La production américaine en 2018 s'annonce historique Les cours de l'or noir s'éloignent de la barre symbolique des 70 dollars à Londres et demeurent écartelés entre la production US et la baisse des pays Opep-non-Opep. Chassez le naturel il revient au galop. Les prix du pétrole persistent à jouer au yo-yo. Ils n'arrivent toujours pas à perdurer dans le cycle haussier de ce début d'année où l'on pouvait espérer qu'ils allaient franchir allégrement la barre des 70 dollars. Les cours de l'or noir s'éloignent de cette cible et demeurent écartelés entre une baisse record de l'offre des pays Opep-non-Opep qui a diminué de plus de 2 millions de barils par jour en décembre 2017 et une production américaine qui s'annonce comme historique en 2018. La production américaine de brut augmentera de 1,35 million de baril par jour cette année, pour atteindre «un pic historique au-dessus de 10 millions de barils par jour, dépassant l'Arabie saoudite et rivalisant avec la Russie», si ces deux derniers continuent de limiter leur propre production, avait signalé l'Agence internationale de l'énergie dans son rapport mensuel sur le pétrole, rendu public le 19 janvier. En attendant que ce record soit concrétisé, les stocks de brut américains qui avaient accusé leur 10ème baisse consécutive ont augmenté plus fortement que prévu la semaine dernière. Les stocks de brut ont augmenté de 6,78 millions de barils à 418,36 millions de barils. Bien au-dessus de la hausse de 126.000 millions de barils prévue en moyenne par les spécialistes. Une donnée qui a sans aucun doute joué sur le moral du marché. Hier vers 16h15 heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril s'échangeait à 68, 35 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, accusant une baisse de 1,35 dollar par rapport à la clôture de jeudi. Aux environs de 15h00, le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mars, référence américaine du brut, cédait 8 cents et se négociait à 65,72 dollars sur le New York Mercantile Exchange. Le baril flanche à nouveau. Les observateurs ne penchent cependant pas en faveur d'un plongeon qui remettrait en question la baisse de 1,8 million de barils par jour décidée par l'organisation des pays exportateurs de pétrole et ses 11 alliés dont la Russie. «La hausse des réserves de brut des Etats-Unis, où la production a dépassé les 10 millions de barils par jour selon l'EIA (l'Agence américaine d'information sur l'Energie), n'ont pas fait ployer les prix», ont noté les analystes du second groupe bancaire allemand, Commerzbank. «Même en prenant en compte la baisse de production involontaire du Venezuela, nous estimons que l'Opep a atteint un taux de respect de l'accord de 131%, ce qui représente tout de même une baisse de 7% par rapport à janvier», ont estimé, quant à eux, les analystes de JBC Energy. Pas de panique donc à croire les experts. Le marché a vraisemblablement du répondant. «Le marché pétrolier a été soutenu par le recul du dollar, mais aussi - et surtout - par le relèvement des objectifs de cours sur 2018 de plusieurs brokers américains, qui constatent une demande mondiale plus forte, constate un spécialiste cité par Les Echos. " Ces éléments ont fait oublier aux investisseurs l'annonce d'une forte hausse des stocks commerciaux américains la semaine passée», a t-il ajouté. Les analystes sont unanimes: la hausse de la production américaine n'aura pas raison des efforts déployés par l'alliance Opep hors Opep pour rééquilibrer le marché et faire rebondir les prix. «Même si les producteurs de pétrole de schiste font de leur mieux pour augmenter leur activité, les investisseurs misant sur une baisse des prix du pétrole doivent accepter le fait que cela ne suffit pas à compenser baril pour baril les efforts de l'Opep et la croissance de la demande mondiale», a fait remarquer Phil Flynn de Price Futures Group. «Beaucoup d'analystes pensent que les prix ne peuvent se maintenir au-dessus de 70 dollars en raison de la hausse de la production américaine de pétrole de schiste» a observé Greg McKenna, d'AxiTrader. Le recul d'hier: une alerte sans lendemain? Apparemment. On ne tardera pas, de toutes les façons, à le savoir.