Syndicaliste et militant politique, il était malade depuis plus d'une année. Le mouvement communiste algérien vient de perdre sa figure de proue, en la personne du leader du Mouvement démocratique et social (MDS), M.Hachemi Cherif. Né en dans la région de la Soummam (Béjaïa) en 1939, Si El Hachemi rejoint très tôt le mouvement national en participant dès 1956, au lycée El Mokrani de Ben Aknoun, où il était élève, à la grève estudiantine déclenchée au mois de mai en soutien au Front de libération nationale, et avec comme devise: «Avec des diplômes, nous ne ferons pas de meilleurs cadavres!» Attiré par les médias, il fait ses débuts en 1957 à la radio d'Alger où il devient assistant réalisateur, tout en continuant à militer dans les réseaux de soutien au FLN, mais très vite, pour échapper aux filets de la police coloniale, il rejoint le maquis en 1957, qu'il ne quitte qu'à l'indépendance en 1962 avec le grade d'officier de l'ALN (Armée de libération nationale). Il se consacre alors à la production audiovisuelle en tant que réalisateur traitant des sujets nationalistes ou sociaux: hommage à l'émir Abdelkader en 1967, Poussière de juillet, avec les regrettés M'Hamed Issiakhem et Kateb Yacine (qui obtient deux prix internationaux) et puis un long métrage Les chiens en solidarité avec la lutte d'Afrique du Sud en lutte contre l'Apartheid et en hommage à Nelson Mandela. Ses positions communistes l'amèneront au sein du Parti de l'avant-garde socialiste (Pags) et au sein de la fédération des travailleurs de la culture (Ftec) le mettent souvent en porte-à-faux par rapport à la politique tiers-mondiste de Boumediene, auquel cependant le Pags apporte un soutien critique, notamment pour les trois révolutions agraire, industrielle et culturelle, tout en étant obligé assez souvent de vivre en clandestinité tout comme de nombreux autres responsables communistes actifs, le Pags n'étant pas reconnu officiellement. A l'avènement du multipartisme en Algérie, en 1988, le Pags se met à activer au grand jour, mais très vite des dissensions se font jour, et Si El Hachemi, à la suite d'une scission, crée le parti Ettahadi, toujours communiste, puis le Mouvement démocratique et social (MDS) dont il a été secrétaire général. En plus de ses nombreuses interventions dans la presse, Si El Hachemi a également publié un ouvrage aux éditions de l'Enag intitulé Algérie modernité et enjeux, ouvrage de référence pour tous ceux qui souhaiteraient comprendre la problématique de la lutte pour la démocratie en Algérie, ainsi que ses positions anti-intégristes tranchées. Dans cet ouvrage édité en 1993, puis réédité depuis, et qui reste toujours d'actualité, El Hachemi cherif décortique à sa manière, surtout avec son style caustique, la scène politique algérienne, passant au scanner les partis politiques, l'histoire du mouvement national et se pose des questions sur les défis présents et futurs qui se posent à la nation. Syndicaliste, militant politique, représentant de ce qu'on peut appelle la gauche algérienne, El Hachemi Cherif était malade depuis plus d'une année. Mais sa disparition est une surprise pour les nombreux militants de gauche ainsi que pour tous les Algériens épris de liberté.