C'est du moins l'impression dégagée par la conférence de Munich (Allemagne) sur la sécurité, axée notamment sur la menace nucléaire. Ainsi, le danger du nucléaire a été encore une fois, le thème nodal de la conférence sur la sécurité, organisée annuellement par la cité bavaroise. Il est patent que le nucléaire - de fait l'arme atomique - constitue l'une des menaces existentielles sur notre monde. Mais de là à assurer que ce danger mortifère serait du seul fait de la Corée du Nord, voilà une allégation quelque peu péremptoire. C'est cependant le pas franchi par le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres - certainement mieux informé et mieux au fait de la réalité des menaces nucléaires qui pèsent sur la planète - qui n'hésita pas à pointer du doigt ce pays. Surtout lorsqu'il assure qu'il était «essentiel» de maintenir des «pressions significatives» sur la Corée du Nord pour créer une «opportunité d'engagement» diplomatique sur la «dénucléarisation» pacifique de la péninsule coréenne. Antonio Guterres ne fait là que reprendre à son compte l'antienne occidentale (Etats-Unis, Royaume-Uni et France) selon laquelle le seul danger qui menacerait le monde serait le «nucléaire nord-coréen». Pourtant, ce sont des gens sérieux - qui sont au fait de la réalité des choses, décident et peuvent décider du sort de la planète - ces personnes qui plastronnaient à la conférence de Munich sur la sécurité. Aussi, faire croire que le danger nucléaire est du seul fait de la Corée du Nord, c'est du n'importe quoi. D'autant plus que, précédant l'ouverture de la conférence, le Conseil de sécurité avait publié vendredi un communiqué sur son site dans lequel il affirmait: «Pour la première fois depuis la fin de la Guerre froide, le monde est confronté à la menace des armes nucléaires et des missiles à longue portée posée par la Corée du Nord» (...) «un développement fait en totale contradiction avec la volonté de la communauté internationale [qui se réduit aux détenteurs patentés de l'arme atomique que sont les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France et Israël, Ndlr] et en violation flagrante de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité.» La crainte du secrétaire général de l'ONU et du Conseil de sécurité, aurait été admise et opportune, si les dangers induits par le nucléaire israélien - Israël est le seul Etat que l'ONU (Aiea) ne peut pas contrôler malgré son arsenal nucléaire non-déclaré - et des Etats-Unis - avec leur tentative de réduction de la bombe atomique - y ont été intégrés. Non, le seul danger, c'est la Corée du Nord. Tout cela n'est pas raisonnable! Comment peut-on persuader Pyongyang d'entamer sa dénucléarisation, quand les Etats-Unis menacent ce pays des feux de l'atome? Et le chef de la diplomatie états-unienne, Rex Tillerson, en rajoute un brin, assurant être à l'«écoute» de Pyongyang, indiquant : «(...) Je ne renvoie pas beaucoup de messages parce que nous n'avons rien à leur dire jusqu'ici.» S'adressant aux Nord-Coréens il leur dit: «Donc j'attends que vous me disiez que vous être prêts à discuter.» Par discuter, il entend par là que la Corée du Nord se dise prête à abandonner sa dissuasion. Ce qui est peu politique et n'a nulle chance d'arriver, dès lors que Pyongyang estime que la détention de l'arme atomique est capitale pour garantir son existence. En effet, pourquoi désarmer quand ses ennemis potentiels - les Etats-Unis - ne cessent eux d'améliorer leur puissance de frappe nucléaire? La menace nord-coréenne n'est en fait qu'une imputation utile, qui couvre la vraie menace nucléaire qui est celle des Etats-Unis, le seul pays qui a utilisé l'arme atomique, se disant prêts à récidiver contre la Corée du Nord. C'est aussi le seul pays interventionniste aux quatre coins de la planète. De fait, dans un opuscule - qui ne dit pas tout - rendu public le 2 février dernier par le Pentagone, celui-ci fait état de la nouvelle «posture nucléaire» des Etats-Unis, qui complète leur stratégie de défense nationale. De fait, ce qui a été rendu public par ce document - une quinzaine de pages sur 54 indique-t-on - fait déjà craindre le pire, notamment par l'utilisation de bombes nucléaires miniatures. Or, à Munich, lors de la «Conférence sur la sécurité», ce n'est pas de la menace états-unienne, effrayante à tout point de vue, que les «experts» ont débattu, mais de la menace utopique d'un pays aux abois, isolé, mis au ban de l'humanité, autant dire incité à faire le premier pas vers ce qui serait une guerre nucléaire dévastatrice pour notre planète. Ni Guterres ni les représentants des grandes puissances présents dans la cité bavaroise, n'ont traité de cette vraie menace états-unienne et israélienne (ni les arsenaux nucléaires états-uniens ni ceux israéliens ne sont contrôlables ni contrôlés) pour la sécurité du monde, en focalisant les lumières sur une Corée du Nord qui n'en peut, mais... Et c'est l'ONU garante de la paix (?) qui donne le «la»!!!