin de saison. D'un naturel réservé, Coman sera-t-il un jour l'animateur de vestiaire qu'est son aîné? Un jeune joueur, répond le coach, ne peut pas du jour au lendemain devenir une personnalité du groupe, et doit petit à petit s'intégrer pour prendre confiance en lui, surtout lorsqu'il arrive dans un pays étranger dont il ne maîtrise pas la langue. Thomas Müller, le Champion du monde qui retrouve lui aussi son meilleur niveau en cette fin d'année, juge lui, que son jeune coéquipier «possède des qualités hors du commun, que l'on ne trouve pas n'importe où au coin de la rue. Pour nous, il vaut de l'or», dit-il. Coman, formé au PSG et passé par la Juventus Turin, a bénéficié cette saison d'un concours de circonstances, dont il a su tirer le meilleur profit. A son arrivée début octobre, Heynckes a annoncé qu'il allait s'appuyer sur les cadres historiques du club pour relancer un Bayern en plein doute, après le limogeage de Carlo Ancelotti. Pour ses premiers matchs, il a donc choisi des joueurs d'expérience, qu'il avait pour la plupart déjà connus en 2013, lors de sa dernière année à Munich, les héros du triplé historique Ligue des champions/Championnat/coupe. Le seul de ces «anciens» à faire défaut - en dehors du gardien Neuer blessé pour plusieurs mois - fut Franck Ribéry, gravement touché à un genou deux jours avant la nomination de Heynckes. La place sur l'aile gauche était libre. Le coach l'a offerte à Coman, qui ne l'a plus jamais quittée depuis, sauf brièvement pour soigner de petits pépins physiques. Et le Français, qui avait vécu une saison difficile l'an dernier, plombée par les blessures et le manque de confiance de Ancelotti, est aujourd'hui un titulaire indiscutable au même titre que les glorieux anciens Robben, Müller, Hummels ou Boateng! «Il y a longtemps que je me sens installé à Munich», dit-il, «mais il est clair que ma situation personnelle est très différente de ce qu'elle était, il y a un an. Je savais qu'il me fallait simplement du temps de jeu, pour continuer à m'améliorer et pour libérer enfin mon potentiel. Maintenant c'est fait». En équipe de France, Coman n'a toutefois pas encore marqué son territoire. Contre le pays de Galles en novembre, il est passé à côté de son match, et Deschamps ne l'a pas aligné quatre jours plus tard contre l'Allemagne (2-2). «Il est important dans l'animation offensive, il sait qu'il peut être plus efficace», a dit de lui le sélectionneur. «Il a beaucoup de vitesse, d'accélération, il ne finit pas toujours bien, mais on parle d'un joueur encore jeune». Jupp Heynckes ne dit pas autre chose, mais lui accorde pour l'instant toute sa confiance.