Cette nouvelle édition est exclusivement dédiée à l'un des piliers du théâtre algérien, Si Djilali Benabdelhalim. La 38ème édition du Festival du théâtre amateur de Mostaganem démarrera aujourd'hui. Cette nouvelle édition qui se poursuit jusqu'au 29 du mois en cours, verra la participation de 12 troupes de théâtre, venues des quatre coins du pays. 8 d'entre elles seulement sont en lice, les quatre restantes sont hors compétition. Ces troupes ont été retenues après un concours régional de présélection ayant regroupé pas moins de 62 compagnies théâtrales. Cependant et comme à chaque nouvelle édition, ce festival souffre du manque de subventions. Pourtant, un commissariat a été créé à cet effet. Toutefois, cela n'a en aucun cas réglé le problème. «Je ne vois pas la nécessité de nous donner le nom de commissariat, alors qu'on n'a même pas de cadre juridique nous permettant de demander nos droits et d'exiger que les sommes nécessaires soient mises à notre disposition» a déploré le commissaire de ce festival, M.Nouari lors d'une conférence de presse animée au mois de juin dernier au Théâtre national algérien. M.Nouari avait indiqué en outre que, pour la prochaine édition, une batterie de propositions, concernant l'organisation de ce festival, seront soumises au ministère de la Culture. Par ailleurs, les organisateurs de la 38ème édition du festival du théâtre amateur de Mostaganem, rendront un hommage à l'un des compagnons de route d' Ould Abderrahmane Kaki, le défunt Si Djilali Benabdelhalim. De son vrai nom Benabdelhalim Mustapha dit Si Djilali, cette figure du quatrième art en Algérie, est née le 4 avril 1920 à Mostaganem. Dès son jeune âge, il fera partie du mouvement des Scouts musulmans algériens (SMA) où il s'initia aux activités culturelles. C'est dans cette école qu'il découvrira une véritable passion pour le théâtre et s'initiera à ses techniques. Cependant, les conditions de vie très difficiles auxquelles a été confronté notre dramaturge ont fait qu'il s'éloigne de l'activité théâtrale. Il travaille tour à tour comme garçon de café, tâcheron dans une boulangerie, vendeur de poissons avant de devenir chef de chantier aux Ponts et Chaussées en 1962. Profitant de l'un de ses séjours en France, il suivra un stage et obtient un diplôme d'Art et de Coutumes. A la même époque, c'est grâce à Si Djilali qui a découvert en France, la fameuse pièce de Samuel Becket En attendant Godot, que son compatriote et complice Ould Abderrahmane Kaki adapte Fin de partie. Il écrira ensuite Zaouadj bila réda (Mariage sans consentement), Moudjrimoune aou la (Criminels ou non?) et Le beau fils. Après le recouvrement de l'indépendance nationale, Si Djilali créa une commission culturelle. Ses contacts permanents avec les organisateurs du festival d'Avignon ont réconforté son désir de créer un festival de théâtre amateur dans sa ville natale. L'idée est soumise au groupe El Fallah des SMA et trouva un écho positif. Elle sera concrètement prise en charge par le syndicat d'initiative et du tourisme de Mostaganem et le comité local du Croissant-Rouge algérien. Les services de l'APC apportèrent toute l'aide technique et matérielle. C'est en 1967 que la première édition de ce festival a été organisée. Au fil des ans, le Festival gagnera en notoriété et s'avèrera comme une manifestation incontournable pour toutes les troupes et les comédiens amateurs, dont certains deviendront plus tard des noms indissociables du 4ème art algérien. Malgré l'âge et le poids des années, Si Djilali gardera la même passion pour le théâtre et s'intéressera à tout ce qui se rattache à cet art. Il participera à des conférences et séminaires, apportant des réflexions pertinentes puisées dans sa longue et riche expérience. C'est sans surprise qu'il est désigné comme membre du jury du premier festival du théâtre professionnel tenu à Alger en 1986 et qui a vu le couronnement de Ladjouad, pièce-épique du défunt Abdelkader Alloula. Mais le rêve qui a longtemps taraudé l'esprit de notre dramaturge, était de doter sa ville natale d'un théâtre de verdure. Ce projet ne se réalisera pas de son vivant, puisqu'il décéda en 1990 dans l'anonymat. Cette année, le nom de Si Djilali sera donné à un prix spécial qui sera décerné au meilleur spectacle de cette édition.