Lors du point de presse animé par les délégués de la Cadc, jeudi dernier, les conférenciers ont commencé par dénoncer «les dialoguistes de laboratoire», appelés encore «les usurpateurs», allusion aux délégués dits «citoyens libres» qui négocient avec le Chef du gouvernement. Et les délégués de remercier «la population qui a démontré, par sa mobilisation, que la thèse de l'essoufflement du mouvement est fausse». Pour eux, «la seule solution réside dans la réponse publique et officielle à la plate-forme d'El-Kseur, explicitée à Larbaâ Nath-Irathen...» Un des conférenciers reviendra assez longuement sur la marche de jeudi, en l'assimilant à «celles du 20 août et du 21 mai.» Et un autre de renchérir: «La marche d'aujourd'hui (jeudi, ndlr), est une réponse cinglante au pouvoir.» Le délégué de Mekla intervient pour affirmer: «Nous pouvons dire, avec une certaine satisfaction, que la marche a été historique ; les seuls incidents enregistrés durant la manifestation ont été l'oeuvre du pouvoir.» Pour lui, «ce sont les policiers qui, en interpellant les jeunes manifestants, ont déclenché les émeutes.» En réponse à une question relative aux futures actions que compte mener la Cadc, un conférencier explique: «Nous demeurons sur la voie pacifique et ce, quelle que soit la durée de la fronde. Les actions futures seront discutées à Ath-Zmenzar.» Les délégués ont insisté sur «la réussite des actions du jour: marche et grève». A propos de la mise en quarantaine décidée à l'encontre des délégués dits «taiwan», un conférencier précisera que cette action est, en fait, une protection. «Cette action décidée au conclave de Béjaïa permet, affirme ce délégué, d'assurer la sécurité de ces personnes.» Abordant une autre question relative à la police, le délégué souligne qu'«aussi bien la police que la justice ne sont que les exécutants de décisions émanant de haut.» Et de préciser: «La décision de mise en quarantaine de la police est une décision lourde de conséquences qui demande réflexion.» Vers 17 h, le même jour, s'est ouvert le conclave de la Cadc ayant réuni une quarantaine de coordinations. Dès l'ouverture des travaux, c'est la délégation de Bouzeguène, forte de 25 personnes, qui a lu une déclaration de sa coordination qui revient longuement sur l'exclusion de certains délégués, dont deux de leur coordination. La délégation de Bouzeguène considère que «la fracture très grave assénée au mouvement citoyen est une résultante de l'arbitraire.» Devant cette lourde accusation, des délégués ont réagi pour expliquer: «La Cadc n'est nullement contre la coordination de Bouzeguène, mais s'élève contre la déclaration diffamant la Cadc et signée, notamment par deux délégués de Bouzeguène». Un autre de poursuivre: «La décision d'exclusion est irrévocable. Ces délégués ont été exclus par rapport à la déclaration qui est une atteinte au code d'honneur. Par elle, ces délégués ont oeuvré pour la fissuration du mouvement». D'autres ont suggéré «la création d'une commission ad hoc pour prendre en charge le problème». Le conclave baignait dans une atmosphère pour le moins électrique. Au petit matin, la délégation de Bouzeguène s'est retirée pour en référer à sa base. La présence de Khaled Guermah, le père du lycéen assassiné dans les locaux de la brigade de gendarmerie de Béni-Douala, qui a longuement appelé à l'union et l'intervention de 2 blessés d'Ath-Zmenzer ont quelque peu ramené le calme. Le conclave a ensuite passé en revue les actions du 6 décembre: sit-in devant les brigades de gendarmerie et ce, en dénonciation de l'ouverture du dialogue Chef du gouvernement-délégués dits citoyens libres. Selon les uns, l'action a été une réussite, alors que pour d'autres, telle la coordination de Tigzirt, «l'action s'est passée sans incidents». Le point portant sur les perspectives devait être abordé après que la proposition du non-acquittement de l'impôt a été rejetée par presque toutes les délégations hormis 2 à 3 coordinations, qui se sont exprimées favorablement. Ainsi donc, outre les actions prévues pour le 12 janvier, coïncidant avec Ennayer, la saisie des instances internationales est revenue sur le tapis. A l'heure où nous mettons sous presse, les travaux du 17e conclave ne se sont pas achevés, risquant ainsi de durer jusque tard dans la nuit.