Il a été auditionné durant près de quatre heures, par le procureur d'Hussein Dey. L'ex-n°2 du FIS dissous est, depuis hier, incarcéré à la prison d'El Harrach. Ali Benhadj a été présenté au niveau du procureur près le tribunal d'Hussein Dey, au moment où journalistes et sympathisants de la mouvance islamiste se sont agglutinés devant et derrière le tribunal Abane-Ramdane d'Alger. Pourtant, hier, le décor était planté, dès les premières heures de la matinée, avec la présence d'un nombre pas ordinaire de policiers tout autour du tribunal d'Alger, ce qui, logiquement, présageait que le compagnon d'Abassi Madani allait être conduit dans ce tribunal. Ainsi, de 10h jusqu'à 13h, les journalistes, venus en quête d'informations sur le sort réservé à Ali Benhadj, étaient restés sur leur faim. Vers 13h 30, un «barbu» ameute ses camarades. «Ali Benhadj est à Hussein Dey», clame-t-il. Immédiatement après, journalistes et sympathisants du responsable de l'ex-FIS vidèrent la placette. La «diversion» des services de sécurité a parfaitement marché. Au moment où tout le monde attendait au tribunal Abane-Ramdane, Ali Benhadj était auditionné durant près de quatre heures, par le procureur d'Hussein Dey. Arrivés sur place, l'on apprend que l'ex-n°2 du FIS dissous, après avoir été entendu par le procureur, a été présenté devant le juge d'instruction qui a décidé, à son tour, de le mettre sous mandat de dépôt pour «apologie de crime». Son frère, Abdelhamid, quant à lui, qui est également intervenu sur la chaîne qatarie Al Jazeera, a été placé sous contrôle judiciaire par le juge instructeur. Il semblerait, d'après des indiscrétions récoltées ici et là, qu'Ali Benhadj sera reconduit devant le juge d'instruction dans cinq jours. Dans une déclaration à la presse, Kamel Guemazi, l'un des membres fondateurs de l'ex-FIS, la chaîne Al Jazeera a coupé délibérément le passage où Ali Benhadj avait appelé à la libération des deux diplomates algériens assassinés par les terroristes d'Al Zarkaoui. Selon lui, c'est la presse qui a amplifié toute cette histoire. Il reste, bien sûr, que tous les Algériens ont entendu Ali Benhadj déclarer qu' «Azzedine Belkadi et Ali Belaroussi, encore vivants ce jour-là, n'ont pas été kidnappés en tant qu'individus, mais en tant que diplomates et donc désignés par l'Etat». Il affirmera clairement qu'«un Etat qui nomme des diplomates dans un pays sous occupation, cautionne la colonisation et cela est illicite, interdit par la charia, les principes politiques et moraux». Il faut rappeler que ce n'est pas la première fois qu'Ali Benhadj enfreint la loi lui interdisant de faire des déclarations publiques. D'ailleurs, pour connaître l'esprit de l'homme, il faut juste remonter au jour de sa libération. A peine sorti de prison, le n°2 de l'ex-FIS s'est empressé d'aller au boulevard des Martyrs pour faire une déclaration à l'Entv. C'était une affaire algéro-algérienne. Mais aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Ali Benhadj a délibérément donné ses «compatriotes» en terre étrangère en recommandant sur la chaîne satellitaire Al Jazeera de se conformer à la loi légitime et l'appliquer aux prisonniers par l'exécution, soit par la prison ou la libération. La «fetwa» d'Ali Benhadj s'adressait, rappelle-t-on, aux terroristes d'Al Qaîda qui ont mis à feu et à sang l'Irak.