Trois ans après l'entrée en vigueur de la réforme, l'école peut s'enorgueillir d'une série de succès à tous les niveaux. Le président de la République a présidé hier au Palais du peuple une cérémonie où les lauréats du baccalauréat, version 2005 étaient à l'honneur. Pour la première fois dans les annales de l'éducation nationale, les trois premiers sur quelque 87 lycéens qui ont brillé par de très bonnes moyennes au Bac, ont été destinataires de médailles, remises par le chef de l'Etat en personne. Ce sont des médailles d'or, d'argent et de bronze. Cette manière novatrice de féliciter les trois meilleurs bacheliers d'Algérie fait suite à des orientations du président de la République. Les lauréats ont été également gratifiés pour la même occasion d'ordinateurs portables et d'un séjour de 11 jours en Turquie. Dans son allocution, le ministre de l'Education nationale a affirmé que ces distinctions démontrent «l'intérêt particulier accordé par le président de la République au système éducatif et à son élite». Il a soutenu que l'objectif de l'Etat est d' «ancrer la démocratisation de l'enseignement et garantir les moyens nécessaires à l'optimisation du potentiel d'assimilation de l'élève». Au-delà de l'aspect festif de la cérémonie d'hier, il est clair que l'intérêt que porte l'Etat à l'éducation nationale se confirme d'année en année. Ainsi, depuis le lancement de la réforme du système éducatif, l'Algérie a accompli beaucoup de chemin, même si les efforts à fournir demeurent encore importants pour aboutir à l'école réellement républicaine dont rêve une bonne majorité des citoyens. L'objectif des pouvoirs publics, et le chef de l'Etat, au même titre que le ministre de l'Eductation nationale, n'ont eu de cesse de le répéter, est d'aboutir à une école performante, tant au plan pédagogique que celui de la formation de la citoyenneté responsable. Sur les deux tableaux, Boubekeur Benbouzid a eu fort à faire. Au plan strictement matériel, il fallait fournir aux élèves des manuels scolaires adaptés à un usage pédagogique, lequel justement sur le fond devait connaître un chamboulement pour donner toutes leurs chances aux petits et jeunes Algériens. Les premiers pas de la réforme n'ont donc pas été de tout repos pour un ministre qui connaît bien son secteur. Il faut dire que la bataille a été rude, d'abord contre les «trabendistes» du livre scolaire pour le faire parvenir à sa véritable destination, mais surtout contre les esprits rétrogrades qui ont remué ciel et terre pour empêcher les changements apportés au manuel d'éducation islamique dans le sens d'un islam tolérant et ouvert sur l'universalisme. Le bras de fer, éminemment idéologique, a fini par être remporté par l'Etat qui, contre vents et marées, a fait abdiquer les tenants d'un islam politique. Mais les intégristes ne s'étaient pas avoués vaincus pour autant, ils sont revenus à la charge à l'occasion de la suppression de la filière islamique du cycle secondaire. Le tollé qu'ils ont soulevé n'a pas fait fléchir Benbouzid, qui a su tenir bon. Le président de la République l'a publiquement soutenu dans sa décision qui, faut-il le souligner, ne prenait en considération que l'intérêt de l'école algérienne. Ainsi, trois ans après l'entrée en vigueur de la réforme, l'école algérienne peut s'enorgueillir d'une série de succès à tous les niveaux. En cette fin d'année scolaire, il y a lieu de retenir que la victoire a été éminemment politique, puisque désormais l'école algérienne est à l'abri des manipulations politiciennes des cercles intégristes qui ont perdu, là, l'un de leur levier essentiel.