L'affiche du film Ce film intimiste de Yasmine Chouikh qui raconte le monde d'aujourd'hui sous une forme de parabole du conte sans se départir d'un aspect vaporeux bien ésotérique. Le film dont la projection a eu lieu cette semaine, est en compétition pour le Muhr Feature au 14ème Dubaï Film Festival. Il s'agit du premier long métrage de Yasmine Chouikh, réalisé après des années de préparation et d'écriture, notamment aux ateliers Midi Talents du Maroc. Jusqu'à la fin des temps a pour cadre un cimetière, Sidi Boulekbour, un marabout bienveillant niché en haut d'une crête. Ce marabout veille sur les âmes des défunts des villages alentour. Tout est prêt pour la «Ziara» d'été (pèlerinage), période à laquelle des centaines de familles viennent se recueillir sur les tombes de leurs défunts. Dans le bus qui transporte les pèlerins se trouve Joher, une sexagénaire qui vient pour la première fois se recueillir sur la tombe de sa soeur. Lors de ce séjour, elle va rencontrer Ali notre héros, fossoyeur et gardien du cimetière et lui demander de l'aider à organiser ses propres funérailles. Cette rencontre, destinée à organiser étape par étape les funérailles de Joher, va bouleverser le quotidien de Ali et lui faire désirer plus de la vie. Un film intimiste qui raconte le monde d'aujourd'hui sous une forme de parabole du conte sans se départir d'un aspect vaporeux bien ésotérique. Et la cinéaste de confier: «Jusqu'à la fin des temps est un déversoir où convergent les idées, les problèmes et les questions incessantes qui agitent mon esprit, un courant d'énergies contradictoires où s'entrechoquent mes doutes et mes certitudes. Des doutes nourris par ce bouleversement et cette effervescence que connaît le Monde arabe et occidental qui absorbe notre attention, un monde où tout tourne à la même vitesse, l'environnement, les médias, l'actualité, la réalité est devenue l'esclave d'une exportation massive de la peur. Des doutes aussi concernant le choix de l'histoire à raconter dans cet éventail de récits douloureux qui envahissent nos quotidiens, martelant nos coeurs et nos imaginaires. Et au milieu de ces doutes, une certitude, celle qui croit que chaque histoire, aussi simple soit-elle, a le droit d'être racontée, même celle des personnes anonymes et dont la vie n'a pas d'influence directe sur le monde.» et de renchérir: «C'est cet ouragan d'idées qui m'a amené à écrire cette histoire, l'histoire d'un fossoyeur. Je voulais parler d'un amour né dans un cimetière, une histoire d'amour entre deux septuagénaires n'attendant plus grand-chose de la vie et pensant qu'ils n'ont plus droit qu'à la mort, une métaphore de nos sociétés qui ont également tendance à être des lieux sinistres où la mort est reine et l'amour est tabou et si l'amour est toléré, il reste l'apanage de la jeunesse. Dans la conscience collective de ma société, les personnes âgées incarnent la sagesse, la maturité, elles sont des modèles dépouillés de toute sensualité, sexualité et de désirs charnels, un raisonnement tellement ancré dans notre vie quotidienne que mes personnages vont vivre cette idylle en un amour platonique, se convainquant que l'amour n'est pas de leur âge. Entre l'amour interdit, le capitalisme triomphant, la mort omniprésente, le conservatisme rigide, la condition de la femme et le poids de la société, chacun des personnages de cette histoire se questionne au sujet de la place au rêve, à la liberté de l'amour et de la vie simple de tous les jours.» Pour rappel, après avoir étudié les sciences humaines, Chouikh a obtenu un diplôme de psychologie et de sciences de l'éducation. Elle a participé au film de son père La Citadelle (1987) de Mohamed Chouikh en tant qu'actrice, puis on l'a vue dans un téléfilm de Djamel Bendedouche en 1990 et dans Douar de Femmes (2004) de Mohamed Chouikh... Active à la télé, elle y a présenté un programme sur le cinéma pour la chaîne de télévision algérienne. Elle compte à son actif deux courts métrages, à savoir «El Bab» en 2006 et «El Djinn» en 2010, mais aussi une série pour la télévision, «Studio 27». Yasmine Chouikh a pour info, aussi, été directrice artistique du Festival international du court-métrage de Taghit (Algérie) et responsable des courts-métrages du Festival international du film arabe d'Oran (Algérie). Au casting de son nouveau long métrage on trouve les comédiens Ali Boudjemaâ Djillali, Joher Djamila Arres, Djelloul Mohamed Takiret, Imam Mohamed Benbakreti, Nassima, Imen Noel et Nabil Mehdi Moulay. Notons qu'un autre film algérien est aussi en compétition au14e Dubaï film festival. Il s'agit de Les bienheureux de Sofia Djama.