Le représentant personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental L'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental se rendra finalement au Maroc pour tenter de désamorcer une mini-crise qui s'apparente à un désaveu de sa démarche pour relancer les négociations entre Sahraouis et Marocains. Toute tentative suspectée de remettre en cause l'annexion du Sahara occidental par le Maroc est vouée d'avance à l'échec. C'est le message envoyé par le pouvoir marocain au représentant personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental... Premier signal: les Marocains ont refusé de le rencontrer à Berlin, alors qu'à l'origine, il était prévu qu'une délégation marocaine effectue le déplacement dans la capitale allemande pour des discussions avec le médiateur de l'ONU. Pourquoi cette bouderie? «Rabat n'a pas apprécié que Köhler intègre notamment l'Union africaine dans le processus de recherche d'une solution au conflit, et a demandé des explications à l'ancien président allemand», a déclaré une source proche du dossier, citée par le site marocain Yabiladi. Le successeur de Christopher Ross s'est réuni successivement avec le commissaire de l'Union africaine à la paix et à la sécurité, l'Algérien Ismaïl Chergui, le nouveau président de l'UA, Paul Kagamé chef de l'Etat du Rwanda et le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki. Le fait d'associer l'Union africaine aux discussions qui doivent renouer le fil du dialogue entre le Front Polisario eu égard à l'adhésion du Maroc à l'Union africaine n'a pas du tout été apprécié par Rabat qui privilégie de passer par le Conseil de sécurité de l'ONU où il compte un allié de poids, la France en l'occurrence qui soutient l'option de large autonomie marocaine. Une proposition sur laquelle s'arc-boute le Palais royal qui n'a nullement l'intention de céder un pouce des territoires qu'il occupe depuis 1975. L'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental aura notamment à composer avec un souverain marocain qui nie au peuple sahraoui tout droit à l'autodétermination. «Aucun règlement de l'affaire du Sahara n'est possible en dehors de la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara, et en dehors de l'Initiative d'autonomie...», avait déclaré Mohammed VI lors de son discours prononcé le 6 novembre 2017 à l'occasion de la célébration du 42ème anniversaire de l'annexion du Sahara occidental. Mohamed VI a posé ses conditions qui résonnent comme un défi lancé à la face de la légalité internationale. Du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres et de son envoyé spécial, Horst Köhler, qui a signé sa première visite dans la région au mois d'octobre de l'année dernière. Une fuite en avant pour ignorer toutes les résolutions votées par le Conseil de sécurité, qui garantissent au peuple sahraoui le droit à l'autodétermination. Une bravade à l'adresse de l'Union africaine à laquelle il vient d'adhérer après avoir ratifié son acte constitutif qui impose, pourtant, à ses membres le respect des frontières héritées de la colonisation. Le Front Polisario, qui s'est montré disponible pour reprendre les négociations, a d'ailleurs interpellé le Maroc à ce propos. Dans une déclaration publiée le 19 novembre 2017, le chef de la diplomatie sahraouie Mohamed Salem Ould Salek, a appelé le royaume à respecter ses frontières internationalement reconnues et traiter avec la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) et les pays voisins dans le cadre du respect mutuel et de la communauté de destin, insistant sur la nécessité pour l'occupation marocaine d'aller rapidement vers cette démarche. Le pouvoir marocain est, comme il était attendu, resté sourd à cet appel. Cela donne un aperçu de la complexité de la mission qui attend l'envoyé spécial de l'Organisation des Nations unies qui espère relancer les négociations entre Marocains et Sahraouis, dans l'impasse depuis plus de cinq années. La récente attitude du Maroc vis-à-vis de Horst Köhler en est un avant-goût.