Le président du Yémen a ordonné hier à toutes ses unités militaires de «cesser le feu immédiatement» après des combats meurtriers avec des forces séparatistes à Aden, grande ville du sud du pays en guerre. Un bras de fer oppose depuis une semaine les séparatistes représentés par un «Conseil de transition du sud» au gouvernement du président Abd Rabbo. Mansour Hadi. La situation a dégénéré hier matin lorsque l'armée loyaliste a tenté d'empêcher des manifestations antigouvernementales. Des forces séparatistes se sont ainsi emparées hier du siège transitoire du gouvernement yéménite à Aden (Sud), la deuxième ville du pays, après des affrontements meurtriers avec l'armée loyaliste qui compliquent encore davantage la recherche d'une solution. Le Yémen du Sud était un Etat indépendant avant sa fusion avec le Nord en 1990, et le mouvement séparatiste est resté très puissant. Depuis qu'il a été chassé en 2015 de la capitale Sanaa par les rebelles houthis, le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi a pour sa part établi sa capitale «provisoire» à Aden. Mais il y est contesté depuis des mois par le mouvement sudiste. L'ancien gouverneur d'Aden, Aidarous al-Zoubaidi, limogé en avril 2017 par M. Hadi, a en effet annoncé en mai 2017 la mise en place d'un Conseil de transition du sud, placé sous sa présidence pour «diriger les provinces du sud et les représenter à l'intérieur et à l'extérieur» du pays. Et les tensions entre les deux parties se sont récemment aggravées: il y a une semaine, le Conseil de transition du Sud a publié une déclaration demandant «des changements (...) dans le gouvernement» et donnant à Hadi «une semaine» pour les mettre en oeuvre. Cet ultimatum, au terme duquel le Conseil avait menacé d'organiser un sit-in pour «chasser le gouvernement», a expiré hier matin. Malgré la présence de forces de la coalition sous commandement saoudien - qui intervient au Yémen depuis près de trois ans en soutien au gouvernement Hadi -, des incidents ont éclaté lorsque des unités de l'armée loyaliste ont tenté d'empêcher des séparatistes d'entrer dans la ville, selon des sources sécuritaires. Ces combats ont fait au moins 15 morts et des dizaines de blessés, d'après ces mêmes sources. Des civils figurent parmi les victimes, ont précisé des sources médicales. Dans une déclaration, le Premier ministre du Yémen, Ahmed ben Dagher, a dénoncé un «coup de force» séparatiste et demandé à la coalition arabe emmenée par Riyadh d'intervenir pour éviter le chaos. «Ici, à Aden, un coup de force est en cours contre (l'autorité) légitime», a dit M. Ben Dagher. «Nous espérons et attendons que les Emirats arabes unis et tous les membres de la coalition (intervenant au Yémen) s'occupent de cette crise qui se dirige vers une confrontation militaire totale. C'est la condition pour sauver la situation», a-t-il ajouté. Les Emirats, qui font effectivement partie de la coalition, ont entraîné et soutiennent une force appelée «Ceinture de sécurité» dans le sud. Or, cette force soutient le Conseil de transition de M. Zoubaidi. Dans l'après-midi, des affrontements à l'arme lourde se poursuivaient dans plusieurs quartiers d'Aden, où écoles et magasins ont fermé dès les premières heures de la matinée, selon des habitants. L'aéroport a aussi été fermé et la ville semblait totalement paralysée. Dès samedi soir, la coalition avait, dans un communiqué publié à Riyadh, exprimé son inquiétude et appelé au «calme» et à la «retenue». Elle avait souligné l'importance pour les différents groupes politiques yéménites de «tenir compte de leur responsabilité nationale» pour achever ensemble la «libération» du Yémen et la «défaite des miliciens Houthis iraniens».