La marche intervient après deux sit-in observés devant le siège de la direction de l'éducation On se demande comment les choses ont pris une telle ampleur disproportionnée en si peu de temps. Après un mois de grève illimitée ayant paralysé la quasi-totalité des lycées de la wilaya de Tizi Ouzou, le conflit qui oppose le syndicat autonome, le Cnapeste, à la direction de l'éducation de la wilaya de Tizi Ouzou, ne cesse de se corser. Au moment où le premier trimestre tire à sa fin, les enseignants campent sur leurs positions en décidant d'organiser une marche aujourd'hui, au chef-lieu de la wilaya. L'appel a été lancé en début de semaine par le conseil de wilaya du Cnapeste. La marche intervient après deux sit-in observés devant le siège de la direction de l'éducation et un grand rassemblement, ayant regroupé des milliers d'enseignants, devant le siège de la wilaya. Quant à ce secteur, il est paralysé par cette grève depuis le 20 novembre dernier par une grève illimitée. Le coup d'envoi de la marche est prévu à 10 heures devant le siège de la direction de l'éducation de la wilaya de Tizi Ouzou. Le point d'arrivée de la manifestation a été fixe au siège de la wilaya, selon le procès-verbal de la réunion du conseil de wilaya du Cnapeste au cours duquel il a été décidé de maintenir la grève illimitée et de faire cette marche. Dans le même PV de réunion, le Cnapeste déclare que les enseignants de la wilaya sont actuellement victimes de nombreuses «injustices», citant entre autres le fait qu'on leur dénie le droit syndical d'observer une grève, pourtant clairement autorisée par la loi. La même déclaration exprime le mécontentement des enseignants affiliés au Cnapeste (majoritaire absolu dans les lycées de la wilaya) quant au refus de la direction de l'éducation de sanctionner les deux responsables qui auraient une implication dans l'agression dont a été victime une enseignante à l'intérieur de la direction de l'éducation de Tizi Ouzou le 18 octobre dernier. Dans le même communiqué, le Cnapeste parle de «fuite en avant et de bricolage» dans la gestion de cette affaire qui aurait pu se terminer en moins de 24 heures si un dialogue de sourds n'était pas instauré entre les deux belligérants. Pour rappel, depuis le début de cette grève illimitée, le conflit n'a pas cessé de connaître des rebondissements. Il y a eu d'abord l'installation d'une commission d'enquête par la direction de l'éducation afin de situer les responsabilités dans l'affaire de l'agression de l'enseignante en question. Puis cette dernière semble avoir échoué dans sa mission de dénouer cette crise. Après quoi, le directeur de l'éducation de la wilaya de Tizi Ouzou a décidé d'ester en justice le conseil de wilaya du Cnapeste. Laquelle justice a tranché en faveur du fait que la grève en question était illégale. Ce qui n'a fait qu'augmenter la colère des enseignants qui se sont sentis ainsi touchés dans leur dignité. C'est d'ailleurs la cause pour laquelle ils ont décidé d'organiser la marche d'aujourd'hui sous le slogan de «Marche pour la dignité de l'enseignant». Il est évident toutefois que dans ce conflit il y a un vrai problème de communication car l'on se demande comment les choses ont pris une telle ampleur en si peu de temps avec, comme conséquent immédiate, la compromission même du 1er trimestre. Il y a des observateurs qui se demandent s'il n'y a pas des parties, tapies dans l'ombre, qui sont en train d'attiser le feu dans ce conflit qui intervient, faut-il rappeler, au moment où une autre grève illimitée des lycéens et des collégiens est enclenchée depuis quelques jours suite à l'affaire dite «du rejet de tamazight par des députés de l'APN». Les parents d'élèves, pour leur part, expriment depuis quelques jours leur inquiétude devant l'ampleur prise par la grève illimitée des enseignants. Lors d'une réunion tenue vendredi dernier au lycée El Khansa du chef-lieu de wilaya, les parents d'élèves du lycée El Khansa et du lycée Stambouli (sis au chef-lieu de wilaya) ont décidé d'appeler à un sit-in devant le siège de la wilaya de Tizi Ouzou pour demander aux autorités d'intervenir afin de dénouer ce conflit et mettre fin «à la prise en otage de leurs enfants». Par ailleurs et dans le sillage des manifestations qui sont organisées quotidiennement depuis quelque temps dans la wilaya, des lycées ont organisé, ces dernières 48 heures, des marches dans la ville de Tizi Ouzou et dans plusieurs villes de la wilaya, en scandant des slogans en faveur de l'identité et de la langue amazighes et dénonçant le «rejet de tamazight par des députés de l'APN». Pour l'instant, toutes ces manifestations se sont déroulées dans le calme. Certaines d'entre elles ont été «encadrées» par les services de sécurité comme celle ayant eu lieu de Draâ Ben Khedda à Tizi Ouzou, via l'autoroute.