Elle doit demeurer une force de proposition pour amener le pouvoir en place à ouvrir un dialogue inclusif pour une sortie de crise. Le président de Talaie El-Houriyet, Ali Benflis, a dressé un constat alarmant de la situation générale du pays., lors de sa conférence de presse tenue au siège du parti à Alger. Il a affirmé hier que «l' Algérie n'est pas gouvernée et s'isole du monde». «Jamais notre pays ne s'est trouvé dans une situation aussi délicate, porteuse d'un aussi grand risque de rupture de la paix civile, de la stabilité et de la Sécurité nationale, comme aujourd'hui!», a-t-il insisté.«La situation est préoccupante. Le risque de dérapage est réel. Et là, la responsabilité entière du pouvoir est engagée», a-t-il prévenu. «D'abord pour l'attitude qui consiste à continuer à ignorer tous les appels et les initiatives des partis de l'opposition pour l'ouverture d'un dialogue responsable en vue d'une démarche de sortie de crise. Ensuite, pour avoir fermé la voie du dialogue pour le règlement des conflits sociaux. Enfin, pour avoir neutralisé toutes les ressources et les mécanismes de la médiation sociale», a-t-il soutenu. «L'impasse est totale! Les cercles du pouvoir s'entre-déchirent pour se positionner en vue de l'échéance présidentielle par médias et clientèles interposés. Les lobbies n'ont jamais été aussi actifs pour influencer la décision gouvernementale». «Le gouvernement improvise et se ravise. Les plus grands problèmes du pays sont laissés en jachère. Le pouvoir gagne du temps sur la trajectoire qui mène à 2019», a-t-il ajouté sur sa lancée. «La situation économique est désastreuse. Tous les indicateurs sont au rouge. Les réserves de changes fondent. L'hyperinflation se profile à l'horizon. Les prix des produits et des services flambent. La monnaie nationale a été dévaluée à une allure vertigineuse. Le pouvoir d'achat s'érode à un rythme effréné. Le chômage est en hausse. Et le pire est à venir», a-t-il appuyé. A propos de l'appel à l'élection d'une Assemblée nationale constituante lancé par la secrétaire générale du PT, il a indiqué que «Mme Hanoune, qui n'a jamais dit «on efface tout et on recommence», a le droit de proposer son initiative de sortie de crise». «Je respecte et salue cette initiative que je considère comme une participation à l'effort de dégager une solution à la crise de notre pays», a-t-il estimé. S'agissant de la Constitution, il réitère son appel: «Il faut aller aux élections transparentes et propres sous la contrôle et la gestion d'une instance effectivement indépendante, créée et composée de ceux qui participent à la compétition politique», a-t-il ajouté. Evoquant l'alternative du parti, il renouvelle son appel à «l'ouverture d'un dialogue entre l'opposition et le pouvoir, lequel devrait aboutir à l'organisation d'élections transparentes, l'installation d'un gouvernement d'union nationale, l'élaboration d'une Constitution consensuelle et la charte des engagements démocratiques pour ne pas refaire l'erreur de la transition inachevée de 1990. L'armée, de son côté doit accompagner ce processus». Interrogé sur la supposée intrusion du vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah dans la sphère politique, il a répondu qu' il n'a «jamais entendu le chef d'état-major faire des déclarations politiques lors de ses interventions publiques. En revanche, il a évoqué la situation sécuritaire du pays». En réponse à une question sur l'échéance de 2019, il indiquera: «L'élection présidentielle n'est pas une priorité pour Talaie El-Houriyet car il faut d'abord régler la crise politique, sociale et économique...». S'agissant de l'interdiction des marches à Alger, l'ancien chef du gouvernement (août 2000- juin 2003) explique qu' «il assume sa responsabilité d'avoir d'abord autorisé cette marche malgré l'existence des réserves des services de sécurité, de la loi relative à l'état d'urgence et le fait qu' il n' y avait pas eu d'autres marches auparavant». Il déclare aussi assumer sa responsabilité d'avoir pris cette mesure d'interdiction provisoire et limitée dans le temps, le temps que la situation se stabilise». Cependant, il se demande «pourquoi elle est maintenue jusqu'à aujourd'hui 2018, et aucun des gouvernements qui ont suivi ne l'a levée», a-t-il insisté. Plutôt que de répondre aux revendications des syndicats par le dialogue responsable et la concertation, le pouvoir en place a opté pour une démarche répressive. Il a soutenu que «l'opposition ne doit pas baisser les bras. Elle doit demeurer une force de proposition pour amener le pouvoir en place à ouvrir un dialogue inclusif pour une sortie de crise. Mais pour peser de tout son poids, elle doit laisser de côté ses divergences secondaires et se regrouper autour d'une démarche collective dont la première finalité est de sortir notre pays de la crise dans laquelle il s'enfonce chaque jour davantage».