Ils ont battu le pavé pour dénoncer un rejet d'amendement opéré par la commission des finances. Le rejet par la commission des finances de l'APN d'un article de loi portant sur "la promotion de la langue amazighe et sa généralisation dans toutes les écoles" introduit par une députée du Parti des travailleurs aura créé une vive tension à Tizi Ouzou et dans plusieurs localités de Kabylie. En effet, des manifestations de protestation ont été enregistrées durant ces trois derniers jours à Drâa El-Mizane, Mâatkas, Fréha, Azeffoun... Hier, à Souk El-Khemis, dans la commune de Maâtkas, les lycéens sont sortis dans la rue pour dénoncer une telle décision. La manifestation s'est ébranlée depuis le siège de l'APC vers la daïra où les manifestants ont brandi l'emblème berbère et des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : "Ma ulac Tamazight, ulac, ulac". Une autre marche a été aussi enregistrée dans la commune voisine de Souk El-Tenine, relevant de la daïra de Mâatkas, où des lycéens ont investi la rue d'une façon pacifique et crié leur mécontentement contre cette décision. Même son de cloche dans la ville côtière d'Azeffoun où les lycéens ont marché au chef-lieu de daïra. Alors qu'à Tizi Gheniff, chef-lieu de daïra proche de Drâa El-Mizan, la marche pour la promotion de tamazight s'est déroulée discipline, encadrée par un dispositif de sécurité. De leur côté, les étudiants de l'université Mouloud-Mammeri ont initié, hier, un mouvement de protestation qui devait être suivi d'une marche. Celle-ci a été finalement reportée à la semaine prochaine, alors qu'au campus universitaire de Tamda, des étudiants ont improvisé une marche à l'intérieur de leur campus pour protester contre cette injustice. Par contre, le député du RND, Tayeb Mokadem, qui s'est exprimé à travers une déclaration rendue publique, hier, a qualifié ce mouvement de volonté de "certains protagonistes qui voudraient ternir l'image des députés de la nation, prétextant qu'ils ont voté contre la promotion de la langue amazighe, lors du vote de la loi de finances 2018", encore que le député du RND n'a pas démenti le vote opéré à l'APN contre l'amendement proposé en faveur de la promotion de la langue amazighe. Béjaïa n'est pas en reste. Des centaines de lycéens ont occupé la rue pour exprimer leur colère et leur indignation. En effet, la marche de protestation organisée le 3 décembre dernier par les lycéens de la ville de Sidi-Aïch a finalement eu un effet boule de neige. Après les lycées de Tazmalt et de Seddouk, c'est au tour de leurs camarades des daïras d'Ouzellaguen et de Chemini de sortir, hier, dans la rue, pour condamner, de leur côté, le vote contre la promotion de tamazight. Ainsi donc, les lycéens de Chemini ont investi, hier matin, la rue pour emboîter le pas à leurs camarades des autres localités qui ont déjà eu à défendre l'honneur de leur langue maternelle et affirmer leur identité amazighe. Un fait majeur à relever dans cette commune des Ath Waghlis, le tout nouveau P/APC de Chemini, Madjid Ouddak, d'obédience RCD, s'est impliqué dans cette action de rue, en se joignant aux manifestants dès le coup d'envoi de la manifestation. L'édile communal, accompagné de ses camarades élus à l'APC et des militants de son parti, était en tête de la marche dont l'itinéraire s'étalera du lycée Ouddak-Mohand-Arab jusqu'au siège de l'APC. Prenant la parole devant la foule, le P/APC de Chemini a tenu à dénoncer "la stigmatisation de la langue et culture amazighes", affirmant que "le pouvoir en place n'a réellement aucune volonté politique de promouvoir tamazight ou de lui accorder un vrai statut de langue officielle". Pour lui, tout le tapage fait par les tenants du pouvoir autour de la soi-disant "constitutionnalisation" et "officialisation" de la langue amazighe "n'est réellement que de la poudre aux yeux !". Par ailleurs, les élèves de différents lycées et collèges de la daïra Ifri-Ouzellaguen ont convergé, hier matin, vers la ville d'Ighzer Amokrane pour battre le pavé, en sillonnant les principales artères du chef-lieu communal, sous les cris "Assa Azekka, tamazight tella tella", "Mazalgh d-Imazighen", "Imazighen !"... À noter, enfin, que les étudiants de l'université Abderrahmane-Mira de Béjaïa observent depuis trois jours une grève illimitée et comptent organiser une marche dans le courant de la semaine prochaine, en signe de protestation contre "le refus de la promotion de tamazight par les parlementaires de la majorité présidentielle". K. TIGHILT/KAMAL OUHNIA