La nécessité de rendre obligatoire le vaccin contre la rougeole et la rubéole est la seule solution, s'accordent à dire les médecins. La rougeole a fait, hier, sa cinquième victime depuis le début de l'année en cours. Il s'agit d'une femme enceinte âgée de 33 ans et originaire de la wilaya d'El Oued. La victime, qui présentait des complications, fièvre aiguë et difficultés de respiration, depuis quelques jours, a rendu l'âme au niveau de l'hôpital de la ville d'El Oued dans lequel elle a été admise. L'enregistrement de ce nouveau cas coïncide par ailleurs, avec un sérieux débat sur la nécessité ou pas de se faire vacciner contre cette maladie en Algérie. Alors que les médecins exhortent les parents à faire vacciner leurs enfants âgés entre 6 et 14 ans, des voix profanes appellent à son boycott. Soutenu par des médias tout aussi profanes, le second courant semble remporter le pari! En effet, en répondant récemment aux questions de l'APS au sujet de la campagne de vaccination contre la rougeole et la rubéole, Djamel Fourar, directeur de la prévention et de la promotion de la santé auprès du ministère de la Santé a déclaré que les campagnes des années 2017 et 2018 ont été un échec. «Le ministère n'a touché que 40% des élèves ciblés», a-t-il signifié, en déplorant la réticence des parents d'élèves. L'échec de ces campagnes est pour le docteur Fourar alarmant. «Et ce dans le sens où cela pourrait entraîner la résurgence de ces deux virus mortels pour les enfants et les adultes», a-t-il ajouté. Pis encore le non-vaccin contre ces deux maladies peut même se transmettre à la progéniture. C'est le cas surtout de la maladie de la rubéole qui en cas de non- vaccin, provoque l'infécondité chez la fille. La mortalité et la transmission de ces maladies à la progéniture ont poussé certains pays à l'image de la France de rendre obligatoire ce vaccin. Il faut dire que l'Etat algérien, et ce, conformément aux recommandations de l'OMS, s'approvisionne chaque année en ces vaccins. Le professeur Bekkat Berkani, président de l'Ordre national des médecins, a indiqué récemment à l'occasion de son passage au forum d'El Moudjahid que des quantités énormes en ces vaccins sont incinérées faute de leur usage chaque année. Pour le professeur Bekkat, laisser un vaccin à l'appréciation des parents est la pire des choses qui puisse arriver dans un système sanitaire. «Au-delà des pertes financières induites par cette incinération des médicaments, le médecin et le ministère de la Santé de manière globale perdent de la crédibilité», explique-t-il, en plaidant pour rendre le vaccin contre la rougeole et la rubéole obligatoire. Dans ce sens, il est à rappeler que le ministère de la Santé assume une certaine responsabilité quant au refus des parents pour le vaccin contre la rougeole et la rubéole. Ce dernier a commis en 2017 deux grosses erreurs. La première, souligne le professeur Bekkat, est le fait que ce dernier n'a pas fait une campagne de sensibilisation à l'endroit des parents. L'absence de cette dernière a laissé le champ libre aux propagandistes de semer la peur et l'intox. La seconde est que le ministère n'avait pas à déplacer les centres de vaccin aux établissements scolaires. «le lieu naturel du vaccin est l'établissement sanitaire», a-t-il plaidé. Il est à rappeler que le respect de l'Algérie pour les autres programmes de vaccin recommandés par l'OMS à l'adresse des enfants, a fait que l'Algérie n'enregistre plus certaines maladies. L'OMS ne cesse d'ailleurs de féliciter l'Algérie pour ces résultats.