La nouvelle majorité a «un engagement européen clair, avec l'objectif de renforcer la subsidiarité» au sein de l'Union européenne, a déclaré samedi soir le futur chancelier conservateur Sebastian Kurz (ÖVP), qui prendra ses fonctions aujourd'hui. «Nous souhaitons une coopération européenne plus poussée dans les domaines où cela se justifie, comme la défense des frontières, mais davantage de compétences laissées aux Etats à chaque fois que c'est possible», a-t-il expliqué, lors de la présentation à Vienne du pacte de gouvernement scellé vendredi soir. M. Kurz, 31 ans, qui deviendra le plus jeune dirigeant au monde, s'exprimait aux côtés du chef du parti d'extrême droite FPÖ, Heinz-Christian Strache, futur vice-chancelier. Ce parti, qui signe son retour dans l'exécutif après une expérience mitigée dans les années 2000, décroche également les ministères régaliens de la Défense, des Affaires étrangères et de l'Intérieur. Ces deux derniers porte-feuilles lui avaient jusqu'à présent toujours échappé. Cette alliance vient couronner une année faste pour l'extrême droite en Europe, avec une forte progression aux Pays-Bas, en France et en Allemagne, sans toutefois parvenir à s'y hisser au pouvoir. «J'applaudis notre ami (Heinz-Christian Strache, ndlr)», a déclaré Geert Wilders, le patron du Parti néerlandais pour la Liberté, en marge d'une réunion des chefs de partis d'extrême droite européens à Prague. La Française Marine Le Pen a salué un «évènement véritablement historique». M. Strache a toutefois admis qu'à la demande de M. Kurz, «la question d'une sortie de l'UE a été exclue» des points qui pourront être soumis à des consultations populaires, que le FPÖ souhaite promouvoir. «Nous aurions souhaité un champ plus large», a-t-il avoué. Pour le politologue Anton Pelinka, même si le FPÖ, arrivé troisième aux législatives anticipées du 15 octobre, obtient davantage de prérogatives qu'il n'en a jamais eues jusqu'à présent, «l'ÖVP s'est imposée sur les points les plus importants, à commencer par la politique européenne». M. Kurz conservera ainsi la haute main sur les dossiers européens alors que l'Autriche présidera l'UE au second semestre 2018. Comme attendu, le programme de gouvernement comporte une série d'allégements fiscaux et de mesures destinées à combattre l'immigration illégale et à restreindre le bénéfice des aides sociales autrichiennes pour les étrangers. «Nous voulons alléger la pression fiscale, nous voulons renforcer notre économie, ce qui améliorera notre système social», a promis M. Kurz. Mais «en premier lieu, nous voulons améliorer la sécurité dans notre pays, y compris en combattant l'immigration illégale». Les questions de l'immigration et de l'islam ont dominé la campagne qui a mené à la victoire de M. Kurz aux législatives, deux ans après la grande vague de réfugiés en Europe en 2015. Le jeune leader conservateur, qui se flatte d'être un des principaux artisans de la fermeture aux migrants de la route des Balkans en 2016, en tant que ministre des Affaires étrangères, s'est nettement rapproché des positions du FPÖ dans ce dossier, ouvrant la voie à la nouvelle coalition. La présentation du programme du gouvernement s'est déroulée sur le mont du Kahlenberg à Vienne, un site à haute portée symbolique.