Le secrétaire général du RND dit ses vérités «Nous avons souffert d'attaques de différentes parties et même de ceux que nous avons soutenus pendant 20 ans», a-t-il avoué en faisant référence indirectement au FLN. Un discours lourd de sens. Le secrétaire général du RND a délivré des messages politiques on ne peut plus clairs dans son intervention à l'ouverture des travaux du conseil national de son parti, ce jeudi. Alors qu'on l'attendait sur des questions plus «terre à terre», le secrétaire général du RND a évoqué, sans complexe aucun, la décision du président de la République portant sur la consécration de Yennayer comme journée chômée et payée. Ahmed Ouyahia trouve, dans la démarche du président sur la question de tamazight, un sens profond de patriotisme et plus encore, puisque «le président de la République, que le RND est fier de soutenir, vient par sa décision sur Yennayer de confirmer encore une fois que tous ses efforts tendent non seulement vers la reconstruction nationale, mais aussi vers la réconciliation des Algériens avec eux-mêmes et avec leur patrie», a souligné le patron du RND. Pour Ahmed Ouyahia, à travers cette consécration, le président Bouteflika a libéré l'Algérie de ses malentendus et de ses hésitations. Le propos est on ne peut plus profond et l'absence de tout complexe vis-à-vis de la question l'amène à faire une révélation. Il a ainsi évoqué l'interdiction de la conférence de l'écrivain et chercheur Mouloud Mammeri pour témoigner de l'attitude du président. «Je le dis pour l'Histoire, M.Bouteflika avait exprimé son désaccord», quant à l'interdiction de la conférence qui a mis le feu aux poudres. Sans tourner autour du pot, Ahmed Ouyahia apporte un élément nouveau au discours du RND sur le rapport entre tamazight et le président de la République. Les martyrs de tamazight Il a qualifié l'attitude des autorités face à la revendication «d'erreur politique». Si le patron du RND est remonté jusqu'à la période de 1980 pour parler des événements qui ont secoué la Kabylie, ce n'est certainement pas fortuit. Ce vieux routier de la politique a fait indirectement des reproches à l'ex-parti unique. Il a évoqué l'«introduction timide» de tamazight dans la Constitution de février 1989, laquelle a mis un terme au système du parti unique. Autrement dit, Ahmed Ouyahia apporte la réponse, en convoquant l'Histoire et reprocher à demi-mot les erreurs du FLN sur cette question précisément. Des erreurs, qui en leur temps, n'engageaient pas le président Bouteflika. Pour preuve, «l'évolution de la cause et du dossier amazigh en Algérie est le fruit de la volonté politique du président de la République qui a confirmé sa fidélité à ses compagnons moudjahidines et chouhada dont l'objectif était la libération et la construction de l'Algérie unique et unifiée, loin des surenchères politiques ou des querelles politiciennes», a souligné Ouyahia tout en rendant hommage aux chouhada du printemps noir. Un hommage encore «timide» mais explicite. Le secrétaire général du RND n'a pas identifié ces martyrs, mais l'on peut supposer qu'il faisait allusion aux 126 morts du printemps noir. Ahmed Ouyahia a, de plus, apporté un soutien sans faille à toutes les autres décisions du chef de l'Etat, notamment à l'égard de la communauté nationale à l'étranger, entre autres. Il a voulu, par-là, démentir toutes les lectures et interprétations développées ces derniers jours sur le fameux dossier des privatisations des entreprises. Certes, l'homme politique n'a pas soufflé mot sur ce sujet, mais il a résumé indirectement sa version des choses. Pour lui, il n'est pas question de remettre en cause toute décision du président de la République. Bien au contraire, il se déploie à fond dans l'application du programme du président. Ceux qui attendaient du patron du RND qu'il déballe tout, sont finalement restés sur leur faim. «Vous êtes venus avec un coeur serré» Par ailleurs, l'homme fort du RND est revenu longuement sur les résultats des élections législatives et locales en se félicitant de l'exploit réalisé par le parti. «Le parti est sorti des élections la tête haute», s'est-il réjoui avant d'éplucher quelques vérités. Sur ce point précis, le SG du RND n'a pas omis de lancer des flèches envers son allié traditionnel. «Nous avons souffert des problèmes de différents partis et même de ceux qui ont été soutenus pendant 20 ans par le RND», a-t-il avoué en faisant référence indirectement au FLN. Ce n'est pas tout. Ahmed Ouyahia reconnaît que son parti avait perdu beaucoup de communes à cause des alliances. «Le jeu de dominos et des alliances a changé le cours des choses», a-t-il déploré. Cependant, le SG refuse d'en faire une histoire. Il a assuré que le RND a renforcé sa place en doublant ses scores, une position qui fait peur à certains concurrents. «Les deux élections de l'année 2017 ont définitivement réhabilité notre parti aux yeux de nos compatriotes après avoir été injustement accusé de fraude en 1997, le RND a été lui-même victime de dépassement au niveau local», a-t-il affirmé, tout en précisant que ce résultat est le fruit d'un long travail mené par le parti. S'adressant directement à ses militants, il dit: «Je sais, vous êtes venus avec un coeur serré.» Une déclaration vivement applaudie par les militants. Pour dépasser cette étape, le secrétaire général a invité le conseil national «d'aboutir par une analyse à transformer les déceptions de certains des militants à l'issue des élections en détermination plus forte encore pour conquérir davantage l'estime et la confiance de notre peuple et pour servir encore mieux notre patrie». Bouchouareb écarté de la direction Le conseil national du RND qui a clôturé ses travaux hier a été sanctionné par une série de résolutions. Le parti a procédé à des changements au sein du secrétariat national en excluant l'ancien ministre de l'Industrie qui a fait l'objet de gel de son statut. Ce dernier a été remplacé par Fouad Benbrahim Fouad ainsi que Saliha Makhraf en remplacement de Fouzia Bensahnoun. Le conseil a réitéré son soutien au président de la République, tout en s'engageant à contribuer pour l'application de son programme. Le conseil a invité tous les cadres, députés et militants à s'impliquer dans la réalisation du programme du président. Comme il insiste sur la promotion de la femme au sein des structures du parti. Le conseil invite les militants à tourner la page des élections et à se consacrer davantage à l'élargissement des rangs du parti.