La question qui demeure posée est celle de savoir à qui profite ce regain de tension quand toutes les garanties sont données par le HCA. Le wali de Bouira et à l'occasion de la commémoration du 11 Décembre a appelé les parents à sensibiliser leurs enfants devant cette manipulation dont le dessein est inavoué. «Tamazight est une langue officielle, nationale, elle est constitutionnalisée, ni un député ni une quelconque personne ne peut revenir sur cet acquis», dira Limani. Pour le deuxième jour consécutif, la wilaya de Bouira et précisément la région «est» connaît des manifestations. Hier les lycéens et collégiens d'El Adjiba sont sortis dans la rue et obstrué la circulation. A l'aide de pneus allumés ces jeunes ont fermé la RN 05 à la circulation. Au chef-lieu des étudiants en réponse à l'appel du Collectif national pour la défense de l'identité amazighe (Cndia) et qui voulaient organiser une marche à travers la ville ont été empêchés. Ils ont déversé leur colère sur les édifices de l'université avant de s'accrocher avec les policiers venus rétablir l'ordre. Selon des sources médicales, on dénombre une dizaine de blessés légers parmi les policiers, ainsi que huit blessés dans les rangs des étudiants. Beaucoup suspectent une manipulation d'un mouvement séparatiste au sein de l'institution pédagogique Akli Mohand Oulhadj. Cette suspicion sera confirmée quand, après une accalmie, un groupe a essayé de décrocher l'emblème national pour le remplacer par l'étendard du MAK. La grogne des étudiants est prétextée en partie par le rejet par la commission des finances de l'APN d'un article de loi portant sur la promotion de la langue amazighe, vite compris comme un net recul des acquis de la longue lutte identitaire a renvoyé les lycéens et lycéennes de la région est dans la rue. Avant-hier déjà et depuis la commune d'El-Esnam, en passant par Bechloul, El-Adjiba, M'Chedallah et jusqu'à Aghbalou, à l'extrême est de la wilaya, des centaines de protestataires ont battu le pavé en scandant «Ma ulac tamazight, ulac, ulac», ou encore «Assa Azeka, tamazight tella tella!». Le mécontentement était dirigé contre les députés de la wilaya qui auraient voté cette restriction budgétaire. A ce propos un lycéen ne ménagera pas ses mots. «Comme à travers tout le territoire national, nous, les enfants d'El Esnam, sommes outrés et choqués par ce qui s'est produit au sein de l'APN, où nos députés, que nous avons élus, censés défendre nos aspirations quant à la promotion de tamazight, nous ont trahis», dira Massinissa à la presse. S'agissant toujours des représentants du peuple au niveau de la chambre basse du Parlement, Dyhia dira: «cette marche est l'expression de notre colère et notre désapprobation par rapport à cette énième trahison de la part de nos députés (...) ils ne se soucient que de leurs privilèges et indemnités. C'est une honte!». Rappelons que la veille et à l'occasion d'une rencontre commémorant le 100ième anniversaire de la naissance de Mouloud Mammeri, le secrétaire général du Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA), Si El Hachemi Assad, à clairement expliqué que la promotion de la langue amazighe est en bonne voie. Ces assurances seront confirmées par le ministre de la Jeunesse et des Sports, El Hadi Ould Ali, un acteur de la lutte identitaire par le passé. En réaction toujours au retrait de cet amendement (art 104 bis de la loi de finances 2018) proposé par une députée du Parti des travailleurs et relatif à la généralisation de l'enseignement de tamazight, mais rejeté par les élus du FLN, RND, TAJ, MPA et ANR au sein de la commission des finances, les étudiants de l'université Akli Mohand Oulhadj ont envisagé une marche hier lundi pour essuyer l'affront fait à la mémoire de Mouloud Mammeri et Mouloud Feraoun. La question qui demeure posée est celle de savoir à qui profite ce regain de tension quand toutes les garanties sont données par le HCA.