Il y une semaine, des jeunes de Hammam Melouane provoquent un attroupement devant la station thermale. Jusqu'à il y a une semaine, parler de la station thermale de Hammam Melouane c'était dire la beauté à nulle autre pareille de l'un des plus beaux sites de Blida. Situé en contrebas de la Mitidja, Hammam Melouane est un pôle d'attraction touristique générateur à la fois d'argent, d'emploi, de bien-être familial et de convivialité. Cependant, ce n'est pas l'air frais et l'eau glacée des montagnes qui coule en plein mois d'août qui nous attirent cette fois-ci, mais un problème socio-sécuritaire, comme seuls les Algériens savent en créer. Au centre de ces turbulences se trouve la station thermale de Hammam Melouane. A la tête de la station se trouve le directeur, Mohamed Fellahi. A une quinzaine de kilomètres de là, se trouve la ville de Larbaâ, et le capitaine de groupement de la gendarmerie territoriale de Larbaâ s'appelle L.M.A première vue, rien ne lie le premier au second, mais puisque la gendarmerie de Larbaâ a aussi la charge de gérer Bougara, Meftah et Hammam Melouane, le lien est vite établi. Gardez bien ceci en tête... Il y a une semaine, des jeunes de Hammam Melouane provoquent un attroupement devant la station thermale. Ils exigent le départ du directeur qu'ils accusent de régionalisme et de les avoir marginalisés (en fait, et sur la base d'un document nominatif du service du personnel, et sur les 54 employés de la station, il y a seulement dix à être de la même grande wilaya que le directeur, laquelle wilaya se trouve être spécialisée dans l'hôtellerie, Ndlr). Quelques jours auparavant, et selon des documents judiciaires, trois frères sont entrés par effraction dans la station, ont menacé le directeur en brandissant des battes puis, avant de sortir, ont saccagé et cassé tout ce qui se trouvait dans le hall de l'hôtel. Quelques jours après, un jeune - en fait, un des trois frères - est encore venu jusqu'à l'hôtel menacer le directeur de la station, lequel est allé s'abriter dans la brigade de gendarmerie en face de l'hôtel. L'affaire prend forme et commence à dégager... du soufre. Lors de notre enquête, hier, le directeur n'a pas tari d'éloges à propos de la gendarmerie locale, mais a pointé un doigt accusateur sur le capitaine du groupement de Larbaâ, accusé d'avoir commis un «délit d'initié» et d'être «le tireur de ficelles dans toute cette affaire». En fait, «c'est lui l'instigateur de toute cette mascarade, et tout a commencé le jour où j'ai mis fin à ses abus d'autorité et exigé qu'il paye cash les frais d'hébergement et de restauration de ses amis, entrepreneurs et affairistes, qu'il m'envoyait à tout bout de champ. Depuis, j'ai constaté un fléchissement dans nos rapports professionnels avec la gendarmerie et le commencement d'un cycle de tensions et de turbulences». A l'APC de Hammam Melouane, c'est le temps des vacances. Et de la sérénité. Un élu communal nous livre son avis: «En 1999, la station thermale de Hammam Melouane était une maison abandonnée qui faisait face à deux ou trois magasins qui vivotaient. Personne n'osait s'aventurer dans cet ancien fief du GIA. Aujourd'hui, c'est un autre univers. Le tourisme enregistre un pic de réussite sans pareil, les émigrés viennent de France pour y séjourner, les familles de toutes les wilayas d'Algérie, et non pas uniquement de Blida, viennent y trouver fraîcheur et convivialité, en plus des vertus thérapeutiques et médicales des thermes. Le directeur de l'hôtel a beaucoup fait pour arriver à cela, et sur ce point, concret et vérifiable, personne ne va me contredire.» La prise d'attache avec le groupement de Larbaâ n'a pas été fructueuse, et un brigadier en poste nous a signifié qu'il fallait prendre attache avec le commandement régional de Blida. Finalement, c'est le commandement de la Gendarmerie nationale, à Chéraga, par le biais de son directeur de l'information, le colonel Abderrahmane Ayoub, qui apporte les précisions les plus concrètes: «Nous avons déjà demandé au commandement régional d'ouvrir une enquête, et s'il y a abus de la part du chef du groupement de Larbaâ, on le saura. Cela dit, ramenons les choses à leur juste proportion et laissons les vérités remonter à la surface.» Avant de quitter la ville, on pouvait voir une pétition circuler, en soutien au directeur de la station. Loin des «bruits», les citoyens prenaient leur bain à même l'oued qui traverse la ville. L'eau était glacée et la température indiquait 44°.