Une grande avancée Cette mesure donnera une réelle dynamique à la promotion de cette langue. Car en l'absence d'une académie pour la promotion scientifique de la langue amazighe rien de concret ne sera entrepris. Aussitôt dit, aussitôt fait. L'instruction donnée par le président de la République au gouvernement pour accélérer la préparation du projet de loi organique portant création d'une Académie algérienne de la langue amazighe vient de trouver son écho. Hier, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a réuni un conseil interministériel consacré à la dynamisation de l'enseignement de tamazight et à la préparation du projet de loi organique portant création d'une Académie algérienne de la langue amazighe, selon un communiqué des services du Premier ministre. «En application des directives émises par Monsieur le président de la République devant le Conseil des ministres, le 27 décembre dernier, le Premier ministre, M.Ahmed Ouyahia, a réuni ce jour, un conseil interministériel consacré à la dynamisation de l'enseignement de tamazight et à la préparation du projet de loi organique portant création d'une Académie algérienne de la langue amazighe», note la même source. Ce conseil interministériel «a débouché sur une série de mesures, notamment l'allocation de postes budgétaires supplémentaires, pour renforcer l'enseignement de tamazight dans le secteur de l'Education nationale, et pour élargir la formation et la recherche en tamazight au niveau des universités», ajoute le communiqué. Un groupe de travail interministériel «sera installé auprès des services du Premier ministre pour s'atteler à la préparation d'un avant-projet de loi portant création de l'Académie de la langue amazighe», précise la même source, indiquant que ce texte «suivra le parcours habituel au niveau du gouvernement puis du Conseil des ministres avant d'aboutir devant le Parlement au cours de ce premier semestre 2018». Ces nouvelles mesures tant attendues, auront deux effets majeurs. Le premier étant d'abord de rassurer les défenseurs et militants qui se sont sacrifiés pour cette langue qui, à un moment donné, ont décelé et dénoncé une certaine inertie. Le deuxième effet et c'est le plus important, est que ces mesures donneront une réelle dynamique à la promotion de cette langue. Car en l'absence d'une académie pour la promotion scientifique de la langue amazigh, rien de concret, voire même de sérieux, ne sera entrepris. Preuve en est, 22 ans après l'introduction de tamazight dans les écoles, son enseignement reste aléatoire. L'académie tranchera sur de nombreuses questions restées jusque-là en suspens: les caractères de transcription de la langue (latins, tifinaghs et arabes), les difficultés des néologismes et la variante à enseigner. Depuis la première révolte d'avril 1980, la langue amazighe portée à bras-le-corps par la rue bénéficie aujourd'hui d'un statut de langue nationale et officielle et marque son ancrage institutionnel à travers le Haut Conseil à l'amazighité (HCA), une instance directement rattachée à la présidence de la République. Se référant à l'expression, dans certaines wilayas du pays, notamment la Kabylie, de revendications sur l'enseignement de tamazight, le président Bouteflika a rappelé, au cours du Conseil des ministres du 27 décembre dernier, que la Constitution révisée en 2016 «a définitivement scellé l'appropriation par le peuple tout entier de tamazight, elle aussi langue nationale et officielle, comme ciment supplémentaire de son unité nationale, en même temps que la Nation a mandaté l'Etat pour sa promotion et son développement». Aussi, a-t-il enjoint au gouvernement de «ne ménager aucun effort pour la généralisation de l'enseignement et de l'usage de tamazight, conformément à la lettre et à l'esprit de la Constitution». Le gouvernement vient d'exécuter cette instruction à travers le conseil interministériel d'hier. Un autre acquis aussi bien pour la langue amazighe que pour l'unité nationale.