Le leader du MDS s'est éteint à l'âge de 66 ans des suites d'une longue maladie. Militant infatigable pour une alternative démocratique, El Hachemi Chérif renvoyait dos à dos « le régime rentier et l'islamisme politique ». El Hachemi Chérif, secrétaire général du Mouvement démocratique et social (MDS), est décédé, hier, emporté par une terrible maladie. Personnalité clé de la classe politique de ces dix dernières années, militant infatigable pour une alternative démocratique, l'homme, qui renvoyait dos à dos « le régime rentier et l'islamisme politique », s'est éteint à l'âge de 66 ans. « Peut-on raisonnablement parler de projet de société à propos de l'intégrisme dès lors qu'il s'agit d'un mouvement manifestement à contre-courant du mouvement de l'histoire et purement et simplement d'un horrible assassinat qui ferait basculer l'Algérie dans le chaos et une mort certaine ? », disait-il. Partisan d'une refondation de l'Etat, le défunt n'hésitait pas pour autant à « composer » avec les locataires de la Présidence tout en maintenant à son parti une marge de manœuvre. Le MDS continuera à défendre ses positions jusqu'à ce qu'on parvienne à la fondation de l'Etat et des institutions en disqualifiant les partis-Etat et les islamistes. (...) Le problème n'est pas Bouteflika lui-même, mais l'état de l'Etat », a-t-il soutenu au lendemain de la réélection de Abdelaziz Bouteflika, dans un de ses derniers entretiens accordés à la presse (Liberté du 18 avril 2004). Né le 5 octobre 1939 dans la Soummam (Béjaïa), El Hachemi Chérif rejoint la médersa et l'école à Béjaïa. Il arrête ses études au lycée franco-musulman de Ben Aknoun à Alger et participe activement à la grève estudiantine de 1956 qui signe le ralliement sans ambrages et la participation active des jeunes Algériens et des intellectuels à la cause de libération nationale. Tout en étant engagé, il est script et assistant réalisateur à la RTF de 1957 à 1960. Recherché et persécuté par les services français et les groupes du MNA, il rejoint, en 1960, les maquis de la Wilaya IV zone I. En 1963, il est nommé chef de daïra (sous-préfet à l'époque) de Lakhdaria. Secrétaire général de la Radio télévision algérienne (RTA, ancêtre de l'ENTV) de 1963 à 1967, il s'oppose au coup d'Etat du 19 juin 1965, se rapproche dans les derniers mois de 1965 de l'Organisation de la résistance populaire (ORP) (parti d'extrême gauche clandestin). Président de la Fédération des travailleurs de l'éducation et de la culture (FTEC), il connaîtra la traversée du désert après l'adoption de l'article 120 du FLN qui oblige les cadres de l'UGTA à être membres du Front. Responsable du Parti de l'avant-garde socialiste, ex-PCA (PAGS) à l'issue du 1er congrès en décembre 1990, il s'efforce d'être le trait d'union entre les anciens (Hadj Ali, Sadek Hadjerès et Abdelhamid Benzine) et les jeunes, nombreux à avoir épousé les thèses du PAGS dans les universités. Autodissous en 1992, le PAGS devient ETTAHADI-TAFAT, en 1994, avant de se redéployer sous une autre appellation en mars 1998, à savoir le Mouvement démocratique et social (MDS). El Hachemi Chérif est le précurseur de la « lutte citoyenne » contre le terrorisme. Ses orientations ont été pour beaucoup dans la création des premiers groupes de patriotes, notamment au marché Gros à Boufarik et à Constantine. « Je me souviendrai toujours de l'homme humble, qui aimait se frottait aux petites gens. Il était, par ailleurs, à l'aise quand il devait affronter les aréopages de la politique et des idées », dit de lui Boukhalfa Amazit, journaliste et historien.